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Le temps des marronniers et des donneurs de leçons

Voilà arrivé le temps du marronnier d’automne: la rentrée des classes. Et de digresser sur les classes surchargées, ou pas, fermées, ou pas. Au programme de cette année scolaire, de l’apprentissage, pas que, mais pas de devoirs à la maison. Depuis que les associations de parents d’élèves se mêlent d’instruction et beaucoup moins d’éducation, plus de travail après l’école! Pourtant, les donneurs de leçons sont perpétuellement là. Même s’ils agissent en ordre dispersé. Même s’ils ont dévoyé l’entrisme originel. Même s’ils tentent de façonner une société à leur valeurs souvent surannées et empreintes de théories du complot digne des pires romans-photos.
Parmi les premiers de cordée, le Mouvement Radical, donneur de leçon d’économie, devenu en cette période covidienne pourfendeur de journées chômées-payées. Pour ces redresseurs du PIB, sous couvert d’une laïcité toute financière et « pour garantir aux salariés une égalité face à la liberté de culte », il ne doit rester sensiblement que la moitié des jours fériés. Certes les 8 mai, lundi de Pâques, jeudi de l’Ascension, 15 août, Toussaint pourraient toujours être non-travaillés mais sous forme de congés payés. Pour la même raison laïque on pourrait aussi instaurer le travail obligatoire du dimanche. Le jour du seigneur supprimé ça serait un signe, non ? On ne voit pas non plus à quelle religion relier le 8 mai d’ailleurs. Dans la foulée, ces pourfendeurs invétérés du Code du travail voudraient aussi que l’on supprime CDD et CDI pour le transformer en un contrat de travail unique unissant les deux ! Le président du plus vieux parti politique de France a des idées neuves. Il veut passer à l’annualisation du temps de travail. Laurent Hénart explique ainsi que « les 35 heures restent la référence, mais à l’échelle d’une année et non pas à l’échelle de la semaine ». IG Métal (Industriegewerkschaft Metall) syndicat professionnel allemand (industrie métallurgique, textile et habillement, bois et plastique) qui représente environ 2,5 millions de salariés planche quant à lui sur la semaine de 4 jours. Et comme nous n’avons pas de leçons à recevoir d’outre-Rhin…
On a aussi des pays donneurs de leçon de liberté d’expression tel l’Iran, 173e sur 180 pays du dernier classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters Sans Frontières. Son ministre des affaires étrangères vient de fustiger la publication de la Une de Charlie hebdo de la semaine dernière, les dessins pièces à conviction du procès des attentats de 2015. Petit rappel, si ridiculiser ou insulter Mahomet, le prophète de l’Islam, est passible de la peine de mort dans la république islamique iranienne, le blasphème n’est pas interdit au pays des droits de l’homme. Même, cette liberté est garantie par la loi de 1881. Dans l’hexagone, à la limite, on risque tout au plus une excommunication ! Dieu qui est lumière n’éclaire pas tout le monde de la meilleure façon.
On retrouve également des hommes politiques à la manière de Donald Trump. Ce spécialiste de la fake-new, du courage et du patriotisme à l’américaine, une main sur le cœur et son portefeuille, le fusil d’assaut dans l’autre, drapeau étoilé dans le jardin a conservé, caché dans un tiroir du bureau ovale, son certificat médical de complaisance pour ne pas aller au Vietnam. Chez nous, à tous les échelons on peut les croiser. Au national, M’sieur nout’maître Manu donne des leçons de déontologie à un journaliste du Figaro, journal tout de même plus proche de la majorité présidentielle que l’Humanité, jusqu’à envisager l’idée de « certifier déontologiquement » la profession. Au régional, au local, ces personnages sont légion, petits chefs imbus d’insuffisance cognitive, titulaires de bien-pensance intuitive en rien instruite. La liste de ces insignifiants à qui les failles de la démocratie laissent le champ libre, illustrent parfaitement le principe de Peters. Tous donneurs de leçons dans des domaines qu’ils ne maîtrisent pas.
Au fait, parler des donneurs de leçon c’est déjà vouloir en donner une. à la prochaine visite chez mon disciple de Lacan préféré, il faudra qu’on en parle …

Fabrice Simoes

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