Des chocolatines en Rafales
A l’heure de plancher, les sujets de billets d’humeur sont légion. C’est qu’avec Manu et sa bande de joyeux RM, ou avec Vlado, Donald, Recep et les autres on a de la matière. Au début l’envie d’écharper les députés LR qui avaient porté l’amendement « chocolatine » lors du débat sur le projet de loi agriculture et alimentation était belle et bien présente. En d’autres temps on tentait de légiférer quant au sexe des anges. Outre le fait que l’on ne sait toujours pas si les anges existent, avec ou sans ailes dans le dos, cela nous faisait une belle jambe. Quant à la viennoiserie chocolatée, elle avait le mérite de produire, dans le même texte de loi, un magnifique écran de fumée au dessus de l’épandage du Glyphosate dans les champs. De quoi se laisser aller à quelques phrases bien senties sur ces élus du peuple qui n’en ont cure justement, du peuple.
Par la force des choses, un autre sujet d’actualité a effacé les autres. Un nouveau secoué du bocal avait trucidé deux policières et un passant en Belgique. On en a déjà dit et écrit tant et tant sur ces hallucinés des mille vierges, de leur connerie, de leur bêtise crasse. A la suite, ou en même temps, Donald a fait sa Trumperie de la semaine. Cette fois, le bas du casque étatsunien a décidé de mettre la métallurgie européenne, canadienne et mexicaine aussi, à l’amende. Comme une racaille de banlieue qui dit qu’il a la plus grosse et veut le prouver. Et puis, des énergumènes ont décidé que, dans un journal, en France, la Une occupée par un portait de Recep Tayyip Erdogan, ne pouvait être accompagnée que de commentaires honnêtes comme Dieu, nouvelle merveille du monde, suprême phare du presque Occident, ou, au pire, Kim Jong Un à la moustache fournie. Pas dictateur. Surtout pas dictateur. Une intervention assimilable à une toute petite attaque en bonne et due forme de la liberté d’expression. Si petite qu’on pouvait s’en passer ! Cependant, comme un coin dans un morceau de bois, elle peut faire voler en éclat un des deniers bastions de résistance à l’harmonisation, la normalisation, la planification, des idées et des modes de pensées : la presse … et même Le Figaro !
Du côté de la politique classique, momifiée comme un syndicat réformiste où la grosseur des couleuvres à avaler est la seule variable d’ajustement, on a fait du nouveau avec de l’ancien. On ne parlait plus des gars de la Marine, sur la Droite de la droite Wauquiez avait pris toute la place, et il fallait bien que ça bouge un peu. Démocratiquement, pour revenir sur le devant de la scène, le nom de Front National a donc évolué en Rassemblement National. Durant les années vert de gris, Marcel Déat avait créé le RNP. Il avait ajouté Populaire pour faire genre à Gauche. C’est plutôt rassurant que notre RN du XXIe siècle ne veuille pas être de Gauche…
Pour finir la semaine on s’est offert un petit Poutou. Il paraît qu’au moment du dernier souffle tous les humains sont égaux, les défauts sont gommés et de qualités nous devenons tous parés, même que l’on devient obligatoirement quelqu’un de bien… pas pour Phiphi ! Le Vernon Sullivan de la politique française s’est fendu de quelques mots pour préciser le fond de sa pensée sur l’un de nos chers, très chers celui-là, disparus de ces derniers jours. A l’Exocet tiré par un Rafale, le prolo de chez Ford, a fait un remake de « j’irai cracher sur vos tombes » et dit tout haut ce que d’aucuns osaient à peine penser tout bas au sujet de Serge Dassault. Le capitaine d’industrie, cinquième ou quatrième fortune de France – ça dépend ce qui est pris en compte- a eu droit à des funérailles aux Invalides et ne saura donc jamais si les deux millions d’euros d’amende et les cinq ans d’inéligibilité pour « blanchiment » auxquels il avait été condamné en février 2017 sont validés ou pas, en appel. L’ancien maire, conseiller général, conseiller régional, sénateur, Grand officier de la Légion d’honneur et tutti quanti était un précurseur dans le domaine de la réflexion et la justice sociale, peut-être aussi que les 19 millions d’euros pour huit ans de redressement fiscal lui étaient restés en travers … Selon Libération, en juin 2008, il jugeait « anormal » d’aider les chômeurs, « des gens qui ne veulent pas travailler ». Comme quoi, avec ses idées, not’ Manu n’a pas attendu d’être mort pour être quelqu’un de bien.
Quand je serais mort, dressez moi une statue et supprimez le nom de Jean-Jaurès pour donner le mien à une rue de ma ville. Quand je serais mort, le premier bien pensant qui me traite de connard sera pendu par les pieds et jeté en pâture aux réseaux sociaux. Pourtant, il n’aura pas obligatoirement tord, de son point de vue s’entend. Pour la famille, les amis, ce sera peut-être autre chose. Pour palier à ça, dites plutôt du mal quand on est vivant. Si c’est à mon attention, dépêchez-vous… j’ai arrêté les médicaments type Aricept, Abixa, Exelon et autre Reminyl. La dame de la Santé, celle qui pense qu’hôpital et médoc ne sont qu’une marchandise, a déclaré que c’était inefficace.
Fabrice Simoes