Anges, démons, vipères et anguilles

Ce n’est pas l’extrait d’une fragrance haute couture, ni une séance de vampires Ruffin et Lupin sur Netflix. Rien à voir non plus avec un onirique vœu de début d’an covidé ou un classement de salariés du type des catégories estampillées du sceau du groupe tourangeau Hervé. Ici bas, sont désignés des animaux d’un autre acabit politisé qui, confessons-le, si vous me suivez dans ces colonnes, sont devenus ma marotte. Il vous faudra pour comprendre ce qui suit, lire entre les lignes, couchées sur ce papier, d’un jeu du renard et de la gazelle (avec un couvre-feu à 18h, en espérant éviter un nouveau durcissement de règles sanitaires, autant vous occuper!). À défaut de théâtres et de liesses autorisés, de facto, un peu de divertissement lettré, osons : voici déclamé ci-après un spectacle que les habitants du Loir-et-Cher se tenant au courant depuis septembre 2020 dans la presse des péripéties sournoises et corrosives de gens aux responsabilités, teintées occasionnellement d’enregistrements détonnants, ne peuvent que connaître. Cette pièce débute la nuit, tous les chats sont gris. La journée, le rideau levé, tous les coups de griffes sont alors permis. Chiens de faïence ou vieux loups de mer ? En tout état de cause, dans leurs nids, ces bêtes-là séduisent et irritent à la fois. Show, chaud.

Loin du pays de Donald et Mickey, l’ami PlutoJoe et Minnielady Gaga, un festival perdure bien plus proche du fleuve Loire que du Potomac, et pour autant, nous ne sommes pas non plus sis en PACA, à Cannes ! Vraiment, en Loir-et-Cher, impossible de peigner la girafe, car dans la savane d’actualités du 41, difficile de s’ennuyer. Cette espèce visée, à trouver, peut être définie par analogie au moustique (merci Érik Orsenna et sa géopolitique livresque des insectes!), dont le succès de vie se décrit selon l’équation suivante :« petitesse, manger de tout, habiter partout, se reproduire frénétiquement, se plaire en société , diversité = génie de l’adaptation ». Ajoutez-y l’indice du phrasé également avisé du poète Chamfort : « si les singes avaient le talent des perroquets, on en ferait volontiers des ministres. » Ça y est, vous identifiez les acteurs conviés ? Au besoin, relisez. Il s’agit dans le présent billet de se focaliser sur un genre, souvent masculin, qui récurremment dans notre département, se castagne constamment, souvent en mode monomaniaque, créant des nœuds et faisant bourdonner nos écoutilles. D’autant plus dans un moment où la crise du coronavirus qui s’éternise, en mode copier coller de 2020 vers 2021, exacerbe les postures et éteint l’habituel consensuel dans les murs de conseils dédiés, puisque tout semble de toutes les manières déjà gâché. Dans l’obscurité, tous les chats sont grisés, mais dans la lumière, persistent les grenouilles qui veulent devenir aussi grosses que le bœuf, les parades de paons, les caresses pour transformer les tigres en chatons, les promesses de pies bavardant dans le vent ! Le serpent, pendant ce temps, susurre que « la connerie en politique et au-delà est sans doute la chose au monde la mieux partagée » (Jean-Vincent Holeindre, professeur de science politique à l’Université Panthéon-Assas, Paris II, et des souvenirs d’étudiante qui ont ressurgi grâce à un récent livre de psychologie de connerie politique à recommander).

Sur ces entrechats, il fut justement seriné, donc en septembre 2020, un mois d’un froid de canard, par un requin palmé un quota d’« au moins 80% de cons » constaté par un président princier des Perruches O’d’Ajaccio (ou de Lumio, dans la langue de Blois). À savoir qui s’inclut où, dans un tel océan de crabes à la sauce Rastignac où l’Angélique peut s’avérer démoniaque … Au sein de ce grand orchestre animal, entre le chat de Prusse et la souris de Russie, Jacquot le croquant, le marquis de Pelneuntier, le conte de La Motte Vioulac, les cris d’orfraies Isa-Tina et le notable Alexander de Châteausalebrise, le feuilleton ne cesse jamais et le fabuleux destin tombera peut-être en 2021 sur un agneau madré à la laine bouclée à en tricoter d’ambitions un député. Ce dernier aura contre toute attente bêlé le premier dans son pré carré du Baudu, au centre du champ bléso-blaisois. Les béliers des flots au gris cours et autres ovins-orains, à gauche, mais aussi d’aucuns situés plus à droite avec Ben, et aux extrémités avec Michel, de l’olivier Corse corsé, hypothétiquement tous estimés dans les coups de “c…” selon les supputations des ragots et millions de procureurs, tardaient à attaquer, alors bon. En amont de la boîte de Pandore qui aura délié toutes les vipères, des propos datés d’une ponte en ligne du 20 février 2019 dans un autre canard, pas du tout enchaîné mais petit, costaud et solognot, aurait pu pourtant jeter la puce d’agglomération à l’oreille du département; replay agnelin : “Je n’ai pas une ambition démesurée qui me pousserait à dégommer. Si je le suis, c’est que l’homme et le projet auront changé. Ça peut arriver… ».

En effet, qui sait dans l’arène politisée, qu’elle soit municipale, régionale ou départementale, quand les fauves sont lâchés et que la diatribe coule en filets, ce n’est à chaque fois qu’un début sans fin où l’anguille peut propicement craquer pour le coq; un éternel recommencement où l’ange peut opportunément s’accoupler avec le démon. Vous décryptez les participants de ce bestiaire aux crins et duvets malicieux ? En 2021, ma plume deviendrait-elle oie blanche ? Quand les poules auront des dents. Si mon ramage se rapporte à mon plumage, personne n’a à apprendre à une journaliste drôle de zèbre à écrire des grimaces politiquement correctes dans une si piteuse jungle, laquelle à défaut de sorties culturelles déconfinées, au demeurant, il faut le concéder, nous divertit grandement ! Sous votre kyrielle d’applaudissements de museaux et de sabots, vivement les nouveaux actes de cette comédie humaine autour d’un fauteuil définitivement fort prisé dans l’amphithéâtre … du Conseil départemental.

Émilie Rencien