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Le Berry se met En Marche ?

Que ce soit dans le Cher ou dans l’Indre, les résultats du 1er tour des élections législatives sont à l’image de la tendance nationale. Les candidats de La République en Marche arrivent en tête dans les 5 circonscriptions berrichonnes.

Les députés socialistes éliminés dès le premier tour dans l’Indre

On attendait François Jolivet. On pressentait une grosse érosion du PS. Isabelle Bruneau a été victime de la vague Macron… et Jean-Paul Chanteguet achevé par la candidature écologiste.

Il parait que l’histoire ne se répète pas. Celle de 2002 (Jospin éliminé du second tour par l’éparpillement des voix vers Taubira et Chevènement) a pourtant la vie dure et il n’y a rien de tel qu’un ami pour mettre le dernier clou au cercueil d’un grand malade. On savait que la partie ne serait pas facile pour Jean-Paul Chanteguet. De là à voir le député sortant éliminé du premier tour par Le Front National, il y avait un pas, que Muriel Beffara pourra se vanter d’avoir franchi. Nous nous étonnions, dans la présentation de ce scrutin (Petit Berrichon du 31 mai), qu’Europe Ecologie Les Verts, partenaire du PS au conseil régional, présente une candidate. Jean-Paul Chanteguet, dans son action au parlement et dans l’orientation de sa campagne, faisait une large place à l’écologie. Muriel Beffara n’est évidemment pas responsable des 17.000 voix perdues par le député socialiste par rapport à 2012 (la circonscription a perdu 1500 inscrits et le nombre des votants à baissé de 8000) mais malgré sa médiocrité, le score d’EELV prive néanmoins le député sortant de 994 voix qui lui auraient largement permis de devancer la candidate d’extrême droite. Jean-Paul Chanteguet paye également le fait de se présenter pour la sixième fois aux suffrages des électeurs, mais aussi la disparition du vote socialiste à Châteauroux, dommage collatéral des élections municipales de 2014… où Chanteguet avait oublié qu’il était député de Châteauroux et n’avait pas usé de ce poids pour mettre la gauche en ordre de marche!

Cela ne remet pas en cause l’éclatante victoire de François Jolivet (qui aurait pu, lui aussi être handicapé par la présence d’une candidate LR) à Châteauroux en particulier où il obtient 40% des voix. Gil Avérous, maire de Châteauroux, avait mis tout son poids dans la bataille, imposé la candidature de Paulette Picard à son conseil municipal, menaçant certaines maires-adjointes de leur retirer leur délégation si elles s’affichaient aux côtés de François Jolivet. Nous ne tomberons pas dans le mélange des genres entre gestion des dossiers municipaux et scrutin national auquel a succombé Gil Avérous. Force est de constater que le maire de Châteauroux n’est pas encore un patron politique dans l’Indre et qu’il sort affaibli de ce scrutin alors que son parcours de maire de Châteauroux était positif.

Forissier résiste

Dans la deuxième circonscription Nicolas Forissier a mieux résisté, même s’il se retrouve en ballotage défavorable. Il a pris une nette revanche sur Isabelle Bruneau, mais trouve une autre femme candidate face à lui. Sophie Guérin, maire de Heugnes, portée par la vague Macron obtient un score que l’on n’imaginait pas, attaquant le deuxième tour avec 2000 voix d’avance. Cette avance elle l’obtient grâce au vote urbain, devançant Forissier de 575 voix à Issoudun (où elle précède même Isabelle Bruneau) de 450 voix au Poinçonnet, 260 à Ardentes et autant à Argenton, alors que le candidat Les Républicains ne fait le plein qu’à La Châtre. Le vote rural s’est équitablement partagé : le sud pour Forissier , le nord pour Guérin qui gomme les taches brunes de la carte électorale du premier tour de la présidentielle.

Arrivée avec la vague rose Isabelle Bruneau paye au prix fort l’échec du PS. Son positionnement très à gauche n’a pas empêché les Insoumis d’obtenir le même résultat que dans la première circonscription. Ultime désillusion elle est, elle aussi, devancée par le Front National.

