Blois : La vie en roses, sans trop d’épines ?


Depuis 2020, le Parti socialiste a quitté La Rochelle pour installer ses travaux estivaux dans un autre port plus ligérien, celui de Blois. Fin août, ce Campus politique avait donc jeté l’ancre à nouveau dans cette ville. Avec un canot en plus : la NUPES.
Les rangs ont semblé épars dans la Halle aux grains de Blois les 26, 27 et 28 août. Les organisateurs ont démenti en affirmant joyeusement à l’envi le chiffre de plus de 2000 participants, au rythme des drapeaux de teinte rose et blanche agités vigoureusement dans les airs par la jeunesse socialiste. “Favoriser l’implication des jeunes, c’est le pari de notre Premier secrétaire national, Olivier Faure, » d’après la parisienne Isabelle Rocca. Un militant retraité de l’Allier, vieux de la vieille, tenant à nous confier selon lui le bon vieux temps du PS qui obligeait à être syndiqué pour pouvoir adhérer, contestait quant à lui un peu ce nombre, tout en applaudissant le discours du président de la région Centre-Val de Loire, François Bonneau et rejetant un brin celui du maire de Blois, Marc Gricourt qu’il aura jugé trop long. En résumé, en dépit d’échecs électoraux successifs, il régnait une certaine ambiance à Blois. Le maire du Mans, Stéphane Le Foll, avait décliné l’invitation cette fois, préférant ne plus s’user la voix comme d’autres éditions à convaincre que “le PS est mort”; l’ancien Président de la République, François Hollande, affichait encore pour sa part un agenda chargé à ce moment-là, cette fois entre nouveau livre prêt à sortir et doublage pour un personnage dans un film d’animation. Fraîchement rentré de Kiev, Raphaël Glucksmann (Place publique), ainsi que la maire de Nantes, Johanna Rolland, étaient eux de la partie. Quid de la maire de Paris, candidate malheureuse à la présidentielle 2021? Anne Hidalgo, accueillie en fanfare sur les bords de Loire l’an passé ? Elle est bien venue à Blois le 27 août parler aux militants et à la fédération de Paris dans les murs de l’école élémentaire Victor-Hugo sans trop se montrer. Et encore moins aux côtés de la Nupes, cette Nouvelle union populaire écologique et sociale.

« Ramener la gauche au pouvoir »
Oui car c’était ça le vrai sujet cet été à Blois, entre deux références historiques à Léon Blum et François Mitterrand, entre deux sempiternels constats de manque de récit et de mots simples émanant des partis qui font “à un moment se retrouver à poil”. Alors cette lune de miel ? Yannick Jadot (EELV), Alexis Corbière et Clémentine Autain (LFI) se sont pour leur part affichés publiquement sans sourciller ce même 27 août, cheminant aux côtés du sénateur Patrick Kanner (PS), du Premier secrétaire Olivier Faure (PS), du député européen blésois, Claude Gruffat (EELV), ou encore de l’économiste Frédéric Boccara (PCF). L’unité dans le respect des différences, bien que quelques heures après cette réunion pour les photographes, l’écolo Jadot n’a pas manqué de pilonner un tant soit peu ses nouveaux camarades à la rose pour leur casquette goodie vendue à Blois, au slogan détrôné emprunté à Donald Trump (qui indiquait “Make la gauche great again ») made in China… Cela n’a pas empêché l’objet d’être en rupture de stock à la fin du weekend, n’en déplaise. Cela n’a pas entravé non plus Olivier Faure en clotûre de scander. “C’est dans le refus de l’exploitation par quelques-uns du travail et de la nature, qu’est né le socialisme. Elle est là notre mission historique. Face à ce que nous proposent les droites, nous ne laisserons rien passer ! (…) Avec la Nupes, nous avons explicitement signifié à quel bloc nous appartenions. La Nupes est le cadre pour ramener la gauche au pouvoir !” En tout cas, comme elles et ils l’ont répété aussi tout ce weekend, ils « n’ont plus honte de dire qu’ils sont socialistes ».

Émilie Rencien