L’ EHPAD n’a plus la cote


En chef de file de l’action sociale et de la solidarité, le Département du Loiret a adopté lors de la session de juin 2022, son schéma de cohésion sociale. Ce document d’orientations sociales et médico-sociales, établi pour une période de cinq ans (jusqu’à 2026), doit faciliter le parcours de vie des Loirétains, adapter l’offre médico-sociale, développer la prévention et répondre à la réalité diverse de ses territoires
Le Loiret compte 678 722 habitants, dont plus de 3% a dépassé 85 ans. Et les projections de l’INSEE indiquent que cette frange de la population doublera à l’horizon 2030, pour atteindre 47 000 personnes environ.
« C’est à la fois un sujet d’inquiétude et un atout, précise Marc Gaudet, président du Conseil départemental du Loiret. Les personnes âgées sont actives dans la société, souvent dans le monde associatif ; elles représentent un certain pouvoir économique, et font souvent le lien intergénérationnel dont nous avons tous besoin ».
Encore faut-il que nos aînés vivent dans la société comme elles le souhaitent, dans des conditions acceptables pour tous, en cohérence avec les progrès de la médecine qui allongent toujours plus notre longévité.
« Le constat est sans équivoque, poursuit Christian Braux, vice-président en charge de la commission Bien Vieillir. Il y a 7 000 places en EHPAD, dont 800 disponibles. L’Ehpad ne fait plus recette » ! De fait, on y entre de plus en plus tard, au point que l’EHPAD devient une résidence de fin de vie. On y passe en moyenne 15 mois, rarement plus. Les gens veulent naturellement rester à leur domicile, avec leurs repères, la famille et les amis.
LVB, Loiret Bien Vieillir
L’une des solutions consiste à organiser une aide, voire une hospitalisation à domicile, associant les EHPAD et les acteurs de santé. C’est ce à quoi s’attelle le Département, en engageant son plan Loiret Bien Vieillir.
C’est l’une des 12 actions clés du projet de mandat 2015-2021. L’impact financier de cette opération sur le terrain s’élève à 158M€, grâce notamment aux 23M€ qui auront été apportés par le Conseil départemental, pour des travaux de réhabilitation ou de construction dans 23 établissements (La Région apporte 7M€ et l’Agence Régionale de Santé 13,3M€). La réflexion sur les conditions d’accompagnement se fait au cas par cas avec l’agence régionale de santé bien sûr, le CHRO, les services d’aide et d’accompagnement à domicile. Des projets sont ainsi en cours de réflexion ou de réalisation, comme les nouveaux EHPAD de Château-Renard, Faye-aux-Loges et Châteauneuf-sur-Loire, ainsi que la construction à venir de celui de Fleury-les-Aubrais. Sans oublier les nombreux projets privés qui visent à favoriser la vie partagée ou la cohabitation intergénérationnelle.

Égalité du territoire
Mais il arrive que certaines situations soient compliquées. C’est le cas notamment dans les établissements dont la propriété et la gestion sont partagées. L’EHPAD d’Outarville par exemple, est la priorité du Conseil départemental, et la gestion en est confiée à un organisme privé. Bien que construit en 1994, donc assez récent, les locaux méritent des travaux de fond, près de 3M€. « Un établissement neuf coûte environ 10M€ pour 80 places, explique Marc Gaudet. Alors dans les situations délicates, il arrive qu’on se pose la question de la répartition des frais. Jusqu’à envisager que l’exploitant rachète les bâtiments ».
Ainsi, le Plan Loiret Bien Vieillir est un levier d’adaptation d’une partie de l’offre médico-sociale à l’attention des personnes âgées dépendantes. Il organise l’amélioration de l’offre de service en EHPAD, avec l’idée de maintenir des prix de journée accessibles au plus grand nombre (environ 58€/jour), et adapter les conditions de prise en charge aux spécificités des résidents actuels et à venir.

Stéphane de Laage