Un Président au pays de Jim, avec assurance


Au milieu des tracteurs à Outarville le 8 septembre, dans le cadre des « Terres de Jim », plus grande fête agricole d’Europe en plein air, Emmanuel Macron a murmuré à l’oreille de l’agriculture ce qu’elle voulait entendre.
Dans le Loir-et-Cher, nous ne sommes pas gênés de marcher dans la boue, selon le refrain consacré de Michel Delpech, mais dans le Loiret ? Il fallait vérifier et comme nous sommes persévérants (un brin masochistes), nous avons rempli le formulaire fourni par l’Élysée. Juste pour rire et finalement, l’accréditation nous aura été accordée (grâce au concours pugnace dans l’ombre de la préfecture du Loiret, d’après nos informations en coulisses) ! Nous avons dû chausser contre toute attente les bottes pour aller à Outarville, petite commune de moins de 1500 habitants. Pour celles et ceux qui suivent nos aventures journalistiques, pour une fois, nous étions donc, acceptés dans le wagon de la Macronie, arrêté le 9 septembre au fin fond du Loiret, en rive de l’Eure-et-Loir. Plutôt en baskets (qui auront éprouvé la terre collante de Beauce, notre voiture aussi) et pas du tout dans le sacro-saint « pool », ce petit groupe habituel de médias autorisés à suivre tout sans entraves. Nous n’avions pas vu le Président depuis 2019 et les 500 ans de la Renaissance à Chambord (le voir, fut un grand mot, souvent bloqués dans le château…). Nous avions tenté notre chance (de faire notre travail) à Bracieux, Vierzon, Chambord à nouveau. En vain. Il aura fallu patienter jusqu’en 2022 pour renouer! Alors, alors ? Beaucoup d’attente, de règles à respecter (puisque nous n’étions pas « poolés »), mais nous y étions et malgré quelques aberrations jupitériennes, ça s’est bien passé. Entre deux stands, compétitions et démonstrations, nous avons même pu croiser Jim, la mascotte des Jeunes Agriculteurs (*), chevelure blonde parsemée d’épis de blé, faisant songer à un épouvantail. Le ministre de l’agriculture, le loir-et chérien Marc Fesneau (Modem), faisait partie du déplacement. Emmanuel Macron, lui, aura démenti sur site la prédiction de « fin de l’abondance » en s’attardant une bonne heure devant rhum, vanille, camembert et fromages à foison…

Un engagement de 600 millions d’euros
Plus sérieusement, que retenir de la prise de parole loirétaine du chef de l’État, entouré sur l’estrade de lycéens ? L’assurance récolte figurait sur la première marche des espérances. Christiane Lambert, présidente du syndicat FNSEA, n’a pu s’empêcher de sourire lors de la confirmation. « J’étais avec vous l’année dernière et nous avions lancé un plan historique, celui de l’assurance récolte,” a détaillé M. Macron, entre autres engagements. Je dis historique parce que ça faisait des décennies qu’on disait « ce serait formidable si on avait vraiment un système d’assurance récolte, on va le faire ». Bon. Là, on le dit : on le fait collectivement. J’avais pris l’engagement des 600 millions d’euros. (…) On va mobiliser des financements européens et l’État va plus que doubler sa contribution totale au système : 600 millions d’euros donc. (…) Avec une clause de rendez-vous, c’est que si on dépasse les 680 millions d’euros, l’État ne peut pas être un payeur aveugle, il faudra remettre toutes les parties prenantes autour de la table parce qu’il n’y a pas de confiance sans système de responsabilité. (…) Mais tout ce dont je veux parler n’aurait pas de sens si on ne consolidait pas tout le reste. (…) Je veux parler d’avenir parce qu’un des défis pour notre souveraineté agricole et alimentaire, c’est en effet le défi démographique et du renouvellement des générations. (…) On a besoin des transformateurs, on a besoin des distributeurs et on a besoin de tous nos compatriotes pour qu’ils comprennent qu’acheter français, consommer français aujourd’hui, c’est la clef pour garder cette souveraineté et ne pas se réveiller demain avec la gueule de bois.» Soit un amour dans le pré à consolider…
Émilie Rencien
(*) Les « Terres de Jim » existent depuis 2014, dénommées initialement finale nationale de labour. Chaque année, la manifestation, organisée par les Jeunes Agriculteurs, change de territoire : près du Puy-en-Velay en 2019, en Provence en 2021, etc.