“Manu”, en veux-tu en voilà, X fois repetita


Après le château de Chambord le 22 juillet, le Président aura visité l’EHPAD “La Bonne Eure” de Bracieux le 22 septembre. Avec un même principe restrictif de casting des journalistes. Tristement, rien de neuf sous le soleil en marche.

En raison de sa proximité avec Paris, le Centre-Val de Loire fait figure de pain béni pour le Gouvernement qui veut capter des images sans trop de kilomètres. Si pour cette énième visite présidentielle en région donc, le lieu changeait, la méthode fut resucée; éternel recommencement, frustrant. Un pool, soit un groupe fermé de journalistes (majoritairement nationaux), autorisé à suivre « Manu », pour les uns; encore et toujours pas d’accréditations pour les autres. La raison invoquée ? La pandémie. La bonne excuse… Même si nous ne sommes pas blondes au point de ne pas comprendre ces limitations d’invitations. « Vivement que l’épidémie cesse alors!» aurons-nous rétorqué, un brin ironiques, à l’attaché de presse de l’Elysée que nous avions au bout du combiné, pour négocier, après réception d’une note d’information détaillant le menu tout en rouge. Couleur nous excluant d’emblée sans autre forme de procès une énième fois de cette visite d’État planifiée. « A qui le dites-vous! » nous aura répondu l’intéressé, au bout du fil. «Et puis, 2h avant l’évènement, impossible de vous ajouter au listing, trop tard, désolés ! Comment s’appelle votre journal ?Je retiens pour la prochaine fois!» Nous y aurions presque cru l’espace d’une seconde. Car avec une note reçue à 8h49 le 22 septembre, alors que les médias castés ont été prévenus la veille le 21 septembre… Le discours élyséen argumenté par téléphone était donc savoureux de contradictions. Un autre instant, notre espoir a encore été ravivé. «Je vous propose quelque chose, » auront fini par préciser nos successifs interlocuteurs en ligne. « Vous pouvez suivre le micro tendu. Sur le Twitter du Président. Nous ferons un live!» Hum. Après la ritournelle bien éprouvée, avec la sensation osée d’aller attendre sans garantie de succès notre star préférée au pied de son hôtel avant son show, nous aurons inlassablement à Bracieux re-bataillé. «C’est sur accréditation! Enfin, non, oui pas d’accréditation avec le virus. Enfin, ça ne se passe pas comme ça, Madame ! Mettez-vous sur le côté, on en reparle ». Le genre de phrases similaires à celle d’un homme qui veut vous larguer sans l’assumer, mais dont vous percevez aisément le couperet.

Macron à l’EHPAD, ce qu’il fallait surtout retenir

Mais peut-être sommes-nous de mauvaise foi. Mais peut-être n’avons-nous pas assez insisté, même si en Loir-et-Cher, cela ne nous gêne pas de “marcher dans la boue”. Mais fichtre, de quoi nous plaignons-nous, car nous avons eu le suprême privilège de croiser le regard d’Emmanuel Macron, la vitre de son auto baissée à notre hauteur à Bracieux (Cf. notre photo), gravant ad vitam eternam dans notre mémoire cet échange les yeux dans les yeux masqués, furtif mais intense. Et allez, espérons que le coronavirus nous laissera rapidement tranquille, afin enfin d’être à nouveau invités et tolérés. Promis, juré, craché, “Manu”, plus de date manquée, pour de vrai ? Hormis la dame fan de “Manu” venue à Bracieux avec une boule à neige à l’effigie présidentielle souhaitant ardemment rencontrer l’homme “inaccessible”, le vrai sujet se situait dans les propos du directeur de l’EHPAD bracilien (80 résidents), Pierre Gouabault, aussi actif et à l’aise sur le terrain que sur les réseaux sociaux. «Le Président de la République s’est montré très à l’écoute pendant cette visite, face aux enjeux du vieillissement. Je lui ai demandé la création au 1er janvier 2021 de 20 000 emplois en France dans les EHPAD, tous confondus. Il faut un changement profond. L’EHPAD n’est pas juste un lieu d’hébergement, c’est un lieu de vie. Nous attendons beaucoup de la loi 3D qui est liée à la loi grand âge et autonomie (reportée en 2021). Il est possible de mixer déconcentration et décentralisation, tout en conservant un Etat régalien, fort. Mr Macron nous annoncé, en compagnie de la ministre Brigitte Bourguignon, la tenue d’une concertation au plus près des territoires, un Laroque de la santé et de l’autonomie (NDRL. A priori, référence à Pierre Laroque, haut fonctionnaire, « père » de la sécurité sociale en 1945). Vous savez, notre région est très scrutée par l’Etat. D’ailleurs, nous accueillerons très bientôt le Premier ministre Castex va incessamment.» Nous devrions en être, peut-être…
Émilie RENCIEN

PHOTO « Manu » (c) Émilie RENCIEN