Jolivet évidemment, Guérin probablement

Sans souci pour son élection au Palais Bourbon, François Jolivet va désormais tenter de faire la preuve de ses capacités de rassembleur. Très ému par l’ampleur de son score au soir du premier tour, celui qui est encore maire de Saint-Maur pour quelques semaines rappelait que la liberté était plutôt une valeur de droite, l’égalité une valeur de gauche, et que, lui, proposait la fraternité pour rassembler un territoire qui lui tient à cœur. L’enjeu de ce deuxième tour est de laisser le moins de place possible à l’extrême droite. Un score inférieur à 75% constituerait une déception. Reste à savoir quelle mobilisation on peut attendre de l’électorat Les Républicains, que Paulette Picard appelle à voter contre l’extrême droite et des électeurs socialistes qui n’ont pas encore rejoint La République en Marche. Les électeurs de la gauche de la gauche se déplaceront-ils pour faire passer leur combat contre la droite extrême avant leurs convictions partisanes ? On peut en tout cas être inquiet du taux de participation.

Le duel Forissier-Guérin sera autrement intéressant. La candidate En Marche a les meilleures chances de l’emporter. Les deux candidats ont un réservoir de 7035 voix FN et 5942 voix socialistes à capter pour modifier l’ordre d’arrivée du second tour. On peut s’attendre à une grande déperdition des voix frontistes qui se reporteront néanmoins davantage sur Nicolas Forissier. La fin de campagne a été musclée du côté d’En Marche par rapport aux socialistes sur les réseaux sociaux. Pas sûr que les proches de d’Isabelle Bruneau (qui n’a pas été ménagée par Nicolas Forissier, mais c’est le rôle de tenant du titre qui veut ça) n’incitent vigoureusement leurs électeurs à voter Sophie Guérin-Macron. Quant aux Insoumis, ils n’attendent rien de bon d’en Marche et ont le même avis sur Les Républicains. On parle souvent du renfort des abstentionnistes pour arbitrer un deuxième tour, leurs rangs risquent cette fois de s’étoffer. Il faudra beaucoup de talent à Nicolas Forissier pour trouver les 2000 voix qui lui manquent.

Pierre Belsœur

En Marche grand gagnant du premier tour dans le Cher

Dans les trois circonscriptions du Cher, la République en Marche fait la course en tête au terme du premier tour de ces élections législatives marquées par un taux d’abstention record, plus large encore que le taux national dans la 2e circonscription. Les deux députés sortants de la 2e et de la 3e circo, Nicolas Sansu (PCF) et Yann Galut (PS), ainsi que l’héritier désigné d’Yves Fromion dans la 1e, Wladimir D’Ormesson, seront en lice pour le deuxième tour face à des candidats LREM en ballottage très favorable, que ce soit pour François Cormier-Bouligeon, Nadia Essayan et Loïc Kervran. Des duels alors que d’aucuns prédisaient des triangulaires, voir des quadrangulaires. L’abstention et le nombre de candidats ont grandement éclairci la situation.

1e circonscription

François Cormier-Bouligeon largement devant

Avec un taux d’abstention conforme à la moyenne nationale, le secteur à tendance Sologne du département du Cher n’a pas failli. Nanti d’un capital de 36,29 % des votants, François Cormier-Bouligeon réalise une percée fulgurante sur la circo. L’ancien conseiller ministériel devance le Républicain Wladimir D’ormesson, candidat désigné, choyé, et adoubé par le député sortant Yves Fromion, de 16 points ( 20,68%). Pour le deuxième tour la marge de manœuvre est importante pour le représentant de la majorité présidentielle. Par contre, dans un de leurs fiefs, les LR sont en difficulté puisque les voix de la Droite classique n’ont pas été siphonnées par les candidatures de l’UDI Laurent Sorcelle (3,06%) et encore moins par celles du divers Droite Romain Guillaume ( 1,03%) qui fait même moins que l’extrême gauche de Sylvie Cerveau à 1,30 % pour Lutte Ouvrière. Même avec un report de voix intégral, la tâche s’annonce assez compliquée. Le vote Frontiste, dans une circo qui avait été marqué par une forte progression du FN lors des deux tours des élections présidentielles, peut aider mais, dans le cas de figure qui va se présenter, il n ‘est pas certain que les électeurs FN se déplacent en masse dimanche prochain. Céline Bezoui pour le parti Socialiste arrive tout de même dans une quatrième position plus qu’honorable (7%). Un résultat quasiment positif dans le contexte actuel.

