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Chaumont-sur-Loire : Un trentième anniversaire aux jardins accomplis

Au bout de trois décennies végétales, le domaine régional de Chaumont-sur-Loire possède les mains vertes. Mais finalement, quel est le jardin idéal ? C’est la question posée lors de cette édition qui restera dans les annales. Les visiteurs ont jusqu’au 6 novembre pour trouver la réponse le temps d’une balade.
Parfois, de temps à autre, d’une édition à l’autre, le festival international des jardins, impulsé il y a trente ans par son créateur disparu, Jean-Paul Pigeat, à Chaumont-sur-Loire, pouvait laisser une impression de déjà vu, malgré des thèmes différents. Cette année 2022, après 30 bougies et 2 ans de pandémie, des thématiques historiques ou poétiques, pédagogiques ou écologiques, l’édition anniversaire vaut le détour. Elle apporte son souffle de jeunesse, et regorge d’agréables récurrences : beaucoup de Méditerranée (il ne faut notamment pas rater le dépaysement offert par le jardin à oliviers du paysagiste théâtral Jean Mus, dans les prés du Goualoup), moult bleus (Majorelle, Klein, curaçao, etc.) et bon nombre de cercles (une symbolique de l’infini et de cycle perpétuel sans doute). Un peu de rouge aussi. Le public peut également croiser une fresque aux citrons d’inspiration italienne, un jardinage garde-manger, un cocon, un Eden, une peinture chinoise, un songe, des portes dorées ouvrant sur la liberté, de l’espoir, et même Nietzsche ! Les visiteurs habitués y recroiseront enfin Patrick Blanc (cf. notre photo de Une) notamment, l’inventeur du mur végétal qui a gardé une pointe de vert dans ses cheveux tout en laissant pousser ses griffes (ongles!). Alors, ce jardin parfait ? C’est sûrement celui qui affiche des qualités, en lien avec des préoccupations immédiates telles la préservation de l’eau et de la biodiversité. La main de l’homme doit ici défaire le canevas destructeur et se réinventer; et quel meilleur écrin que Chaumont-sur-Loire, référence en la matière d’innovation végétale depuis 30 ans, pour y parvenir ! Comme le soulignait l’un des créateurs d’un jardin dit maison, Sylvère Fourier, “le paysagiste d’aujourd’hui est un ambassadeur de la biodiversité. Un joli jardin n’est pas qu’un joli gazon. Le jardin idéal est le contraire des jardins maîtrisés à la française; c’est pour moi un dessin, une architecture et un choix de végétaux, dans un esprit de vie conquérante.” Le designer Nicolas Triboulot et le concepteur Arnaud Mermet-Gerlat ont ajouté, au sein de leur jardin ode à tous les bleus à 47° (cobalt, céleste, céruléen, canard, cyan, clématite, iris, Tiffany, ou Guimet), que “les petites rivières font les grands fleuves et… les beaux jardins.”

A table également, maintenant
La balade aux jardins est riche, vous l’aurez compris, sans oublier que l’endroit renferme également de l’art contemporain, un monument historique… Une journée peut ne pas suffire pour tout voir. Alors, assurément, la promenade peut ouvrir les appétits et cela tombe bien car le Domaine régional de Chaumont possède dorénavant « Le Bois des Chambres » (https://leboisdeschambres.fr), un tout nouvel hôtel plus un restaurant, installés juste à 300m du château et du festival des jardins. L’établissement a accueilli ses premiers clients le 2 juin, dans la veine de ce qu’est le Domaine, mêlant créativité, poésie et artistes. Un hôtel d’art et de nature; pour preuve, une sculpture de Bob Verschueren et une installation de Stéphane Guiran occupent déjà les lieux. D’autres œuvres, d’artistes et de photographes reconnus, sont annoncées, tout comme des conversations artistiques enregistrées en public. Un projet un peu fou dans un site, qui abritait un ancien corps de ferme, repensé et imaginé avec l’atelier d’architecture Construire, dirigé par Loïc Julienne, avec pour conseiller artistique du projet Patrick Bouchain. Côté hôtel, on compte 39 chambres atypiques (alcôves, chambres perchées, chambres au jardin, chambres buissonnières). Côté restaurant, c’est gastronomique : bienvenue au « Grand Chaume », avec son toit aux formes toutes en volupté, sa terrasse extérieure au bord d’un plan d’eau où croassent en liberté les grenouilles ainsi que ses emplacements à l’intérieur disposés sous des jeux de lumière et un plafond rappelant un univers circassien. Aux fourneaux, le chef vendômois Guillaume Foucault épaulé par son épouse, sommelière, ainsi que que 7 salariés, propose une cuisine française aux touches asiatiques, faisant la part belle aux produits du terroir et de saison (miso, truite, veau, abricot, fraise, champignon, fenouil, aubergine rôtie, sarrasin, lait d’avoine…), autour du travail du végétal à la carte dans un esprit d’ « assiettes partagées » (le menu est servi pour l’ensemble de la table) ou bien dans une version plus « complète », en 5 ou 7 plats. Pour le moment, ce n’est accessible que pour dîner (à l’heure du déjeuner, il y a « Le Grand Velum » près des jardins, dans l’enceinte du Domaine, ndrl), sur réservation évidemment. Vous n’aurez plus aucune excuse pour ne plus rester dormir et prolonger votre expérience culturelle à Chaumont !
É. Rencien

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