En région, déconfiner, puis relocaliser : réalité ou songe d’été ?


Lundi 11 mai 2020. En amont de l’après Covid-19, l’agence régionale de développement économique Dev’Up crie haut et fort sa volonté de lancer une stratégie de relocalisation des forces entrepreneuriales dans le but de transformer cette crise sanitaire en une opportunité pour le territoire du Centre-Val de Loire. Utopie éveillée ou occasion avérée ? Explications de la démarche, en attendant de confirmer ou infirmer.

« Quand on veut, on peut. » Lors d’une nouvelle visio-conférence, outil devenu fort usité en cette époque tourmentée, symboliquement calée ce lundi 11 mai, jour 1 de déconfinement, les mots sont choisis pour impacter. Mais chacun sait que davantage que les paroles, ce sont surtout les actes qui comptent. Et pour cela, l’avenir dira si les velléités à distance deviendront projets concrets sur le terrain. Les volontés semblent bien en présentiel, avec un souhait d’aller de l’avant, autrement, et c’est un voeu bienvenu : plusieurs filières régionales, de l’industrie pharmaceutique et des dispositifs médicaux, à la cosmétique, en passant par l’agroalimentaire, la logistique ou encore le numérique, ont d’ores et déjà exprimé des besoins pour trouver de nouveaux réseaux de fournisseurs et de sous-traitants, fiables et de proximité, afin de renforcer leur capacité de production. Selon le président du Conseil régional et l’un de ses vice-présidents, Harold Huwart, en 2019, la région Centre-Val de Loire figurait sur la première marche du podium en termes d’investissements étrangers pour l’industrie pharmaceutique et cosmétique. Aussi, cette même région concentre à elle seule 60% de la production pharmaceutique. Partant de tels postulats, les élus veulent y croire. Mais comment opérer, relocaliser, lorsque parfois, le savoir-faire n’existe plus sur le territoire et que souvent, la main d’oeuvre qualifiée peut manquer, lorsque le « made in France » et les salaires français se paient ? «Certains industriels tiraient la sonnette d’alarme depuis 3-4 ans.  La crise va être violente mais c’est aussi l’occasion de saisir d’importantes opportunités que certaines entreprises ont déjà saisi pendant le confinement. Ce printemps fut un électrochoc pour tous les Français : la mondialisation de production à marche forcée ont laissé démunis les États de produits dont ils avaient soudainement besoin. Nous devons donc aujourd’hui avoir une volonté politique, également écologique, européenne; il faut de plus une décentralisation administrative pour changer. Nous devons relocaliser avec un paradigme social et environnement forts, » insistent-ils. La majorité des agriculteurs par exemple ne sont pas contre les règles mais plutôt contre la concurrence déloyale avec des pays qui eux manquent de règles. À situation exceptionnelle, moyens exceptionnels.»

Un forum en juin

Quand la volonté va, tout va ? Pour le moment, encore une fois, ce ne sont que de belles intentions sur le papier, dans un temps où le virus rôde toujours. Alors prudence là aussi. Mais les idées restent positives pour l’après et y songer constitue une première étape pour s’élancer et s’organiser. Un forum régional annoncé le 16 juin 2020, réunissant les acteurs concernés, marquera d’ailleurs selon les précités un premier pas pour passer de l’esquisse à un trait sans doute plus affirmé, avant la mise en musique espérée de la partition au plus vite. À suivre …  Et puis : « mieux vaut prendre le changement par la main avant qu’il ne vous prenne par la gorge » (Winston Churchill).

É.R.