Le juste prix …


La matière fécale remplace parfois cervelet, bulbe et pédoncules cérébraux. L’altercation télévisuelle entre le néo-député de Paris LFI, Louis Boyard et l’ineffable vide sidéral, Cyril Hanouna – à la télévision ce que Trump est à la politique- en est une nouvelle preuve. Rien de surprenant si on se remémore que l’animateur protée du groupe média de Vincent Bolloré, parmi les hauts faits télévisuels de ses débuts, soufflait dans l’arrière train de clébard pour détendre l’atmosphère et les trous du cul qui le regardaient. Art de la dérision ou maltraitance animale, plusieurs années plus tard, on ne sait toujours pas.
Louis Boyard, rien à voir avec le fort charentais du même nom, a fait les frais d’un des plus beaux battages médiatiques niveau poubelle du tout venant – la marron – lors de l’émission Touche Pas à Mon Poste (TPMP). Son détracteur, rabatteur de neurones perdus, lui a signifié que l’on ne pouvait pas dire du mal de son patron, même quand on n’était plus son salarié. Il a ajouté quelques noms d’oiseaux pour faire passer le message. Qualifié de « merde, tocard, abruti, bouffon », le petit Louis ne pouvait qu’aller voir ailleurs. Pour Cyril, moralisateur de l’entrepreunariat, à l’heure où les chômeurs vont voir leurs prestations bien entamées, percevoir nettement moins qu’un Smic est suffisant pour faire fermer le clapet de qui que ce soit, député inclus. La liberté d’expression a des limites qui sont essentiellement pécuniaires et non idéologiques. Plus précisément, le gars Louis aurait touché 6784 € en rémunération de piges/factures pour des participations à TPMP. C’est le boss de l’émission qui l’a dénoncé. Une somme astronomique pour six mois de prestations. Un pactole sensiblement réduit par les charges inhérentes (environ 22 % en régime auto-entrepreneur). Selon le producteur-animateur-etc. de télé, il suffit donc du versement d’émoluments à hauteur de 5292 € pour faire taire un élu de la République. Dans Proposition indécente de Adrian Lyne, Diana Murphy, le personnage incarné par Demi Moore – qu’est-ce qu’il a bon goût Bruce- perdait robe et dentelles pour un million de dollars ! Elle pouvait cependant conserver au moins sa liberté de penser. # Me Too n’existait pas encore !
Le meilleur des représentants du nivellement par le bas a spécifié, devant un parterre de fanzounes conquis et de larvaires chroniqueurs couchés au pied, pas bouger, qu’il ne fallait pas cracher dans la soupe, ni mordre la main qui nourrit. Leitmotiv assumé du « tu palpes et tu la fermes ». Ainsi quand tu bosses un temps pour ou avec Baba, c’est pour la vie. Une seule devise « Paillasson un jour, paillasson toujours ». Il faut bien manger, direz-vous. On savait que le code du travail avait évolué mais quand même ! Concrètement, pour l’équivalent de la première mensualité d’une voiture électrique en LLD, ou à peine le prix dune voiturette sans permis, on ne doit pas cracher dans la soupe. Ou encore, pour 5345 Bubblegum Dr Candy, autant pour des barres de chocolat Toblerone, achetés dans un magasin de déstockage, un député ne doit pas dire du mal d’un membre éminent du CAC 40. Un gazier qui vient d’engranger 562 millions d’euros de bénéf sur le premier semestre 2022, en plus quand c’est un ami, ne peut pas être un empaffé de première, même pas de deuxième. Les amis, ça compte et tout le monde n’a pas les mêmes valeurs. C’est comme pour les rillettes. Cependant, envoyer bouler un représentant du peuple en lui vomissant sur les pieds le versement d’un « salaire » de précaire, ce n’est pas seulement du mépris, c’est une insulte à tous les salariés, quels qu’ils soient.
Elle est décidément sympa cette société qui encense un mec émargeant à plusieurs dizaines de milliers d’euros en train d’insulter un élu de la République. On ne pouvait décemment attendre mieux d’un temps où l’on fait croire que les putasseries de Koh-Lanta ne sont que stratégies, qu’influenceur est un métier ou que vivre aux Émirats est la panacée. Ce n’est finalement pas une surprise. Bon, maintenant, faudrait pas aussi que les gueux mangent à leur faim !

Fabrice Simoes