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Salon des Vins de Loire : Sancerre et Menetou aux abonnés absents

Il est loin le temps où il était inutile de sonner aux portes de caves de Sancerre pendant le salon d’Angers. Vingt-cinq vignerons seulement ont fait le déplacement et trois pour Menetou.

Philippe Chavet ( Menetou) Jacques Rouzet ( Quincy) avaient nettement annoncé la couleur. Le salon où il faudrait être cette année pour trouver des marchés à l’export, ce serait Paris. Le BIVC, en froid avec les organisateurs angevins, penchait aussi pour l’expérience parisienne. Les Sancerrois n’ont pas été les seuls à préférer Paris, mais , après le départ des négociants, leur défection a sérieusement éclairci les rangs du salon qui n’occupe plus qu’un des deux halls du parc des expositions habituellement dédiés aux vins de Loire, avec un décorum revu à la baisse même si l’endroit reste très confortable. La décrue était perceptible dès le concours des Ligers où l’on était redescendu à un peu plus de 2000 échantillons ( contre 2500 auparavant). Dimanche matin, jour inhabituel d’ouverture de la manifestation, en trente ans d’existence ( on avait connu un seul précédent voici cinq ou six ans) le salon sonnait curieusement le vide et le salon new-look prenait ses marques en catimini. « Nous ferons les deux salons proclamait Christine Laloue. Angers est un bel endroit pour retrouver nos clients historiques et contents d’en voir de nouveau. Cette année, avec les catastrophes qu’ont connu Pouilly et Menetou, il risque d’y avoir encore plus de demande sur le sancerre. Et comme nous sommes moins nombreux nous risquons d’être très sollicités. Or nous avons un superbe millésime à leur présenter. Le 2016 est un sancerre typique, avec une belle acidité et de la fraîcheur. Un bel équilibre pour un vin que l’on pourra garder jusqu’à cinq ans. » Franck, son frère, intervient « N’oublions pas non plus que nous vendons cinquante pour cent de notre récolte en France ». Ce qui n’est pas le cas de tous les sancerrois chez qui l’export représente de 70 à 75% des volumes. Cependant les sages du vignobles : Eric Louis, Jean-Paul Picard, Dominique Roger, les domaines Mellot ou Vacheron sont fidèles à cette unité des vignerons de Loire qu’explique bien Jean Tatin
(Quincy) : « C’est un événement fédérateur, je vais peut-être passer pour un conservateur, mais ça permet de mettre les choses en ordre et de présenter le millésime. Le salon a essaimé avec cinq salons parallèles. L’Anjou vie au rythme du salon, trente ans après sa création. On ne retrouvera pas ça à VinoVision. Il ne faut pas lâcher la proie pour l’ombre, même si je regrette que les interprofessions aient eu le tort de ne pas être les responsables de leur événement

Sale année pour Menetou

Si le nombre des Sancerrois a rétréci comme peau de chagrin, les vignerons de Menetou ont quasiment disparu et aucun menetou n’apparaît au palmarès des Ligers. Ils se comptent exactement sur les doigts d’une main. Philippe Chavet, Pierre Clément m’avaient annoncé, et seuls, des grands du vignoble Philippe Minchin ( La Tour Saint-Martin), et la maison Pellé sont restés fidèles.

Présents aussi, malgré une année catastrophique Patricia Tellier et son mari Olivier gardent le sourire. « Bien sûr le gel a fait de gros dégâts, ce qui nous oblige à une taille laborieuse. Après le gel la repousse a été anarchique. Par ailleurs le gel a détruit trente pour cent des plantations nouvelles. Mais ne nous plaignons pas, il y a des collègues plus malheureux que nous. Nos deux dernières récoltes étaient bonnes. Pour d’autres c’est la troisième année de catastrophe naturelle. »

Ce qui donne ce flegme à Patricia, c’est peut-être la fin de la conversion du domaine en bio. « C’est à la fois une méthode de culture, culture des sols en ce qui nous concerne, mon père était très attentif à l’utilisation raisonnée des produits de synthèse, mais aussi un comportement humain. Nos salariés prennent plaisir à travailler en respectant davantage la nature. Pour nous, établir un rapport humain de qualité, c’est essentiel. »

Cerise sur le gâteau, cette méthode bio a permis de donner une nouvelle vie à une parcelle qu’Olivier pensait arracher mais à laquelle le père de Patricia tenait.

Et puis si le 2016 est rare, il est excellent. Saleté de gel, même si c’est une fois tous les vingt-cinq ans.

Pierre Belsoeur


Le palmarès

Sancerre Ligers d’or Blanc 2015 Alain Gueneau ( Sury-en-Vaux) Blanc 2016 Dezat et fils ( Verdigny) ; Eric Louis ( Thauvenay) ; Cave de la petite fontaine (Verdigny) Rouge 2015 Eric Louis ( Thauvenay)

Ligers d’argent Blanc 2016 Roger et Didier Raimbault ( Verdigny) ; EARL Vacher Jean-Pierre et Fils ; Domaine Girard ( Menetou Ratel) Regis Jouan (Sury-en-Vaux Rouge 2015) Domaine de la Gémière (Crezancy-en-Sancerre); Rosé 2016 Cave de la petite fontaine (Verdigny).

Ligers de bronze Blanc et rosé 2016 Tissier Roland (Sancerre) Rosé 2016 Roger et Didier Raimbault (Verdigny) Blanc 2016 Domaine de la Gémière (Crezancy-en-Sancerre) Gueneau ( Sury-en- Vaux) Prieur Pierre et fils (Verdigny) Rouge 2014 EARL Vacher Jean-Pierre et Fils (Menetou-Ratel)

Châteaumeillant : Liger d’or Pierre Picot , domaine du Chaillot (Dun-sur-Auron ) rouge 2015. Ligers d’argent Domaine Lecomte (Avord), rouge 2016 Domaine Siret-Courtaud (Lunery) rosé 2016 Liger de bronze Pierre Picot , domaine du Chaillot (Dun-sur-Auron) rouge 2016

Quincy Ligers d’or Domaine du Coudray (Civray) cuvée « Une pointe d’authenticité » ; Domaine Philippe Portier (Brinay). Ligers d’argent Domaine de Chevilly (Méreau) Domaine du Grand Rosières (Lunery) ; Domaine Bigonneau (Brinay). Liger de bronze Cuvée vin noble 2016 Les Demoiselles Tatin (Brinay). Tous sur le millésime blanc 2016.

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