Salbris : 30 millions d’euros au soleil


On ne sait pas qui joue le rôle du Mexicain, ni celui de Rocco, encore moins celui du Plouc. Dans cette version moderne et solognote du film d’Henri Verneuil, une certitude, le chargement du Berliet sera remplacé par le groupe A de Giat Industries. À la clef, le bradage des 120 hectares du site à la société Photosol, pour en faire un parc photovoltaïque.
Dans le mode gaspi, il va être très compliqué de trouver mieux sur le territoire loir-et-chérien. À moins que l’on ne nous ait pas tout dit, la cession des terrains du Giat ne sera pas une bonne affaire pour les Solognots.… L’entreprise Photosol achèterait le terrain pour 5 millions d’euros, soit 1/6e des dépenses engagées. Elle pourrait proposer, comme d’autres investisseurs le font régulièrement dans le domaine du solaire, à des particuliers d’investir pour l’installation des panneaux. La production serait celle nécessaire pour la consommation d’une ville de 38 000 habitants, selon les calculs de Total énergies. Deux ronds-points tout neufs, un pont qui l’est tout autant, une route à l’asphalte pas vraiment usée, pour une ferme photovoltaïque de plus de 120 hectares et 64 mégawatt annoncés, ça peut paraître faire cher du kilowatt produit. Pas tant que ça ! Quand c’est le contribuable qui paye, ce n’est pas comme si un capitaine d’industrie engageait ses propres capitaux. L’estimation des travaux réalisés, les infrastructures citées plus haut, auxquelles il faut ajouter la dépollution du site par exemple, approche les 30 millions d’€. On ne sait pas si c’est TVA incluse ou pas. Une chose est certaine, avec cet argent public, on pouvait financer un peu plus de 100 emplois salariés à 1 500€ brut pendant 10 ans. Même en comptabilisant la part patronale des cotisations sociales, ça passe…
On aurait aussi pu s’éviter d’encombrer les tribunaux avec des procédures diverses et variées. Les propriétaires alentours auraient pu être tranquilles plus tôt. Enfin, sous couvert d’écologie qui ne leur coûte rien, ils profiteront de la nature environnante. Soixante-dix ans d’industries militaires, ça faisait long à supporter ! Ce coin de Sologne va définitivement renouer avec ce qui a fait son histoire : des forêts à gibier, des petits gardes, des soubrettes, et des cuisinières pour repas de chasse. Un retour à la fin du XIXe siècle, celui de la béatitude solognote. L’exposition sur Louis-Napoléon Bonaparte à la galerie Maurice-Genevoix de l’Office de Tourisme de Salbris, cet été, était bel et bien un signe. Pour marquer le bicentenaire de la mort de Napoléon 1er, il fallait oser.
Cette vente complète celle annoncée en 2017, et signée fin de 2020, de 16,5 hectares à la société Baytree pour la création d’un « petit » parc logistique et un premier bâtiment de 60 000 m². L’achat était accompagné de perspectives de développements complémentaires sur le site. Une petite surface serait encore disponible pour cela. Désormais la marge de manœuvre est nettement moins importante. Dans le sillon de cette vente qui ne comblera pas le déficit, il faut comprendre que les possibilités de ré-industrialisation seront réduites d’autant de mètres carrés vendus. Il reste bien une possibilité, celle d’une ré-industrialisation des terres de l’ex-ETAMAT par exemple. Il n’est pas certain que le Conseil Départemental lâcherait des capitaux supplémentaires pour réaliser les travaux nécessaires.

F. S.