Mont-Près-Chambord : Guillaume Peltier dans la tourmente médiatique, sans oublier un recours électoral


Si un appel du député LR de Loir-et-Cher au polémiste Zemmour puis un article Médiapart sur des manoeuvres d’argent public alimentent gazettes nationales et cafés du commerce en Sologne, plus vite que la langue des corbeaux, ce bad buzz est grossi par une procédure administrative engagée cet été contre ce même Peltier par un militant PCF sur le canton de Chambord, après le résultat des élections départementales. Jérémie Demaline dénonce des méthodes de gagne qu’il estime peu catholiques.
Après les affaires financières de l’ex-président du Département de Loir-et-Cher, Nicolas Perruchot, dans le viseur de la justice (compte offshore aux Seychelles, etc.), c’est au tour du député de la deuxième circonscription et conseiller départemental, Guillaume Peltier, leader de la majorité départementale, d’être sous le feu des médias pour des histoires également sonnantes et trébuchantes. Les deux hommes politiques semblent avoir moult ennemis prêts à tout et fort bavards. En cheminant dans les allées du zoo de Beauval en septembre 2021 lors de la venue du président Bertrand de la région des Hauts-de-France, le député nous avait déjà confié son indignation. « Pourquoi tant de rumeurs me concernant ? Xavier Bertrand, dont je vais être l’homme clé pour sa campagne présidentielle, me le dit souvent, c’est parce que je capte la lumière. Si les journalistes deviennent justiciers, où va-t-on ! N’écoutez pas, chère Émilie, celles et ceux qui ne cessent de remuer la m…, le lisier. » Les journalistes de Médiapart, qui ont enquêté, portent pourtant des accusations documentées, reprises par Valeurs Actuelles puis la presse locale, à force de témoignages d’anciens collaborateurs (et surtout ex-collaboratrices), relatives à de l’argent public “utilisé pour préparer le destin présidentiel” du député Peltier. Il est par exemple question de phoning intempestif exercé par son équipe parlementaire sur ses ordres sans répit, pour ses micro-partis, rémunérés sur des fonds issus de l’Assemblée nationale et de la région Centre-Val de Loire. Cette indiscrétion risque de tendre un peu plus l’assemblée départementale et le président du Département, Philippe Gouet (DVD), qui doivent déjà faire face à la pression mise par l’opposition pour la réalisation d’un audit externe et indépendant pour « lever les doutes » (une session extraordinaire se tiendra à Blois à cet effet le 6 décembre ndlr). Cela commence à s’accumuler et pour ne rien arranger, des nouvelles ont été données le 12 novembre lors d’une conférence de presse portant sur le recours électoral en annulation déposé par Jérémie Demaline (PCF), volant au secours de Gilles Clément (DVG), maire de Mont-Près-Chambord et président du Grand Chambord, déchu de son titre départemental par Guillaume Peltier qui a été choisi par les urnes lors du scrutin des 20 et 27 juin. Toujours à Beauval, le député LR devenu donc conseiller départemental du canton de Chambord, tout en soutenant finalement Éric Ciotti (LR, Alpes-Maritimes) au congrés de la droite de décembre, avait affirmé avoir « sauvé le Loir-et-Cher de 42 années de socialisme. »

“Assez de ces hommes et femmes politiques qui bafouent leur parole”
D’emblée, de son côté, Jérémie Demaline précise l’expédient de sa démarche. Il a déposé un recours en son nom personnel, en annulation auprès du tribunal administratif d’Orléans en juillet. En décembre, il y ajoutera un mémoire final. “Ce recours, je l’ai déposé parce que la campagne des départementales pour le canton de Chambord s’est passée sous un climat lourd. M. Peltier vient de l’extrême droite, possède un discours des plus ambigus. Cet automne, certains élus ont d’ailleurs reçu un document de “député du Peuple”, comme il l’écrit. Il n’est fait mention d’aucune appartenance aux Républicains.” Seulement voilà, en juin, c’est tout de même bien le tandem Peltier-Verneret qui a décroché la timbale face au sortant historique Clément, avec un écart de 130 voix. Jérémie Demaline persiste, affirmant que “plusieurs manquements au code électoral ont entaché la sincérité du scrutin.” Exactement, six : campagne onéreuse du binôme Peltier-Verneret; diffusion le 25 juin 2021 à 21h53 d’une vidéo de campagne sans qu’il soit matériellement possible d’y répondre avant la réserve électorale (à minuit); fausses informations sur le duo Clément-Pailloux par voie de tract; distribution de plusieurs dizaines de milliers de tracts « pirates »sans aucune mention légale; utilisation des moyens de l’Assemblée Nationale par M. Peltier (mailing-list, attachés parlementaires et salariés du parti LR); utilisation des moyens du Conseil départemental de Loir-et-Cher par le binôme Peltier–Verneret (collaborateurs et photographies notamment).” Le militant PCF conclut, déterminé. “Ce n’est pas pour me donner une nouvelle chance dans une éventuelle nouvelle élection départementale. Au-delà de ce recours, les candidats doivent un respect des adversaires mais surtout un respect pour les électeurs. Je suis peut être utopiste mais, j’en ai assez de ces hommes et femmes politiques qui bafouent leur parole, la justice.” À suivre et à l’instar de Nicolas Perruchot à Blois, vrais scandales entre remake du duc de Guise et face cachée de l’iceberg, ou simple pétard mouillé ?
Émilie Rencien