Contres Les élus de la Vallée du Cher créent décidément les gros titres…


Il y a eu la mise en examen du maire de Saint-Aignan-sur-Cher, Éric Carnat, présumé innocent, pour une affaire de moeurs (*). Et maintenant, la menace d’inéligibilité pour l’ancien édile de Contres et ex-président de la communauté de communes du Val de Cher Controis, le désormais sénateur Jean-Luc Brault. Retour de karma ? Son mandataire financier répond.
Va-t-il perdre son fauteuil des palais dorés ? Il posait encore tout sourire devant le perron de la préfecture de Loir-et-Cher, à Blois, après son élection au Sénat en haut du panier le 24 septembre 2023, aux côtés d’un autre nouveau sénateur du 41, Bernard Pillefer. Il se murmurait il y a trois semaines encore que l’ancien maire de Contres, contre toute attente, était à l’aise et brillait dans ses prises de paroles dans l’hémicycle à Paris, au palais du Luxembourg. L’ascension du gars de la province, Jean-Luc Brault, va-t-elle se briser aussi vite qu’elle a commencé ? Après ce rêve national, ce n’est pas encore le cauchemar mais un premier panier de crabes. Un vent mauvais s’est en effet levé : une saisie a eu lieu en février 2024 du fait de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques, relativement aux obligations comptables à respecter pour l’élection sénatoriale de M. Brault. La décision est maintenant dans les mains du Conseil constitutionnel qui doit recevoir l’intéressé courant avril. Conseil dans lequel siège une loir-et-chérienne, l’ancienne maire et ministre, Jacqueline Gourault, mais ils sont neuf membres en tout… L’élu Brault, qui essuie déjà l’ouverture d’une enquête préliminaire depuis décembre 2023 concernant le projet d’un jardin pédagogique non concrétisé et la construction d’une piscine en parallèle avec son épouse sur un terrain du Controis-en-Sologne où ils résident, plaide pour cette nouvelle affaire “l’honnêteté” s’agissant de ses comptes de campagne, sachant qu’il risque inéligibilité et perte de sa couronne sénatoriale. M. Brault déplace le curseur comme bon nombre d’hommes politiques, criant que c’est fou, que ce n’est pas lui qui a volé l’orange du marchand… Puisqu’il pointe surtout ici “une erreur” de son mandataire financier ! Vrai ou fort de café ?

Éric Martellière “un peu blessé mais appelle “la sagesse des Sages”
Nous avons, pour y voir plus net, appelé le concerné, le mandataire donc, à savoir Éric Martellière, maire délégué de Fougères sur Bièvre et président du syndicat de gestion des déchets (Smieeom), qui n’a pas apprécié l’accusation du sénateur. “Me jeter en pâture, c’est dommage, pas sympa ! Je suis tombé de haut, je suis un peu blessé par ce qu’a indiqué Jean-Luc Brault, malgré toute l’amitié que j’ai pour lui. Heureusement, j’ai reçu beaucoup de messages et d’appels de soutien, d’élus, de maires, de conseillers départementaux. Je ne suis ni fautif, ni coupable, ce n’est pas ma première campagne tout de même ! Je n’ai signé aucun chèque en blanc ! Je peux confirmer qu’il n’y a eu ni tricherie, ni fraude. La campagne a bien été alimentée par le compte privé de Jean-Luc Brault; pas de soutien financier d’un parti politique ou d’un particulier. Ses comptes ont été rejetés parce qu’il n’a simplement pas respecté une règle : il a réalisé une belle campagne, il a sillonné 240 communes et rencontré 70% des grands électeurs, et il a invité un ou deux maires de temps à autre, dans ce cadre de déplacements, pour des repas compris à chaque fois entre 12€ et 30€. Ce qu’on lui reproche, c’est d’avoir payé à chaque fois alors qu’il aurait dû prendre les tickets et les donner à son mandataire, moi, pour qu’ensuite, j’envoie le chèque aux restaurateurs. Pas simple pour les restaurants d’attendre, mais ce sont les textes; la règle devrait être modifiée d’ailleurs. Toutes les factures (au photographe, à l’imprimeur, etc.) ont quoiqu’il en soit été payées, et le candidat a été économe, n’a pas dépassé le plafond autorisé. C’est plutôt une erreur d’appréciation. J’ai été déçu par son propos m’incriminant, mais je ne souhaite pas pour autant son invalidité. Les Sages ont un passé, ont eux aussi été élus; j’en appelle à la sagesse des Sages, pour étudier cette situation avec bienveillance.” À titre d’exemples, en mars 2024, le sénateur des Bouches-du-Rhône, Jean-Noël Guérini, a été destitué pour des marchés truqués. En 2015, le Conseil précité, appliquant la loi qui est la même pour tous, avait déclaré inéligibles quatre sénateurs de divers bords et régions, Aymeri de Montesquiou, Pierre Jarlier, François Aubey et Jean-Patrick Courtois, pour une année, suite au rejet de leurs comptes de campagne. À suivre.
Émilie Rencien
(*) (Re)lire sur www.lepetitsolognot.fr/a-saint-aignan-sur-cher-ledile-eric-carnat-sous-les-projecteurs-nationaux-malgre-lui/ et dans l’édition du 6 février 2024 (www.lepetitsolognot.fr/dev/lps2018/wp-content/uploads/pdf/LPS_827.pdf).