Déconfiner, puis relocaliser : réalité ou songe d’été ?


À quoi va vraiment ressembler l’après Covid-19 ? L’agence régionale de développement économique Dev’Up tente d’en esquisser les contours via sa volonté de lancer une stratégie de relocalisation des forces entrepreneuriales dans le but de transformer cette crise sanitaire en une opportunité pour le territoire du Centre-Val de Loire. Utopie éveillée ou occasion avérée ?
« Quand on veut, on peut. » Lors d’une visio-conférence, outil fort usité en cette époque tourmentée et (dé)confinée, les mots sont choisis pour impacter. Mais chacun sait que davantage que les paroles, ce sont surtout les actes qui comptent. Et pour cela, l’avenir dira si les velléités à distance deviendront projets concrets sur le terrain. Les volontés semblent bien en présentiel, avec un souhait d’aller de l’avant, autrement, et c’est un voeu bienvenu : plusieurs filières régionales, de l’industrie pharmaceutique et des dispositifs médicaux, à la cosmétique, en passant par l’agroalimentaire, la logistique ou encore le numérique, ont d’ores et déjà exprimé des besoins pour trouver de nouveaux réseaux de fournisseurs et de sous-traitants, fiables et de proximité, afin de renforcer leur capacité de production. Selon le président du Conseil régional et l’un de ses vice-présidents, Harold Huwart, en 2019, la région Centre-Val de Loire figurait sur la première marche du podium en termes d’investissements étrangers pour l’industrie pharmaceutique et cosmétique. Aussi, cette même région concentre à elle seule 60% de la production pharmaceutique. Partant de tels postulats, les élus veulent y croire. Mais comment opérer, relocaliser, lorsque parfois, le savoir-faire n’existe plus sur le territoire et que souvent, la main d’oeuvre qualifiée peut manquer, lorsque le « made in France » et les salaires français se paient ? «Certains industriels tiraient la sonnette d’alarme depuis 3-4 ans. La crise va être violente mais c’est aussi l’occasion de saisir d’importantes opportunités que certaines entreprises ont déjà saisi pendant le confinement. Ce printemps fut un électrochoc pour tous les Français : la mondialisation de production à marche forcée ont laissé démunis les États de produits dont ils avaient soudainement besoin. Nous devons donc aujourd’hui avoir une volonté politique, également écologique, européenne; il faut de plus une décentralisation administrative pour changer. Nous devons relocaliser avec un paradigme social et environnement forts, » insistent-ils. La majorité des agriculteurs par exemple ne sont pas contre les règles mais plutôt contre la concurrence déloyale avec des pays qui eux manquent de règles. À situation exceptionnelle, moyens exceptionnels.»

Un forum en juin
Quand la volonté va, tout va ? Pour le moment, encore une fois, ce ne sont que de belles intentions sur le papier. Mais les idées restent positives pour l’après et y songer constitue une première étape pour s’élancer et s’organiser. Un forum régional annoncé le 16 juin 2020, réunissant les acteurs concernés, marquera d’ailleurs selon les précités un premier pas pour passer de l’esquisse à un trait sans doute plus affirmé, avant la mise en musique espérée de la partition au plus vite. À suivre … Et puis : « mieux vaut prendre le changement par la main avant qu’il ne vous prenne par la gorge » (Winston Churchill), non ?
É.Rencien

 

Le Covid-19, c’est aussi du sport …
L’hôpital et les entreprises tirent la sonnette d’alarme, le monde du tourisme, de la culture et du spectacle vivant également, mais quid du sport ? L’arrivée inopinée du nouveau coronavirus a en effet forcé l’arrêt d’évènements divers et variés. Tournois de Roland Garros à Paris, Internationaux de tennis de Blois et Tour du Loir-et-Cher, ou encore JO de Tokyo … Le virus à Covid numéro 19 a tout, ou quasi, mouliné sur son passage meurtrier. «Il nous faut un vrai plan Marshall pour éviter l’asphyxie d’un système menacé, » harangue Mohamed Moulay, vice-président au Conseil régional des sujets relevant de ce dossier qui demande une vraie gymnastique. Le domaine du sport se situait déjà dans une situation préoccupante avant cette crise épidémique pour la simple et bonne raison que c’est un secteur qui n’a jamais trop occupé le rang des bien-aimés de Bercy et de différents Gouvernements. Il a souvent été obligé de composer avec des fonds de tiroirs. Or, il pèse 35 milliards d’euros en France, ce n’est pas négligeable dans notre PIB ! L’arrêt récent des compétitions pèse forcément sur l’avenir économique et sociale des clubs et associations, aussi bien côté amateurs que pros. Les sponsors maintiendront-ils leurs engagements s’ils traversent eux-mêmes des difficultés financières ? Et ce qui enfonce le clou, c’est aussi un fait : le sport est physique, génère des contacts…Il faut toucher le ballon, on transpire, etc. Alors cela complique et ce printemps n’est pas sans répercussions à plus ou moins long terme. Environ 50 rendez-vous sportifs prévus ont été annulés ou reportés en Centre-Val de Loire. Environ 50 piscines de la région sont toujours fermées au grand public, etc. » Si les citoyens confinés ne se sont jamais autant adonnés, individuellement, au sport que pendant ce printemps 2020, la reprise collective ne sera cependant sans aucun doute pas franche avant le mois de septembre. “Le sport pour tous et toutes doit revenir dans les priorités, conclut et insiste l’élu. Être bien dans son corps, c’est être bien dans sa tête ! » L’adage est en effet bien connu, en latin dans le texte : « mens sana in corpore sano ». Tout un art, ou plutôt, un sport…
É.R.

Entre Renaissance et résilience
Le sujet est sur la table des visio-conférences que donne le président du Conseil régional, François Bonneau, à la presse depuis le mois de mars et le début de la crise sanitaire. Le Fonds de solidarité baptisé « Renaissance » est né, avec le concours de la Banque des Territoires, la Région et l’ensemble des collectivités intercommunales du territoire régional. Le dispositif inédit pèse 12 M€, dans le but d’épauler le redémarrage de plus de 1 000 petites entreprises du tourisme, de l’artisanat du commerce, par des avances remboursables. La Banque des Territoires et la région Centre-Val de Loire versent chacune 4,75 millions d’euros dans cette tirelire de Fonds, tandis que les intercommunalités promettent un soutien à hauteur de 1€ par habitant à minima. Si d’autres coins de l’Hexagone ont également lancé un partenariat d’urgence similaire (Grand Est, Bretagne, Sud), le Fonds Renaissance du Centre-Val de Loire est teinté d’une volonté de transition environnementale face à une société appelée à évoluer, concernant les rapports producteur-consommateur par exemple. Le chemin risque d’être long et tortueux, mais qui ne tente rien n’a rien… En attendant, la plateforme Fonds Renaissance est accessible en ligne depuis le lundi 18 mai 2020 sur http://www.regioncentre-valdeloire.fr/
É.R.