Les 100 ans de Claude Seignolle


Claude Seignolle qui aimait se représenter en m’neu de loups, à qui l’on doit Le Berry traditionnel ouvrage de référence pour les Berrichons amateurs du folklore de nos campagnes, va avoir cent ans. Ce jeune homme défie le temps depuis trois siècles, puisqu’il a récolté une grande partie de la mémoire de nos aïeux du dix-neuvième siècle, a réalisé une superbe anthologie des contes et légendes des provinces de France au vingtième, et nous laisse en ce début du troisième millénaire, une œuvre fantastique qui a fait le tour du monde avec Les Malédictions et Les Evangiles du Diable. Il faut rappeler ici, que Claude Seignolle n’est pas solognot ni berrichon mais périgourdin. Il regrettait que les Solognots lui aient souvent tourné le dos. Il me disait au téléphone que c’était à cause de son origine. En effet, il venait du pays des grottes préhistoriques, il avait un oncle qui ressemblait à l’homme de Cro-Magnon et une grand-mère, conteuse renommée, à la langue acérée, il se demandait toujours si le fait qu’il soit un homme de la pierre, ne l’avait pas handicapé au pays des landes et des marécages. Pourtant, il avait adopté la Sologne pour y écrire une grande partie de son œuvre à commencer par Le Rond des sorciers en 1945 puis sa célèbre Marie La Louve en 1947.

C’est à l’Auberge du Cheval Blanc à Sainte-Montaine qu’il est devenu écrivain et c’est dans ce village, que ce magicien des mots, ce conteur de l’étrange sera célébré le dimanche
25 juin 2017. Le jeune Musée Marguerite Audoux installé depuis 2015, dans les locaux de l’école, (à visiter absolument), a aussi dans ses cordes de faire la promotion du patrimoine littéraire solognot et nous savons par la voix de sa conservatrice, Sabine Sauvage, qu’il a décidé de fêter l’évènement.

Avant la création de ce nouveau musée, l’ancien se trouvait à Aubigny, j’avais demandé au maire de Sainte-Montaine de l’époque, de classer cette fameuse Auberge du Cheval Blanc qui avec sa façade rose et sa jolie fresque peinte, a laissé tant de bons souvenirs aux habitants de la région. Elle aurait pu accueillir le musée Marguerite Audoux puisque conservée dans la mémoire de la romancière depuis les années 1875/76, celle-ci en avait fait mention dans son roman Marie-Claire (prix Fémina en 1910). Autant le cadre du château des Stuarts était incongru pour évoquer la petite bergère de Sainte-Montaine, autant cet ancien musée avait eu le mérite de conserver les souvenirs de Marguerite Donquichotte car je doute que les livres et les meubles de la Couturière des Lettres (comme l’a baptisé son biographe Bernard-Marie Garreau) seraient encore chez nous. Il faut d’ailleurs remercier ici, le député-maire, Yves Fromion qui l’a permis, et ce, en souvenir de sa mère qui avait enseigné Marguerite Audoux aux petits élèves berrichons.

Mais revenons à l’Auberge du Cheval Blanc à Sainte-Montaine, c’est là que j’ai pu voir, sur le chambranle de la porte d’une chambre que Claude avait inscrit : « chambre où Claude Seignolle a écrit ses contes solognots Marie La Louve, Le Diable en sabots… ». Cela méritait bien que l’on préserve ce bâtiment et j’espère que l’inscription y est toujours. J’en avais touché un mot à Claude Seignolle lui-même, qui m’avait répondu qu’il n’avait pas d’argent pour acheter cette auberge, ce que je ne lui demandais pas d’ailleurs, je lui demandais simplement d’écrire aux édiles communaux pour attirer leur attention sur l’importance de sauver de l’oubli, un bâtiment qui aurait pu encore servir pour perpétuer la mémoire de nos écrivains qui avaient chanté la Sologne sur le plan international. (Marie-Claire de Mme Audoux a été traduite en sept langues et Marie La Louve est connue internationalement.) Mais, ou-blions cela, puisque le petit village de Sainte-Montaine va être le cadre d’un anniversaire d’un des Maîtres du Fantastique français. Je ne connais pas encore le programme puisque le musée Marguerite Audoux en est l’initiateur, j’ai simplement accepté d’y prendre une part active. En effet, je peux montrer une belle collection d’affiches et d’autographes que j’ai reçus en cadeau pour avoir fait tant vivre son « héroïne de papier ». Je peux aussi raconter mes nombreuses activités littéraires auprès des collégiens d’Aubigny et du Lycée agricole de Vailly ainsi qu’auprès des petits élèves de la région parisienne. Je serai ravie de vous faire partager aussi ce que nous évoquions au téléphone, Claude Seignolle et moi, que je n’ai jamais rencontré de visu. En effet, Claude Seignolle ne quittait plus depuis longtemps, son grenier de Chatenay-Malabry. Mais comme il a le don de l’ubiquité, nous sommes assurés que nous le verrons à un moment ou à un autre, apparaître et disparaître, ce
25 juin prochain car ce centenaire insaisissable, l’a déjà fait devant l’éditeur Eric Poindron qui l’a vu à Paris en compagnie de Gérard de Nerval et à ses côtés dans les Cévennes quand il marchait dans les pas de Stevenson.

Dans un prochain article, je propose de vous raconter l’aventure des élèves de 6e 4, de la classe de Mademoiselle Parrain du Collège Gérard Philipe d’Aubigny-sur-Nère, qui en 2003, avait choisi le thème du loup et qui avait réussi à correspondre sur Marie La Louve, avec un « écrivain vivant », ce qui les fascinait.

O temps suspend ton vol, ces jeunes ont maintenant plus de 25 ans.

Ceux qui veulent m’adresser leurs souvenirs via le Petit Berrichon seront les bienvenus. Claude Seignolle m’avait répondu qu’il ne se voyait pas répondre à des lettres de gamins de 12 ans et pourtant j’ai conservé le carton qu’il m’a envoyé en parlant de la « délicieuse » lettre qu’il avait reçue des élèves d’Aubigny.

A vos plumes donc, ceux qui se souviennent de cette balade dans les bois d’Ennordres et de l’atelier d’écriture que nous avions fait chez Thierry de Montbel à Clémont ! En tout cas, moi, j’ai conservé vos textes et vos dessins.

Marie du Berry

N.B. Avis aux anciens élèves de la classe de 6ème de Mademoiselle Parrain du Collège Gérard Philipe d’Aubigny-sur-Nère en 2003. Envoyez vos souvenirs à Marie du Berry par lettre ou par mail au Petit Berrichon, BP 57, 41200 Romorantin cedex ou à le.petit.berrichon@cpe-editions.com.