Blois : Quand Alain Griset met la main au chocolat pour relancer, ça fait grincer …


À Blois, le Centre de formation des apprentis (CFA) fait peau neuve. Pour disposer les petits plats dans les grands, une première pierre a été posée en grandes pompes le 12 mai. Enrobée de propos assaisonnés pour baptiser le chantier.
C’est connu : quand le bâtiment, tout va, alors la pose de première pierre d’un CFA interprofessionnel en reconstruction insuffle forcément un vent de communication positive, sur fond de plan France Relance. Et c’est le ministre délégué Alain Griset, chargé des PME, entouré d’élèves et de Stéphane Buret, président de la Chambre de métiers et de l’artisanat, qui s’est de fait volontairement plié le 12 mai à l’exercice de la découpe de la pièce de boucher et de l’atelier chocolat, en commentant. “J’ai toujours pensé offrir des fleurs à une femme, mais finalement le chocolat, c’est mieux. Ou les deux ! Le cap des 500 000 contrats d’apprentissage a été atteint cette année, malgré la crise sanitaire ; nous préparons l’avenir.” L’ambiance était détendue, et le ministre dans son élément ; ce dernier fut par le passé successivement président de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat (CMA) de Région Hauts-de-France, de la CMA du Nord-Pas-de-Calais, de la CMA du Nord, de l’Assemblée permanente des CMA, etc. Le temps des discours se révèla moins sucré, en particulier l’intervention du maire PS de Blois, Marc Gricourt. L’édile avait boycotté, avec Christophe Degruelle, président PS d’Agglopolys, la venue de la ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, en février. Puis en avril, il avait exprimé un coup de sang à l’égard du préfet Pesneau au vaccinodrome du Jeu de Paume, et en mai, ce fut une pique pour le ministre Griset. “  Vous ne serez plus ministre d’ici là. M. le préfet, vous ne serez plus préfet de Loir-et-Cher, mais je vous invite à revenir pour l’inauguration de ce CFA…” Sans omettre la cerise sur le cake au sucre grimace, le jour de l’anniversaire de Stéphane Buret : un mot amer écrit par le président Degruelle déplorant un “manque de concertation quant à la date” et menaçant quasiment le retrait d’un financement. L’addition, s’il-vous-plaît ? Plutôt salée ici ! Il n’y aurait pas des élections, bientôt ? En coulisses, ce déplacement macronien aurait été assimilé à un soutien à la candidature régionale de Marc Fesneau… Le ministre délégué sera néanmoins reparti avec des goodies siglés Blois, ouf.

Premières pierres, nombreux ministres, et un souvenir
Une fois la cour de récré politisée achevée, le projet aura été détaillé depuis le temps que chacun en cause. Le CFA interprofessionnel de Blois, daté de 1977, forme dans la rue François-Billoux, 1 142 apprenants aux métiers de la vente, de la coiffure, de l’esthétique, de l’alimentation, de l’hôtellerie-restauration, de l’automobile, de la petite enfance, de la gestion, de la comptabilité et du management (28 diplômes du CAP au BTS). Si la qualité des apprentissages est indéniable, un bon coup de peinture, voire davantage, s’avérait nécessaire. D’ici la fin du chantier prévue en 2026 (initialement 2023, mais Covid-19 assurément aidant), c’est un CFA ouvert sur la ville (vitrine des savoir-faire orientée vers l’extérieur) et connecté (mix learning, usage du numérique) qui est annoncé, dessiné par l’architecte orléanais Patrice
Debaque, étendu sur plus de 11 000 m2, chiffré à près de 31 M€ d’investissement (avec un souhait de gymnase). Si le verbe au pupitre peut virer aigre, le soutien financier paraît unanime, de la Région au Département, en passant par la ville de Blois et (sûrement) Agglopolys, les intercommunalités Beauce Val de Loire, Val de Cher Controis, Sologne des Rivières, Grand Chambord, Territoires Vendômois, Communauté de communes du Romorantinais et du Monestois. Pour sourire, en mars 2015, une autre première pierre avait été baptisée par le ministre Rebsamen, avant la coupure du ruban en 2017 par le ministre Cazeneuve. Sur cet autre chantier, celui du CFA BTP, rue Bernard Darada, pas de discours fourchu mais une bévue. Sur la plaque en bois d’inauguration, Maurice Leroy, président du Conseil jadis général, était en 2015 devenu maire de Blois. Oups. Quand le bâtiment va, tout va…

Émilie Rencien