En Sologne, les pensions canines sur les dents

Patricia est la gérante de l’une des deux pensions canines de la commune de Pruniers-en-Sologne, l’une des vingtaines du département. Elle a exprimé la souffrance de la profession conséquemment à l’état d’urgence sanitaire. Des propos recueillis la veille du déconfinement, le 10 mai, sur le site de sa garderie avec masque et distance de sécurité.

Les espaces sont en attente de pensionnaires. Tout est à l’arrêt, ici comme ailleurs. Le 11 mai marque un nouveau départ dans une ambiance qui déconfine mais demeure particulière, avec son lot d’interrogations. « Je fais habituellement ma saison entre février et fin octobre. Pour le mois d’avril, c’est une perte de chiffre d’affaire que j’évalue entre 10 000 et 12 000€. Tant que le tourisme et l’événementiel ne reprendront pas mes clients ne me donneront pas leurs animaux à garder. La profession fait face à plusieurs tangentes. La limite des 100 km sera-t-elle bientôt dépassée ? Les juillettistes qui avaient prévu une destination en France partiront en vacances mais pour ceux qui avaient opté pour l’étranger, reporteront-ils leur voyage à l’année prochaine ? » Depuis l’annonce du déconfinement, Patricia voit le calendrier de toilettage de son employée, mise au chômage partiel, se remplir. « Cette reprise des rendez-vous est certes rassurante mais la viabilité économique de mon entreprise repose sur la pension. Les 1500€ (1300€ en mars comme le mois n’était pas complet) accordés par l’État m’ont permis de ne pas licencier mon employée et de garder la tête au-dessus de l’eau malgré une trésorerie à sec. Mon employée reste en chômage partiel jusqu’à début juin. Elle reprend partiellement le travail uniquement pour les toilettages. Ma banque m’a permis de reporter un échéancier d’emprunt. Quant à mon assurance, elle est encore en recherche d’une aide par un versement spécifique à mon activité. Une aide de la Communauté de Communes du Romorantinais et du Monestois devrait arriver début juin en attendant par signature son officialisation par la commission permanente de la Région et que les différents leviers soient actionnés. C’est un jeu d’équilibre avec en poids les futures charges fixes.»

Une reprise progressive, des conseils pour l’après

Depuis ce lundi, Patricia peut reprendre l’ensemble de ses activités en toute sécurité. « L’ activité de pension, de toilettage et de vente de produits alimentaires pour animaux reprendra avec toutes les normes de sécurité. N’est autorisé qu’un client par animal. Du gel est disponible au parking, à l’accueil et à la station de toilettage. Je tiens à remercier le restaurant l’Épicuriende Villeherviers pour m’avoir donné deux masques intégraux. Je conseille à tous les propriétaires de chiens et de chats d’être vigilants au possible mal-être que pourraient ressentir leurs animaux lors du déconfinement. En effet, après autant de temps passé avec leurs maîtres, ils pourraient se sentir déphasés lors d’un retour au travail qui pourrait être vécu comme un délaissement, sinon un abandon. Parfois, il suffit juste de laisser de la musique ou la télévision pour créer un fond sonore apaisant. Il ne faut pas hésiter, pour les cas plus graves d’aboiements intempestifs de longue durée ou de prostration, de consulter un comportementaliste ou éducateur canin.  »

Fabien Tellier