Le prix Nobel est attribué à …


« Les cons, ça ose tout. C’est même à ça qu’on les reconnaît. » Cette maxime d’Audiard père, celui de « y a d’la pomme mais y a pas que ça », est toujours d’actualité.
Dans le genre « je suis con et je l’assume », un champion toute catégorie vient d’être nominé, le député Norvégien d’extrême-Droite, Christian Tybring-Gjedde. Par des mots flatteurs il a fait savoir que Donald Trump, celui qui assure que les feux de la côte Ouest américaine vont bien s’éteindre un jour parce que, comme la soupe un soir d’hiver, « ça va se refroidir … », était un candidat possible pour l’obtention du prix Nobel de la Paix. Un moment, Christian avait bien pensé nommer Vladimir Poutine pour sa gestion de la crise en Biélorussie mais plébisciter un ancien colonel du KGB, ça le faisait pas trop question crédibilité personnelle.
À partir de ce repère, et sur un même mode de raisonnement, on pourrait se faire une petite liste de prix, non ?
Le Nobel de médecine pourrait être attribué collectivement à tous les contributeurs-spécialistes de la Covid 19 des réseaux sociaux. Les membres associés d’une partie des GAFA, vide-ordures de la déjection mentale, seraient ainsi récompensés pour l’ensemble de leurs œuvres actuelles, passées et à venir. Juste récompense !
Celui de rhétorique pourrait revenir, de concert, à Emmanuel Macron et Nicolas Sarkozy pour leurs dernières remarques anti-écologistes. Dépassé le traditionnel discours où se mélangent macramé, transports en diligences et éclairage à la bougie, voici venu le temps de la modernité des métaphores . Entre le « Je ne crois pas au modèle amish. Et je ne crois pas que le modèle amish permette de régler les défis de l’écologie contemporaine » pour défendre la 5G, de l’un et le « Si quelqu’un demain voulait construire la tour Eiffel, ceux qui défendent les crapauds à points jaunes et à pois bleus s’y opposeraient » de l’autre, difficile de départager. Vous me direz que l’on pourrait en créer un spécial inversé pour le maire de Bordeaux, Pierre Hurnic, pour son arbre de Noël qui ne retrouvera pas sa place cet hiver. « Je garde souvenir de cet arbre mort qu’on faisait venir tous les ans… Ce n’est pas du tout notre conception de la végétalisation» a-t-il dit. Le verbe et les mots, c’est bien mais ce n’est pas le tout de vouloir faire rire son auditoire. Surtout que, désormais, tout le monde – de moins en moins de monde d’ailleurs – n’a pas le chromosome de l’humour dans son capital génétique.
Prix pour prix, on devrait décerner un prix de la barbarie. Alors que Daesh est déclaré hors concours depuis longtemps, la place est chaude. Cette année, devant le manque de résultat tangible de Kim Jong-un en raison de son absence des écrans pendant la pandémie, et à défaut de visibilité sur les camps d’internements des Ouïgours, il ne sera pas donné en Asie. Ou alors mineure, l’Asie. Une proposition d’attribution à Recep Tayyip Erdoğan, autre grand représentant de la démocratie mondiale, peut sembler fort judicieuse. Une récompense qui serait en lien avec le décès de l’avocate Ebru Timtik, condamnée en 2019 à plus de 13 ans de prison, poursuivie pour ses actions d’avocate, selon les uns, pour «appartenance à une organisation terroriste» selon la version officielle. Elle avait entamé une grève de la faim depuis 238 jours, et est morte à la fin août. Ce décès s’ajoute à celui de la chanteuse turque du Grup Yorum, Helin Bölek, 28 ans. Elle a succombé, comme d’autres depuis, début avril, au 288e jour, à la grève de la faim entamée pour dénoncer la censure et la répression de sa formation musicale. Certes, le maître de la Turquie moderne n’a pas encore le niveau de Margareth Tatcher, la dame de fer et ses dix morts de Maze, mais ça avance, ça avance …
Le prix Nobel du boomer est définitivement attribué à Diana Rigg. Si l’humour et le chapeau melon de John Steed ont plus fait pour le rapprochement franco-britannique que tous les crunch de l’histoire, les bottes et la combinaison d’Emma Peel ont causé beaucoup d’émois pré-pubères. Au moins autant que la voix de Joëlle du groupe « il était une fois » chantant « j’ai encore rêvé d’elle … »

Fabrice Simoes