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Chambord : Jamais deux sans trois… cuvées

Comme le bon vin, le fruit de la vigne se bonifie. Littéralement, c’est le cas à Chambord. Le château a embouteillé puis étiqueté en juin son nectar royal qui, du haut de sa troisième année, prend de l’ampleur aromatique.
Impossible de le certifier sans en avoir bu une gorgée. Néanmoins, nous nous laissons guider par le nez et palais assuré d’Annie Bigot, du haut de ses 39 ans de maison. La responsable de l’exploitation viticole du Domaine national de Chambord, qui verra incessamment l’âge de sa retraite sonner, en connaît un rayon de raisins depuis le travail débuté en 2010, puis la concrétisation avec l’installation des premiers plants de vigne en juin 2015 à la ferme de l’Ormetrou, en face du château. Notamment des ceps de Romorantin sauvés du phylloxera et découverts par la famille Marionnet à Soings-en-Sologne ; « petits-enfants » vieux de 200 ans, descendance de ceux rapportés de Beaune par François Ier en son temps, au XVIe siècle. Six ans déjà se sont écoulés et la troisième cuvée est née cet été 2021. Alors, le nouvel élixir donne quoi exactement ? Un parfum de fraise, framboise, groseille, autre ? Le tout premier cru en 2018 était « vert », issu d’une vigne encore jeune. « Son caractère est devenu plutôt flatteur ! » répond une Annie Bigot enthousiasmée. « Il ne fait que de se bonifier, profitant de l’ensoleillement de 2020. Et pour preuve, il commence à attirer la spéculation; certaines de nos bouteilles se trouvent mises en vente en ligne sur des sites de ventes aux enchères comme Ebay. » Si la récolte de 2021 s’annonce d’emblée rognée du fait du gel d’avril qui laissé un souvenir de son passage à hauteur de 50% sur la future production, celle de 2020, sans entrave, libère donc ses fruits pleins de promesses, répartis dans 18 000 bouteilles environ cette année. C’est-à-dire 7 500 en Romorantin, 7 500 en pinot-gamay et 2 000 en sauvignon. A noter toutefois que ce sauvignon, en faible quantité, est réservé à la clientèle des cafés et points de restauration du château. En France, on continue à boire (avec modération, évidemment) du (bon) vin, et ça, c’est une bonne nouvelle. Et pour celles et ceux qui souhaiteraient pousser l’expérience plus loin, en attendant que les travaux du nouveau chai du château à l’Ormetrou se terminent d’ici la fin du mois de juillet dans une volonté de parcours oenotouristique, il convient de savoir que 5 000 pieds de cette vigne royale sont encore disponibles au parrainage et mécénat.

É. Rencien

Tout est dans le verre et parfois sur l’étiquette
Si le bras de fer judiciaire engagé depuis 2018 concernant l’utilisation de la dénomination Chambord entre le Domaine national et le groupe américain Brown-Forman qui produit une eau-de-vie framboisée royale estampillée à Cour-Cheverny, s’annonce long, suivant toujours son cours, un autre fleuve plus tranquille est sur le point de trouver un lit favorable. «Château de Chambord» figure dorénavant sur les bouteilles de vin rouge uniquement ; la commune de Chambord et de fait, le Domaine national, ont en effet intégré le premier périmètre de l’AOC Cheverny. Et bientôt, sans doute, pour la seconde partie, l’AOC Cour-Cheverny (blancs romorantin) s’intitulera tout simplement AOC Chambord ? « Tout le monde est favorable à ce changement, y compris les vignerons, » a confirmé Annie Bigot. «La notoriété de Chambord ne peut que profiter à tout le monde, chacun pourra bénéficier de ce rayonnement. L’AOC a tout à y gagner.» À suivre.
É.R.

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