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Augustine Tuillerie, de Michèle Dassas – Par Marieke Aucante

Il arrive qu’un livre reste longtemps sur votre bureau et un jour vient où vous l’ouvrez. C’est ce qui s’est passé avec cette biographie. Vous vous mettez alors à regretter de ne pas l’avoir ouvert plus tôt, car c’est un livre qui fait du bien.

Le Tour de France par deux enfants, sous- titré « devoir et patrie », figurait déjà dans la bibliothèque de vos parents et de vos grands parents. Paru en 1877 et signé G. Bruno. Or c’était le fruit du travail d’une femme, Augustine Tuillerie et quelle femme ! Sa vie n’est pas ordinaire. Michèle Dassas écrit ses joies et ses peines, à la façon d’un conte d’autrefois.
Son récit bienveillant montre une grande tendresse envers son personnage dont elle a retrouvé les lettres. L’auteure est-elle comme Augustine, pleine d’empathie avec les autres et prenant les évènements de sa vie, drames et plaisirs avec courage et philosophie ?
Quoiqu’il en soit, cette vie bouillonnante d’idées entre les amis et la famille, les soirées pleines de conversations vraies ,sans écran, sans téléphone, impossibles à retrouver aujourd’hui, nous conduit à réaliser que les lettres retrouvées dans les greniers des maisons de famille sont un véritable trésor, une source magique qui fera l’étonnement de nos enfants. Cette époque traversée par les nouvelles réformes, comme l’accès au divorce, la lente libération de la femme est bien décrite par Michèle Dassas dans un style volontairement désuet, en adéquation avec son sujet. On comprend la profondeur des débats sur la laïcité qui ont conduit à la loi de 1905. Alfred, le mari d’Augustine défend le manuel scolaire écrit par sa femme, un best-seller qui atteint les 8 Millions d’exemplaires en 1914, au moment où il fait polémique, en ces termes :« Nos enfants ne peuvent et ne doivent ignorer ni les bases naturelles de la morale, ni les bases naturelles des religions qui se disent surnaturelles.
Il faut faire comprendre aux enfants que ceux qui ne vont pas à la messe n’en ont pas moins des raisons positives d’admettre un devoir de l’homme envers lui-même et envers ses semblables. L’athéisme lui-même doit savoir ce qu’il nie, comme le déisme ce qu’il affirme, et les deux doivent nier, affirmer ou douter pour des raisons purement rationnelles »….
Au fur et à mesure des rééditions Augustine Tuillerie adapte son texte à l’air du temps. Michèle Dassas fait revivre une époque féconde, que nous considérons avec une sincère nostalgie.

Marieke Aucante


AUGUSTINE TUILLERIE,

L’histoire extraordinaire de l’institutrice aux millions d’élèves
Michèle Dassas. Editions Ramsay 20 euros 323 pages

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