Blois : L’industrie face à des défis technologiques et humains


Une table ronde était organisée le mois dernier, en collaboration notamment avec l’agence d’attractivité départementale BeLc, dans les murs de l’école d’ingénieurs INSA de Blois, en écho à l’exposition des Archives départementales de Vineuil qui s’est terminée le 7 juillet, sur 250 années d’industrie en Loir-et-Cher.
Si le désamour des jeunes pour les filières dites industrielles demeure en 2022 sans être une fatalité selon le directeur de l’INSA,Yann Chamaillard, l’industrie fait partie de l’ADN du Loir-et-Cher avec des exemples florissants passés que personne n’a oublié, tels les usines Normant et Matra à Romorantin, ou encore la fonderie et la ganterie dans le Vendômois. Blois est aujourd’hui le premier pôle industriel du 41, succédant à la Sologne qui occupait cette place en vue jadis. N’omettons pas l’agro-alimentaire, avec le pôle Food Val de Loire et les madeleines St Michel dans le Controis, ainsi que le référence chocolatée Poulain déménagée à Villebarou. La concurrence de la Chine ainsi que les enjeux environnementaux poussent entre autres paramètres l’industrie française à innover davantage encore et à relever des défis durables, tout en maintenant ses savoir-faire et en n’oubliant pas l’humain dans l’équation moderne de plus en plus robotisée et automatisée. Cela reste aussi un secteur aux atouts et perspectives indéniables, et en sus qui emploie : rien qu’en Loir-et-Cher, même si ce département à l’instar de la France entière, a perdu sa manne industrielle (l’activité pèse 16% en 2020 contre 28% en 1989), Lionel Henry, directeur de l’Observatoire de l’économie et des territoires, a mentionné « 1700 projets de recrutement sur ce territoire avec dans le top 3, l’agro-alimentaire, la métallurgie, l’industrie manufacturière. Les métiers changent et l’accès à la main d’œuvre constitue toujours un souci.» M. Henry a ajouté que dans le 41, « près de 3 emplois industriels salariés sur 10 sont occupés par des femmes. Les salaires sont 20% plus élevés que dans d’autres secteurs. » Alors, quelle industrie pour demain ? A écouter les divers élus et acteurs réunis à l’INSA en juin à Blois, il ne semble pas exister ni de recette toute prête, ni de baguette magique, ni de réponse arrêtée.«Il n’y a pas d’innovation sans ressources humaines, et inversement, » a souligné Guillaume Jacob (entreprise Dubuis SA, Villebarou, mécanique de précision). « Il y a dix ans, nous nous interrogions sur l’avenir de nos emballages alimentaires pour pâtisseries du fait des recommandations santé, ni trop gras, ni trop sucré. Désormais, il faut moins polluer, alors quelle sera la donne dans 5 ans ?, » a commenté de son côté Marie-Noëlle Amiot (entreprise Thiolat, Blois), tandis que Sylvain Garcia (Procter&Gamble) se fixe l’objectif de décarboner leur production d’articles dénommés de grande consommation (dont des shampoings) d’ici 3 ans. Quant à l’équipementier Borg Warner (ex-Delphi à Blois), le moteur hydrogène est en ligne de mire urgente, sous peine de mort annoncée des emplois sur site liés. Peut-être qu’en somme, tout simplement, l’industrie de demain sera synonyme de souplesse et de capacité d’adaptation renforcées.
É.R.