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Chambord : La musique de Léonard s’écoute…

Cinq cent ans obligent, l’édition 2019 du festival de musique de Chambord sera sur les thèmes de l’Italie et de l’utopie en correspondance avec l’exposition qui se tient en parallèle. Compositeurs italiens et références à l’Italie croiseront des utopies modernes et contemporaines, en faisant la part belle à la jeunesse et à certains projets hors des sentiers battus.
L’ouverture du festival se fera le 28 juin avec « Au carnaval de Florence avec Léonard », concert présenté par l’ensemble de musique Renaissance tourangeau Doulce Mémoire qui vient de fêter ses trente ans d’existence.
« Nous avons choisi d’interpréter la musique qui correspond à la jeunesse de Léonard de Vinci, époque où il était élève à l’atelier de Verrochio à Florence, explique Denis Raisin-Dadre, directeur artistique de Doulce Mémoire. L’atelier de Verrochio vivait de commandes, comme tous les ateliers d’artistes de l’époque, et confectionnait les bannières pour le carnaval, alors nous évoquerons la folle gaîté des mascarades. En effet, pendant le carnaval, musiciens et chanteurs étaient juchés sur les chars des différents corps de métiers, en jouant une musique très joyeuse et dansante, en chantant les chants de carnaval où les poésies les plus sublimes de Laurent le Magnifique et de Poliziano côtoyaient des textes extrêmement lestes et obscènes. Léonard a connu dans sa première jeunesse les derniers feux de cette Florence humaniste qui avait réussi la synthèse de la pensée néoplatonicienne et du christianisme. Il a connu la joie de vivre et l’extraordinaire émulation artistique de ces décennies, la folle gaîté du carnaval et de ses mascarades avant la grande réaction piétiste emmenée par le moine Savonarole qui remplacera le carnaval par des processions de pénitents. Léonard préférera partir à Milan où, à la cour des Sforza, la fête continuait. Lors du concert, nous évoquerons aussi cette période du Carnaval des crucifiés, où les chants de carnaval ont été transformés en laudes, les paroles étaient changées mais les mélodies conservées, sur un rythme plus lent. »
Ce concert permet d’évoquer Léonard de Vinci sous un angle différent du noble vieillard arrivé à la cour de François Ier ou du talentueux ingénieur et peintre employé à Milan au service des Sforza. « On a tendance à statufier les personnages célèbres en oubliant qu’ils ont été jeunes, reconnaît Denis Raisin-Dadre. Nous avons donc souhaité évoquer sa jeunesse dans la Florence de Laurent de Médicis où avec les autres élèves de Verrochio (qui deviendront des peintres de génie, à l’exemple de Botticini ou de Le Perugin qui fut le maître de Raphaël), il faisait partie d’une bande de copains joyeux et aimant faire la fête. C’est aussi l’époque où Léonard se passionnait pour le contraste entre une forme parfaite d’une beauté absolue et l’infiniment laid ou le monstrueux. On connaît en effet son goût pour les figures grotesques qui parsèment ses carnets de l’époque, figures qu’il a pu voir lors de ces fêtes de carnaval où toute la cité défilait travestie. »

Vendredi 28 juin à 20 h, Réservations : chateaudechambord.tickeasy.com

 

Tableaux en musique
L’ensemble Doulce Mémoire a sorti pour les 500 cents ans de la mort de Léonard de Vinci, « Leonardo de Vinci la musique secrète », album à lire, regarder et écouter où sont mis en correspondance les principales œuvres de Léonard, dont la célébrissime Joconde avec les musiques qu’aurait pu écouter Léonard en réalisant ces toiles. « Il s’agit à la fois d’un travail scientifique car nous avons recherché quelles étaient les musiques qui ont été composées à l’époque de ces toiles, en accord avec le thème du tableau et de mon inspiration personnelle, ce qui donne un disque empli de musiques différentes. »indique Denis Raisin-Dadre. À découvrir aux Éditions Alpha.
F.M.

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