Dev’up fait le compte des étendards étrangers


L’agence de développement économique de la région Centre-Val de Loire vient de publier une étude selon laquelle le territoire est une « terre d’accueil » pour les entreprises à capitaux étrangers. Dans les six départements, près de 600 entreprises battent en effet pavillon étranger. Elles emploient à elles seules, jusqu’à 30% des actifs selon les départements. C’est dire que leur poids économique est important, et compte pour une part essentielle dans la vitalité de la Région.
Il y a en région Centre-Val de Loire 587 entreprises dont tout ou partie du capital appartient à une entreprise installée à l’étranger. Elles emploient au total 56 200 salariés et représentent 36 nationalités. C’est le cas par exemple de l’américain John Deere, de l’allemand Vorwerrk, du suédois SKF, Orangina ou MBDA. Les secteurs de l’automobile, de la santé, de la cosmétique, de l’équipement de la maison ou de l’agro-alimentaire sont majoritairement représentés. En terme d’emploi, le premier est l’automobile avec un panel très important de sous-traitants. « Le secteur est en ce moment en grand mouvement, explique Jonathan Lefevre, rapporteur de l’étude, avec notamment l’arrivée de la propulsion électrique, mais aussi de l’hydrogène et des nouvelles technologies ».
S’agissant de la main d’oeuvre, les plus gros employeurs s’appellent Amazon, MBDA, ST Microelectronics et Novo Nordisk. En moyenne 1 500 salariés chez chacun d’eux.

Ceux que l’on n’attendait pas
Si les États-Unis comptent parmi les premiers représentants de ces capitaux étrangers, d’autres sont plus inattendus. C’est le cas du Pakistan, avec l’entreprise Martin Dow Healthcare, producteur de compléments alimentaires. L’usine de 10 000 m2 à Gien, fermée durant des années, a été reprise en 2015. Dans un marché mondial qui représente 12 MD€, la France est le troisième pays consommateur de ces produits, à mi-chemin entre l’alimentation et le médicament. Et la crise sanitaire a montré un engouement nouveau pour ces produits. « En 2019, nous avons investi et sommes passés de 18 à 40 ETP (équivalents temps plein) en moins de cinq ans », détaille Aoife Gallagher, directrice Exécutive. L’entreprise prévoit de trouver un équilibre aux environs de 90 salariés, veut s’élargir à des marchés nouveaux, notamment des compléments alimentaires vers le Soudan !
Autre surprise avec le groupe Brandt, qui fabrique notamment des fours et des plaques à induction. Il emploie 750 salariés sur ses deux sites d’Orléans et Vendôme. Saviez-vous que le groupe a aussi les marques De Dietrich, Sauter et Vedette, et surtout, qu’il s’adosse au premier groupe agro-industriel familial privé algérien Cevital ? Avec un chiffre d’affaires de 4 MD€, il progresse de 30% par an ! Et ce n’est pas fini, car il ambitionne de capter le marché africain. Pourtant, « 80% de notre production est faite en France, explique Olivier Gourlaouen, directeur des opérations. De notre site d’Orléans, sortent 500 000 fours, cuisinières et tables de cuisson. S’y trouve aussi notre centre recherche et développement avec 90 personnes qui travaillent à l’innovation ». À Vendôme, 140 000 pièces high-tech sont produites !

Gardez la French-Fab
Être une entreprise à capitaux étrangers ne veut pas dire que l’on est étranger, bien au contraire. Tous ces établissements génèrent de l’activité sur notre territoire et souvent exportent jusqu’à 90% de leur chiffre d’affaires, participent à la diversification de nos compétences locales, avec un fort impact économique. Elles créent de l’emploi et de la valeur ajoutée. « La création et l’innovation sont indispensables, poursuit Olivier Gourlaouen, sans cela on est mort ». La « French Fab » est un sujet essentiel pour ces entreprises qui créent sur notre territoire. « Nous ne sommes pas que des assembleurs, poursuit-il, cette année notre plan d’investissement est de 10 M€ ».
Reste que les emplois doivent suivre. C’est un paradoxe, en cette période : « on a du mal à recruter des cadres avec un savoir scientifique suffisamment poussé, regrette Aoife Gallagher. Alors on recrute de jeunes cadres que nous formons. Des jeunes souvent issus de l’alternance, et c’est bien ».
Et François Bonneau, président de la Région, de conclure : « Les marchés industriels ne repartiront pas sur les bases d’avant. Il faut profiter des ruptures technologiques ou de produits qui se font jour, pour occasionner des relocalisations ».
Autrement dit, la crise, mais aussi les marchés émergeants et les capitaux, d’où qu’ils viennent, sont autant d’opportunités qu’il faut savoir saisir maintenant.
Stéphane de Laage

 

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En quelques chiffres
La région Centre est une terre d’accueil pour ces capitaux étrangers
Loiret : 183 établissements et 29,7% des effectifs.
Indre-et-Loire : 103 établissements et 19,7% des effectifs.
Eure-et-Loir : 110 établissements et 19,1% des effectifs.
Loir-et-Cher : 74 établissements et 13,9% des effectifs.
Cher : 68 établissements et 10,7% des effectifs.
Indre : 45 établissements et 8,7% des effectifs.