Le gouvernement se jette à l’eau


Pendant que les piscines du Centre-Val de Loire se déconfinent et deviennent à nouveau accessibles, à Contres et Lamotte-Beuvron par exemple, la ministre des sports Roxana Maracineanu avait choisi le Loir-et-Cher mardi 30 juin pour parler aisance aquatique. Un été comme des poissons dans l’eau. Ou quasi.

Avec ce maudit printemps à la sauce Covid-19, le ballet des ministres s’était interrompu en Loir-et-Cher, un département pourtant habitué à en recevoir très régulièrement. Mais les “bonnes” habitudes ont été retrouvées avec le déplacement de Roxana Maracineanu à Saint-Aignan-sur-Cher dans la matinée du 30 juin. Une visite sportive du fait du ministère accordé à l’intéressée ! Mais sans sport excessif pour la presse locale qui, parfois grogne du traitement réservé par les sphères étatiques, mais qui sait aussi reconnaître dans ses colonnes lorsque la rencontre se passe bien. Alors, malgré un basculement d’horaire inopiné en avance qui nous aura fait arriver quelque peu sur le fil du rasoir, et rater la marche avant la piscine, un peu en retard tout comme le député Guillaume Peltier arrivé en même temps que nous, le moment s’est déroulé sans accrocs et pour une fois sans trop de restrictions d’accès, dans une ambiance détendue, les beaux jours étant là aidant et l’envie forte de convivialité après la période de confinement aussi. Passé cet aparté, plongeons dans le vif du sujet, à savoir la présentation du plan gouvernemental d’aisance aquatique au camping des Cochards, dirigé par Ludovic Bonvallet, à Seigy, avec pléthore d’élus de toutes sensibilités politisées. Pas un qui n’aura sorti son maillot de bain, mais tous auront salué la démarche lancée par le ministère de sports l’an passé et qui poursuit son déploiement en 2020. Concrètement, derrière « aisance aquatique », se niche une volonté de prévenir les noyades. Car on y pense rarement et on l’oublie souvent mais un accident peut arriver rapidement, surtout dans l’élément eau. «Quelqu’un qui se noie ne va pas crier du fait du manque d’air, cela se passe donc en silence et peut créer des drames familiaux irréparables, en particulier chez les moins de 3 ans et les plus de 60 ans,» a commenté Roxana Maracineanu, ancienne nageuse de haut niveau, accompagnée à Seigy d’un autre géant (dans tous les sens du terme) habitué des bassins, le champion olympique Alain Bernard qui aura «sauvé» la presse d’un bourdon. «Avec l’arrivée de l’été et de la chaleur, les gens vont être tentés de trouver des points d’eau pour se rafraîchir; or, les lieux choisis ne sont pas toujours en baignade surveillée. C’est pourquoi j’encourage les municipalités à réouvrir leurs piscines. J’assure qu’il n’y a aucune crainte à nourrir avec le virus du fait du chlore. Et dans une période comme celle que nous traversons, c’est important également pour une continuité touristique plus forte.»

Un plan bouée au secours des piscines noyées
Et voilà, le pavé est jeté dans la mare. Les chiffres sont d’ailleurs éloquents : les noyades accidentelles représentent environ 1 000 décès par an; une noyade sur quatre s’avère mortelle, un pic de chaleur multiplie par trois ce risque. Ce plan officiel d’ «aisance aquatique », doté d’une enveloppe pesant 15 millions d’euros, est en sus d’une brasse plus large que ce seul premier constat. « Le sport est une politique de santé publique, pour tous les âges. Il s’agit de mobiliser les communes et aussi de travailler sur la mixité. Il faut que les enfants puissent s’habituer à prendre soin de leurs corps, à faire du sport, pour les petits garçons comme les petites filles, » a souligné l’actuelle ministre des sports, qui le restera ou pas après le remaniement macronien prévu. «Savoir nager, c’est être autonome. En maillot de bain, il est en outre plus aisé de repérer les maltraitances sur les enfants à protéger. Enfin, le sport comme engagement peut servir d’insertion professionnelle sur un CV pour les jeunes. » Et sinon, pourquoi un déplacement en vallée du Cher expressément ? Pour l’anecdote, Roxana Maracineanu, originaire de Roumanie, connaît le Loir-et-Cher car elle a raconté avoir vécu un temps à Blois après son départ du pays précité. Ce n’est évidemment pas pour cette raison que cette visite officielle fut décidée. Il a été indiqué qu’un appel à projets avait été émis. Appel entendu par la municipalité de Saint-Aignan-sur-Cher. Le camping des Cochards, sur la commune voisine à Seigy, accueillait ainsi selon ce principe une formation « aquatique » à destination des professionnels, du 22 au 26 juin. «L’action menée dans notre commune est d’importance, » a confirmé le maire, Eric Carnat « Le dispositif « aisance aquatique », associant prévention des noyades chez les jeunes enfants de 4 à 6 ans et pratique des activités aquatiques, a pu être initié et ce, malgré un contexte particulièrement compliqué : la crise sanitaire et la fermeture de notre piscine suite à un incendie accidentel. Aujourd’hui, notre volonté, notre engagement et l’investissement de chacun ont permis aux enfants des trois écoles de Saint-Aignan 4 semaines d’apprentissage et de familiarisation avec l’eau. L’expérience acquise par nos équipes et personnels devra être partagée pour bénéficier à plus d’enfants sur l’ensemble du territoire du Val de Cher Controis. Territoire qui, je me permets de le rappeler, souffre actuellement d’un manque flagrant d’équipements, et j’assume ce qui va suivre, un manque lié certainement à une absence de vision et de volonté politique au niveau communautaire, puisque sur 4 piscines, une seule restera fonctionnelle à la rentrée de septembre. Deux fermetures auraient pu être anticipées puisqu’elles sont dues à des travaux et à des besoins importants de rénovation. » Sans langue de bois et les pieds dans le plat, et peut-être un zeste d’eau dans le gaz entre élus candidats à l’approche des élections devant désigner le 16 juillet le président de la Communauté de communes Val de Cher Controis… Quoiqu’il advienne, pour apporter de l’eau à son moulin traversé par le Cher, dans la droite lignée du plan gouvernemental précédemment expliqué, Eric Carnat a annoncé une bonne nouvelle estivale, à savoir l’ouverture d’une zone de baignade, surveillée, située sur l’île-plage de Saint-Aignan.

Émilie RENCIEN