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Si c’était lui, si c’était eux ?

Une semaine avant, la Fête de la violette, nouvelle génération, version Reconquête, installait ses tables militantes dans une exploitation céréalière en Sologne, dans le Loir-et-Cher. Au moins deux mille cinq cents convives le 24 juin 2023 à Pierrefitte-sur-Sauldre, dont un bon nombre, hors du département, accompagné de leurs animaux de compagnie canine, écoutant à l’heure du déjeuner les discours de Guillaume Peltier (l’ancien député solognot Les Républicains (LR) qui officiait ainsi à domicile, mais pour sa part, arrivé sans son chien Milo), Nicolas Bay, Marion Maréchal, Stanislas Rigault. Et évidemment, Éric Zemmour, aux côtés de sa fidèle amoureuse, Sarah Knafo, pour lequel « la droite LR est morte », soulignant qu’il aimerait « faire 100% au premier tour, (pour) ne plus cliver du tout! ». Quelques autres détails « fun » in situ, histoire d’adoucir, comme la tartelette aux pommes servie en dessert après les lasagnes au boeuf, remplaçant les choux d’antan au déroutant glaçage bleu-blanc-rouge aperçus avant 2020, dans le cadre de cette même Fête, née en 2013, lorsqu’elle était encore d’obédience sarkozyste. À quelques pas de la ferme, des manifestants antifa sur la place de l’église. Quelques mètres plus éloignés, de la colère exprimée sur un panneau de la commune d’accueil taggé d’un « V » ni très catholique ni intelligent, et valant quasiment à la presse, rapportant dans l’exercice de son métier, ces faits, une étiquette de «partisan» ! En résumé, une ambiance singulière, pas tout à fait celle de « l’amour est dans le pré ». Et une semaine plus tard… Qui aurait pu songer, qu’entre-deux, le 27 juin, avec la mort de Nahel, 17 ans, sous le tir d’un policier lors d’un contrôle puis refus d’obtempérer, à Nanterre, dans les Hauts-de-Seine, il arriverait pire, – et nous faisons là de l’ironie, entre guillemets, – qu’une « fête » solognote. Depuis le virus Covid, les crises se télescopent. Sanitaire, sécuritaire, sociale, économique, climatique… Même l’ancienne meneuse de revue, Line Renaud, soufflant ses quatre-vingt-quinze bougies, a déploré : « la France va mal ». Une semaine avant les émeutes urbaines, une droite classique encore en vie était à Cour-Cheverny (41). Le maire LR de Cannes, David Lisnard, par ailleurs président de l’AMF, Association des maires de France, dans une conversation plus large que le seul sujet local d’une candidate aux sénatoriales qu’il venait soutenir, citait le syndicaliste Laurent Berger. « Il a raison quand il dit que nous sommes dans une crise démocratique. Demos-, peuple; -cratie, pouvoir. Or, le peuple est de moins en moins présent dans le système censé le représenter. Quelqu’un qui jette un papier par terre, c’est bien plus grave qu’on ne le pense, et encore plus qu’une crise de la représentation, nous sommes dans une crise de l’exécution. De l’impuissance publique. » Comme en écho, à gauche cette fois, le socialiste Marc Gricourt, maire de Blois (41), qui n’a pu se rendre le 4 juillet à l’Élysée recevant les édiles victimes de nuits violentes, a interpellé par écrit le président de la République, Emmanuel Macron, ainsi : « la République est forte quand le pacte social est garanti, quand le citoyen se sent écouté, partie prenante d’un projet de société. » En résumé, un malaise bien français larvé qui explose désormais. Quelle sera la suite de ce mauvais film : l’atmosphère des mouvements de 1948 (grèves des mineurs et violences policières, guerre froide), ou le climat insurrectionnel de 1958 (fin d’une IVe République instable, guerre d’Algérie) ? Et pour l’élection présidentielle de 2027, si c’était lui, pour paraphraser le titre du bouquin (aux éditions Télémaque) de Quentin Hoster sur M. Lisnard et « le réveil de la droite » ? Et si c’était eux qui parvenaient à “reconquérir”, avec ce hiatus qui se creuse ? Et si ce n’était personne ? Face au délitement et à un taux d’abstention record, tous les partis ne seraient-ils pas  » morts « , dans le sens dépassés, sans réponses, sans solutions. Pas davantage que le Gouvernement en place. L’unité nationale, comme le propose à nouveau l’ex-chef d’État, François Hollande ? La formule, prononcée sous son mandat, n’avait guère rassemblé ce vase d’alors déjà ébréché… Que dire enfin du droit à l’information entravé par certains émeutiers avec dix-huit journalistes agressés physiquement en moins de 10 jours, selon Reporters Sans Frontières, dont une JRI de TV Tours-Val de Loire brutalisée. Et inutile de toujours rejeter la faute : là non plus, cela n’a jamais été le fait du pangolin.

Émilie Rencien

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