In vino contre veritas !


Les intégristes hygiénistes et autres bonnes consciences préoccupés par notre bonne santé envers et contre nous, reviennent à la charge contre le vin. Pour leur cause, nous voir absolument mourir en bonne santé, ils veulent nous priver de nos petits bonheurs et autres gorgées de vin ! Je vous le dis, le rire est le propre de l’homme, certes, mais le bien boire aussi. Je ne dis pas, pour paraphraser Rabelais, boire simplement, car aussi bien les bêtes boivent. Je dis boire, avec le sens de la modération bien entendu, du bon vin, en appréciant les qualités visuelles, olfactives et gustatives.

« Le vin est un alcool comme un autre » a lancé Agnès Buzyn, ministre de la santé. Immédiatement plusieurs membres du gouvernement sont montés au créneau pour défendre le vin provoquant une réaction démesurée d’associations de prévention en alcoologie et de quelques scientifiques (lire les Figaros du 5 et 12 mars dernier). Ils affirment que le vin est un alcool comme un autre. Rappelons tout d’abord que le vin est un patrimoine culturel, une tradition, une identité nationale. Et, scientifiques contre scientifiques, rappelons-nous le « French paradox »? Phénomène très français qui épate les Américains attestant que la consommation régulière et raisonnée de vin protège de certaines maladies cardio-vasculaires ou encore lutte contre le vieillissement.

Henry Marionnet, vigneron à Soings-en-Sologne, passablement énervé a envoyé en réponse une lettre ouverte au journal et à l’association où il écrit :

« Étant vigneron de père en fils en Sologne viticole, il est de mon devoir de vous faire part de mon exaspération. à la lecture de différents articles concernant la dangerosité du vin… Je me permets de réagir aux démonstrations que vous vous autorisez à faire vis à vis de ce merveilleux breuvage que vous présentez comme un grave danger pour la santé. Vous déclarez par exemple une énormité en prétendant que le vin est un alcool… Consultez simplement le dictionnaire Larousse, au mot vin qui donne la définition suivante : « Boisson obtenue par la fermentation naturelle du raisin ». Pour l’alcool, le commentaire est le suivant : « Produit obtenu par distillation de jus fermentés. » Au mot boisson, on trouve : « Tout liquide que l’on boit pour se désaltérer ou se rafraichir. Liquide fermenté comme le vin, le cidre »… Si vous n’êtes pas d’accord avec ces définirions, adressez-vous à l’Académie Française…

…D’ailleurs. à part VOUS et vos collègues signataires des articles, personne ne fait cet amalgame dans la vie courante comme par exemple chez les cavistes professionnels ou les magasins d’alimentation, les rayons vins et les rayons alcools sont toujours bien séparés et différenciés. C’est également la même règle avec les cartes des restaurants. Vous essayez ainsi de tromper le monde en menant le vin dans la catégorie alcool…

… Le vin est une boisson qui contient environ 12° ou 13° d’alcool obtenu par la fermentation naturelle du jus du raisin. Il n’a rien à voir avec un alcool d’environ 50° obtenu par un procédé industriel de distillation, c’est-à-dire à l’aide d’un alambic. Cela n’est pas du tout la même chose… Le vin est un produit de la nature, issu d’un végétal et d’un terroir qui est composé de plus de 500 éléments actuellement reconnus. Paradoxalement, le plus important de ses éléments est l’eau à 87 % environ … mais il contient aussi des acides (tartrique. malique. lactique), de l’important resvératrol (*), des tanins, des anthocyanes, du glycérol et de nombreux éléments minéraux. Grâce à cette riche composition, l’alcool issu de la fermentation du raisin présent dans le vin est beaucoup plus assimilable et profitable à l’homme… Le vin est facteur de santé à condition, bien sûr, comme tous les produits alimentaires, de le consommer en fonction des besoins physiologiques de chacun. Ceci étant dit, je vous joins quelques documents faisant état de travaux importants. et de constatations réalisées par des médecins et scientifiques…

Je peux aussi vous dire que mon grand-père et mon père sont décédés respectivement à 90 et 95 ans après avoir bien vécus. J’ai moi-même 77 ans, je suis en parfaite santé et j’en profite pour vous citer un vieil adage Tourangeau issu de la constatation des choses de la vie et de la sagesse populaire : « il y a plus de vieux vignerons que de vieux médecins » Alors. quand un ministre de la santé va même exposer qu’un seul verre de vin, dans la vie, peut augmenter le risque de cancer… Cela devient de la caricature, et si celle affabulation était vraie, tous les vignerons en France seraient morts avant l’âge de 40 ans… Un vigneron heureux de vivre en parfaite santé vous salue ! »

Pour ces mêle-tout de notre santé, la moindre consommation de vin, même mesurée, serait donc mauvaise? Pour eux, le vin doit être assimilé à une drogue et doit être considéré comme dangereux dès le premier verre. Ils veulent nous expliquer sur les étiquettes que boire peut tuer ! Mais prendre le volant de sa voiture le matin pour partir au boulot peut également tuer ! Saviez-vous que naître tue inéluctablement ! Seules l’éducation, la raison, et la responsabilité sont à même de lutter contre les excès. Nous devrions au contraire être fiers du vin français et le défendre comme un patrimoine. Il pourrait être aussi, grâce à une éducation intelligente, une arme contre les mauvaises pratiques d’alcoolisation des jeunes qui font tant de dégâts. Une initiation intelligente permettrait d’éviter la « défonce » du vendredi soir (binge-drinking), de respecter le vin et le vigneron. C’est un apprentissage fondamental.

Gérard Bardon

(*) Au sujet du resvératrol dont parle Henry Marionnet  : L’antioxydant star présent dans le vin, le resvératrol, pourrait réduire les conséquences néfastes d’une vie trop sédentaire selon les résultats d’une étude publiée dans la revue Federation of American Societies for Experimental Biology Journal.