2e circonscription

Les villages ont plébiscité
Nadia Essayan

C’est en grande partie hors Vierzon que la candidate Modem parrainée par LREM Nadia Essayan s’est taillée la part du lion. A 33,26 % elle possède 9 points d’avance sur le député-maire de Vierzon sortant, Nicolas Sansu (24,4%). Cela peut paraître un écart insurmontable mais la très faible participation, moins de 48 % des inscrits, laisse augurer un deuxième tour beaucoup plus serré. Dans le camp du candidat PCF, la semaine va probablement être consacrée au rappel des troupes. Si on ajoute l’ensemble des voix de Droite du premier tour, et celle du FN, la conseillère municipale d’opposition à Vierzon possède un capital bien au-dessus des 50 %. Sauf qu’un retour aux urnes d’une partie des abstentionnistes n’est pas à exclure et que dans ce type de mouvement vers les urnes on ne sait pas à qui cela profite. Et puis, là-encore, les votants, dans les villages surtout, du FN iront-ils dans les isoloirs sans candidats désignés ? Deux positions antagonistes pour un retournement de situation délicat mais toujours possible. Bien loin de ses espoirs, la LR Sophie Bertrand est à l’image nationale, à moins de 14 % des votants. Un résultat qui démontre que les appareils de Droite ont décidément de grosses difficultés à imposer leurs idées dans cette circonscription plutôt à mémoire ouvrière. Taux identiques pour la Socialiste Agnès Sinsoulier-Bigot et l’Écologiste Marie-Thérèse Petit, 3,75 % pour l’une, 3 % pour l’autre. Outre le désenchantement envers le Parti Socialiste, la candidate PS paye aussi son retrait du deuxième tour de 2012. Richard Carton (1,93%) et Charly Perragin (1,15%), Lutte Ouvrière avec Régis Robin (1,6%) et la Frexitienne Carole Sicot (0,72%) se partagent les quelques 1800 suffrages restants exprimés.

3e circonscription

Yann Galut en difficulté sur le saint-amandois

Inconnu du monde politique départemental voilà un an et demi, Loïc Kervran (LREM) a pris la direction du mouvement En Marche à sa création dans le Cher. Il capitalise dès le premier tour les premières dividendes de son investissement avec 32,76 %. Yann Galut, le sortant permet au PS de rester à flot et d’être encore présent au deuxième tour. Comme dans les deux autres circonscriptions, la prime aux sortants permet le maintien … mais, pour le coup, pas plus. 5000 voix, c’est l’écart entre les deux premiers du premier tour. Dans une circo qui n’est pas frappé par les problèmes d’islamisation, ni par une délinquance tout azimut et encore moins par une immigration foudroyante, on peut considérer comme irrationnel le vote FN à quasiment 16 % alors que l’Insoumis Jean Riffet réalise 9,9 %. C’est tout de même mieux que l’UDI Olivier Béatrix qui n’aura pas bénéficié du retrait de Louis Cosyns pour gonfler son score. A 8,38 %, la Droite classique est out dès le premier tour. Pas de regret pour Magali Bessard, ses 3,33 % associé au résultat des Insoumis ne l’aurais pas qualifié pour le deuxième tour … surtout que cela ne représente que 34 voix de plus que le Sans Étiquette Samuel Vaison (3,25%). Derrière, Eric Thevenin (DLF ; 2,92 %), l’écologiste Catherine Menguy (2,28%), le divers Droite Alain Rodric (1,11%), et l’extrême Gauche d’Eric Bellet (0,6%) complète le tableau.

Fabrice Simoes

Humeur

Les abstentionnistes sont des veaux

« Les Français sont des veaux » aurait dit le Général de Gaulle à Londres en apprenant la signature de l’armistice terminant sa phrase par « ils n’ont que ce qu’ils méritent ». Il ferait certainement des bonds en entendant que l’on parle désormais de « victoire du parti des abstentionnistes ». Comment accepter une telle formule alors que plus de cinquante pour cent de nos compatriotes se sont comportés comme des veaux regardant passer en meuglant le train de la démocratie ? Un parti qui défendrait une opinion, alors que ses supposés membres n’ont pas trouvé, parmi les douze ou treize sensibilités représentées, celle qui se rapprochait de la leur ? Quand les jeunes qui enragent de ne pas être écoutés, se réfugient dans un monde virtuel où tout peut être arrangé instantanément ? Non les abstentionnistes ne son pas un parti, mais un troupeau qui risque un jour de suivre un mauvais berger, qui leur promettra tout et n’importe quoi et en particulier de changer leur vie sans qu’ils aient à se lever de leur fauteuil. L’histoire ne se répète pas, mais elle bégaie parfois.

P.B.

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