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Blois : changement de rythme pour les rythmes scolaires ?


Le décret relatif aux dérogations à l’organisation du temps scolaire paru au Journal officiel le 28 juin dernier laisse libre le choix de chaque municipalité de revenir ou pas à la semaine de 4 jours ou de rester à 4,5 jours comme actuellement. La mairie de Blois a enquêté l’automne dernier, auprès des enseignants, parents d’élèves et enfants des écoles. Restitution s’est faite, mardi 16 janvier à l’Espace Jorge-Semprun, en attendant le temps du vote début février, pour choisir un des trois scenarii proposés. Une concertation où intérêt de l’enfant, enjeux économiques, attentes des parents et des enseignants ne sont pas forcément des violons accordés.
Le résultat de l’enquête n’est pas, à proprement parler, une surprise : il est constaté une fatigue accrue en fin de semaine chez les enfants ; mieux vaut les coucher tous les soirs de la semaine, week-end compris, à la même heure que de les décaler le week-end. La pause méridienne (l’heure du déjeuner, actuellement deux heures) est trop longue, selon les enseignants : les demi-pensionnaires reviennent en classe surexcités, alors que les externes bénéficient d’un vrai temps de pause, et sont plus calmes. Enfin, les apprentissages sont plus favorables en début de matinée et en début de semaine. Les journées d’école sont également trop longues – en moyenne un enfant passe 9 h 03 à l’école – « il passe plus de temps à l’école que moi au travail ! » souligne une maman d’élève. Pour mémoire, la loi Peillon – le retour à 4,5 jours – devait permettre de raccourcir les journées… Enseignants, parents et enfants semblent souhaiter des journées de moins de six heures ; et pour trois familles sur dix les nouveaux rythmes scolaires de 4,5 jours ont eu un impact financier non négligeable, quand il faut faire garder les enfants hors des temps de classe. Donc ils restent plus longtemps à l’école… « Il y a 1 200 enfants inscrits en ALP (Accueil de loisirs périscolaire) le soir, 400 de plus qu’en 2013. 300 enfants sont en outre inscrits au dispositif d’aide aux leçons lancé en 2017 dans 17 écoles du blésois » indique Benjamin Vételé. 1 350 questionnaires ont été dépouillés, provenant de 640 familles et 430 enfants, soit 16 % des élèves des écoles élémentaires. 135 enseignants (48 %) ont aussi répondu à l’enquête ; 40 Atsem (Agent territorial spécialisé des écoles maternelles), 30 agents d’entretien et de restauration ainsi que 70 animateurs des fameux temps d’accueil périscolaires ont également répondu. Il a fallu pondérer : certains quartiers (Centre, Sud et Est) sont surreprésentés ; en revanche les familles monoparentales sont elles sous-représentées ; les cadres, professions intellectuelles supérieures et employés sont également surreprésentées. « Un succès », à entendre Marc Gricourt maire de Blois, son adjoint délégué à l’éducation Benjamin Vételé, et le directeur général adjoint en charge du sujet Damien Bertrand.

A la fois proche et loin de l’intérêt de l’enfant
Au terme de cette enquête et du débat qui a eu lieu mardi 16 janvier, trois scenarii sont proposés. L’un d’entre eux, le premier, a clairement les faveurs de la mairie : statu quo avec 4,5 jours, en modifiant à la marge l’horaire de rentrée le matin (9 heures au lieu de 8 h 45). Le temps du débat où de nombreux parents d’élèves avaient pris place a clairement montré que les temps d’accueil périscolaires (avant et après le temps scolaire proprement dit) intéressent beaucoup de parents préoccupés par cette « garderie améliorée » : dans les scenarii deux et trois (semaines de 4 jours), ils réduiraient sans doute d’une demi-heure pour s’achever à 18h, ce qui, pour ceux qui travaillent, demanderait une gymnastique forte avec leurs employeurs. « Le scénario 1 permet lui de maintenir le fonds de soutien de 410 000 € », explique Benjamin Vételé, adjoint délégué à l’éducation. Sans lui, impossible de maintenir la même qualité de prestation de service… Pourtant, ces temps d’accueil périscolaires pourraient ne pas être remplis systématiquement par des activités encadrées. Une professionnelle du centre social Mirabeau témoigne que « les enfants sont aussi demandeurs de temps où ils ne font rien, des temps calmes ». Force est de constater qu’on est à la fois très proche et très loin du fameux « intérêt de l’enfant », dont tout le monde aimerait qu’il passe moins de temps à l’école, mais dont la réalité sociétale fait qu’il doit quand même y passer beaucoup de temps, si l’on veut que ses deux parents travaillent, particulièrement les femmes, dont certaines d’entre elles ont pu reprendre une activité à temps plein grâce à cette semaine de quatre jours et demi mise en place avec la réforme en 2014… Le vote de ces scenarii sera fait tout prochainement, début février, par les enseignants, les parents et peut-être aussi – du moins symboliquement – par les enfants eux-mêmes. Si tout le monde a compris qu’il serait bon de voter pour le scenario 1, il n’est peut-être pas complètement inutile de se souvenir, au moment de voter, que la France, malgré ses seulement 144 jours scolaires est assez loin de la moyenne des pays de l’OCDE, avec 187 jours. Et c’est pourtant le pays où les journées sont les plus chargées – osera-t-on dire rythmées ? – fatiguant davantage les enfants…
F. Sabourin

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