Régionales : Les appétits politisés s’aiguisent


Le match dans les urnes sera sans aucun doute repoussé au mois de juin mais les candidats s’affirment d’ores et déjà. Point d’étape 2020 avec un trio de postulants, avant le scrutin 2021.
Qui succèdera (ou pas) à l’actuel président PS du Conseil régional, François Bonneau ? Ou pas, car il convient de ne pas oublier que ce dernier est lui-même candidat à sa propre succession. Quoiqu’il advienne dans les urnes en 2021, sans doute plus en juin qu’en mars (parce que Covid-19), l’écologiste Charles Fournier continue sereinement sa campagne électorale qui s’appuie sur la constitution de Comités d’initiatives estampillés “Ma région 2021” au sein des territoires du Centre-Val de Loire. Au total, 21 Comités existent à ce jour et plus de 550 personnes y sont engagées; 30% à 40% de la liste définitive qui sera dévoilée début mars 2021 sera issue de ceux et celles-là. “Parce qu’on ne décide pas dans un bureau ! C’est un projet collectif qui doit partir des citoyens et différents bassins de vie,” justifie et insiste Charles Fournier, en déroulant son mode de pensée, “verte”. “Il y a vingt ans, la Covid-19 n’aurait sans doute pas eu un tel impact. Nos modes de vie et nos modèles économiques sont en cause. Alors il est urgent d’agir.” Selon Charles Fournier, sa dynamique rallie déjà des partis comme Génération.s, Génération.s écologie, Parti animaliste, Parti radical de gauche, Mouvement écologiste indépendant, le mouvement de Clémentine Autain, etc. Sauf le PS et François Bonneau, pour le moment. ”Il est compliqué de demander au sortant de venir se ranger derrière nous… Mais le temps est venu. Notre ambition n’est pas d’être figurant, mais bien de gagner. Je suis prêt à être président de région. Tout le monde est écolo désormais. Mais l’original, c’est nous!”

Les Insoumis y croient
Le PS encore sur la table. Au cours d’un point presse visio, Karin Fischer et Aymeric Compain, chefs de file de la France Insoumise pour les prochaines élections régionales, ont affirmé que “le Parti socialiste n’est plus notre centre de gravité, n’est plus notre allié naturel. François Bonneau, qui regarde vers LREM pour ces élections, n’est pas le diable mais son bilan pour nous demeure mitigé. Pourquoi toujours pas de panneaux solaires sur des plateformes logistiques qui sont là et dont on ne peut se débarrasser ? Il ne nous a pas sollicités et d’ailleurs, c’est très bien comme ça. Nous regardons plutôt vers Europe Écologie Les Verts, Génération.s et le Parti communiste. La campagne de Charles Fournier est intéressante et nous pourrions aisément imaginer une gouvernance au Conseil régional. Nous travaillons pour construire une boîte à outils nationale, s’appuyant sur l’Avenir en Commun” (de 2017 de Jean-Luc Mélenchon, ndrl), à décliner en fonction des spécificités des régions. Ce type d’élections locales élisent souvent les barons locaux… Nous, nous souhaitons faire de la politique au sens noble du terme, et redonner une parole citoyenne.”

Gildas Vieira paré aussi
Pendant ce temps, l’ex-maire adjoint devenu conseiller municipal d’opposition à Blois, ne parle pas d’étiquettes (car lui-même n’en porte aucune) mais est bien validé dans ses nouvelles velléités électorales. Gildas Vieira (mouvement La France Autrement) sera candidat face aux urnes pour l’échéance régionale de 2021. “Oui je le suis, c’est bon, on y va ! J’ai pris l’avis de mon comité stratégique et également de mes sympathisants déjà à mes côtés sur ma liste pour les municipales. Je ne suis pas dans la position qui critique le sortant, plutôt dans une politique de constats,” confirme-t-il successivement. “Nous souhaitons créer une vraie dynamique de politique, vraiment, autrement qui pour nous ne se borne pas qu’à des mots sur un papier pour attirer des votes. Nous voulons aller plus loin, vers une révolution citoyenne pacifique. C’est-à-dire plus de démocratie participative pour éveiller les consciences, plus de santé et de soins dans le sens général du terme (et là aussi, pas juste des mots), plus de développement économique et de pouvoir d’achat pour les individus.” En somme, une promotion de la santé, une lutte contre les discriminations et la pauvreté, une dynamique keynésienne. Un credo connu pour celles et ceux qui suivent Gildas Vieira à Blois. Mais sur d’autres bords de la Loire, à Orléans, le discours, pas forcément entendu, peut-il prendre ? Bien que seul sur l’affiche ? “Je ne suis pas seul,” répond du tac au tac le candidat, par ailleurs directeur général de la FRAPS (Fédération des acteurs de la promotion de la santé). J’ai des accroches pour intégrer d’autres formations politiques. J’ai en plus, je ne m’en cache pas, des contacts avec quelques Gilets jaunes. J’en dirai plus très vite. En attendant, nous sommes en train de constituer de petits groupes et comités de réflexion. On ne peut pas continuer de saupoudrer, donner une petite enveloppe pour faire plaisir sans rien bouger pour autant. Je suis par exemple contre la loi NOTRe, contre le fait de de tout miser sur les villes centres où on s’entasse en délaissant les communes rurales. C’est un peu comme la fable du colibri de Pierre Rahbi, j’agis pierre par pierre… Si je suis président de région, si nous arrivons aux responsabilités, la politique de demain sera nécessairement une politique de terrain. Alors, voter devient un enjeu fort. Je passe ce message notamment aux jeunes et seniors : la politique n’est pas qu’un jeu de partis. L’article 2 de la Constitution de 1958 est clair, il dit que “La devise de la République est « Liberté, Égalité, Fraternité ». Son principe est : gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple.». Or, nous en sommes loin.” Gildas Vieira tente de faire passer ses idées à contre-courant (ou finalement dans le vent?), s’apparentant un peu à un “sans-culottes” aurait-on dit naguère; un “sans-étiquettes” dans le langage actuel de la modernité. Modernité que chacun, encarté ou non, espère marquer de son patronyme au Conseil régional l’année prochaine.

Émilie Rencien