Un bel âge de raison…


CULTURE La septième édition des Rencontres Musicales de Chaon s’est tenue du 29 au 1er juin, devant un public venu nombreux malgré la canicule.

F.M.

Le festival a débuté par un concert à l’église où l’orchestre philarmonique d’Etat d’Amad (Roumanie) en résidence à Vendôme pendant trois semaines en juillet et dirigé par le chef d’origine française Amaury du Closel a interprété des œuvres de Fauré, Haydn et Mozart.

Le samedi après midi, les élèves des écoles de musique de Cœur de Sologne et de Salbris se sont produits avec les solistes présents, avant de laisser la place au jazz avec le trio tourangeau 51 Shots. Le soir, Mozart a enchanté les spectateurs avec l’ouverture de Don Giovanni, les concertos pour piano n° 26 et 10 où dans ce dernier l’orchestre philarmonique d’Etat d’Amad, et Sandra Wrigh-Shen ont été rejoints par Patrick Morin : deux pianistes très complices, notamment lors de la « cadence surprise » à la fin du concerto où Mozart s’alliait avec le jazz…

Moments magiques

« J’ai passé une semaine magique où je me suis fait de nouveaux amis, reconnaît Sandra Wrigh-Shen qui a posé ses valises à Chaon, une semaine avant le concert afin de répéter avec le maire-pianiste, Patrick Morin. J’ai beaucoup aimé jouer avec Patrick car c’est un esprit libre. Quand il joue, il pense à la structure de la musique. Il m’a aussi fait découvrir comment jouer du jazz et permis d’approfondir ma technique concernant l’interprétation des compositeurs français, comme Gabriel Fauré ». Le plaisir d’interpréter Mozart était aussi partagé par Patrick Morin : « Ce fut une expérience irremplaçable de jouer avec un grand chef et une soliste internationale et plus qu’exceptionnel que Sandra me demande l’an passé de jouer avec elle. Je la remercie pour ces moments très riches et de m’avoir appris à interpréter Mozart. Comme je suis aussi compositeur, elle m’a demandé de composer un concerto pour deux pianos que nous jouerons ensemble. »

Le concert du samedi soir fut aussi un moment très fort pour le chef Amaury du Closel : « Sandra est une vraie mozartienne, elle a une façon de jouer qui est celle des plus grands pianistes. Aujourd’hui, c’est très rare de voir des pianistes qui sont aussi proches du style et du toucher qu’impose l’interprétation des œuvres de Mozart. », précise-t-il avant d’ajouter : « Je trouve l’idée des Rencontres musicales totalement géniale car il s’agit d’un vrai engagement de politique publique. Si tous les maires étaient comme Patrick Morin, cela développerait le goût de la musique classique. C’est important de développer cette culture particulièrement auprès des jeunes. Je suis d’autant plus admiratif car organiser des événements culturels dans le monde rural n’est pas simple à faire et long à mettre en place. »

De la Mongolie à la Sologne

Dimanche 1er juillet, après le traditionnel déjeuner musical, le concert de clôture a permis au public très nombreux de voyager dans les steppes mongoles et en Chine avec Violins of the World, groupe composé d’Aliocha Regnard, joueur de vièle scandinave, Mathias Duplessy, guitariste, Enkhjarjal, à la morin khuur, vièle mongole et Guo Gan, joueur d’erhu (violon traditionnel chinois). Puis Jean François Zygel a mis la Sologne en musique, en évoquant au piano la forêt, les étangs, les oiseaux, les châteaux… et la tarte Tatin, avant de conclure le festival par un final endiablé avec Violins of the World : « Nous aimons bien improviser car c’est la base de l’apprentissage musical. Le fait que Jean-François Zygel soit aussi un pianiste de jazz nous a permis de danser sur le même pont » précise Mathias Duplessy, le guitariste du groupe.

« J’aime beaucoup la Sologne car il y a quelque chose qui reste très vrai, ancien, hors du temps, observe Jean-François Zygel. Les modes passent et la Sologne demeure. Cette région est très variée car en dix kilomètres, on a l’impression de passer d’un pays à l’autre. Comme il y a toujours de la musique dans ma tête, les paysages que je vois se transforment en mélodies. Comme je fais ce que me dicte mon improvisation sur le moment, j’invente de la musique rien que pour le public qui assiste au concert, ce qui me plait car la musique est une plaque sensible du moment présent. »

Pour Patrick Morin, maire de la commune hôte des Rencontres musicales, organisateur et interprète, le bilan de l’édition 2018 « est plus que positif. Le public a répondu présent et il ya eu une bonne cohésion avec les bénévoles pour l’organisation. Jouer avec Sandra et Amaury fut plus qu’exceptionnel et je pense que nous allons continuer à faire des choses ensemble. »