Avec Darc, Châteauroux vit août autrement, depuis 40 ans


Châteauroux
Les quarante ans du stage festival ne donneront pas lieu à des festivités particulières. Seul le stage international de danse souffle ses 40 bougies. Et puis Eric Bellet, son directeur, préfère regarder vers l’avenir.
Eric Bellet avait dix huit ans à la naissance du Stage Darc qui était alors un stage de danse rassemblant des danseurs venus de la région et un peu de l’extérieur. Nadia Coulon et Nicole Ivars  avaient lancé ce stage avec la complicité du Docteur Ploquin, un ami du père d’Eric avec qui il jouait au foot.
« Max avait été généraliste dans le sud de l’Indre or je suis né à Chassignolles. Comme ma petite amie de l’époque participait au stage, je suis venu me rendre utile. Mais il n’était pas encore question de festival. Il a été créé en 81 pour animer les soirées des stagiaires qui arrivaient désormais de toute la France. Cela m’a permis d’obtenir mon premier travail grâce à un contrat TUC (travaux d’utilité collective) créé par Laurent Fabius.»
Le dispositif a été supprimé en 1990, mais Eric avait réussi à se rendre indispensable. S’il n’a jamais dansé, joué, aux côtés des danseurs professionnels, le rôle d’organisateur a fait de lui l’incontournable directeur du stage festival.
«Au stage International s’est donc ajouté le festival. (Un festival qui a quitté la place de la mairie en 91 pour la Place Voltaire après avoir failli se retrouver sous la bulle de Belle-Isle) Et puis en 1999 est né Darc au Pays. Cette idée de nous ancrer encore davantage dans l’Indre nous a fait réinvestir les places de villages. Au début il s’agissait de venir au devant des spectateurs pour qu’il viennent nous rejoindre à Châteauroux, après leur spectacle, donné à 18h30, mais désormais la fête continue souvent tard le soir et je récupère le groupe qui est allé jouer, parfois, au milieu de la nuit.»
Une belle idée Darc au pays, les villages retenus sont proposés par les maires des six contrats de pays (qui ont droit chacun à une date) Eric  y ajoute deux lieux de son choix. Darc s’occupe de la programmation et des infrastructures et c’est le département qui paie. «Les maires assurent l’accueil et la convivialité… et ça marche. Cela dit je n’ai pas eu la possibilité de voir un seul concert de Darc au Pays.»
Before Darc, enfin à Châteauroux
Dernière innovation grand public, car il existe aussi le stage backstage, qui met le pied à l’étrier aux jeunes désireux de se lancer dans les métiers du spectacle, les interventions dans les quartiers, l’avant spectacle.
« Bourges avait mis des années à faire entrer le Printemps dans la Ville, nous étions confrontés au même phénomène. Et puis, grâce à Christophe Dutaut, patron du bar La Dernières Séance et au réaménagement réussi de la place Monestier, le festival existe en ville avant les spectacles du soir . Cette année nous ajoutons à ces animations quotidiennes un spectacle musical, le 18 août à Beaulieu, au centre commercial, à 18h grâce à un partenariat avec l’OPAC.
Faada Freddy, dans les cartons depuis longtemps
Depuis 1999 plusieurs centaines d’artistes sont venus jouer à Darc et Eric n’a plus besoin depuis longtemps de dédramatiser Châteauroux auprès de managers.
«Un réseau s’est tissé au fil des années et j’ai des amis qui m’alertent sur des artistes en devenir. Faada Freddy (qui vient de faire un tabac en première partie de Johnny aux Francofolies) quelqu’un de Caramba Production m’avait conseillé de l’écouter avec attention, au printemps 2014. Avant que ne commence l’édition 2014 de Darc, je savais qu’il ferait partie de la programmation 2015.»
Le groupe Minou, qui vient de décrocher le label Talent Inter est une autre bonne pioche du directeur de Darc. Mais il n’en est pas à son coup d’essai: Ben l’oncle soul ou Stromae, pour ne prendre que deux exemples récents, étaient programmés à Darc juste avant de devenir des vedettes. Quand on a des finances réduites, il faut avoir du flair.
«Darc, explique Eric, c’est un cocktail de valeurs sûres, cette année Bénabar, Patrick Fiori et évidemment Black M, d’artistes en devenir, mais aussi de (re)découvertes. Cette année la soirée du collectif 13 va être un événement j’en suis sûr, c’est une addition de tempéraments qui savent faire bouger un public. Car il y a la programmation évidemment, mais aussi l’état de forme de l’artiste le jour J. Peut-être que Zachary Richard  ou Archimède seront les têtes d’affiche qui résonneront le plus longtemps dans les oreilles du public de la place Voltaire en ce mois d’août 2015.»
Les finances sont saines
Une certitude en tout cas, en ces temps où beaucoup de festivals disparaissent, faute de trésorerie, Darc tourne rond et Eric Bellet a déjà l’esprit tourné vers l’édition 2016.
« Si nous réussissons à négocier les contrats dans de bonnes conditions c’est que les tourneurs savent qu’à Châteauroux, techniquement et financièrement c’est du sûr et que les conditions d’accueil des artistes son irréprochables. Cela est possible grâce aux institutionnels qui ne nous font jamais fait défaut et aux partenaires privés, eux aussi fidèles à Darc. Cette année encore de nouveaux partenaires comme l’OPAC ou Aero Centre nous ont rejoints et permettent de lancer de nouvelles actions. Une autre illustration qui remonte  à longtemps : la Cuvée Darc, inventée par Claude Lafond est un partenariat original avec les vignerons de l’Indre. Ça fonctionne aussi grâce à la centaine de bénévoles mobilisés et enthousiastes pendant la quinzaine, mais aussi dès la fin du mois dès la mi juillet pour certains. Darc, je le répète mais c’est ce qui fait sa force, est vraiment inscrit dans le territoire du département. Alors forcément, nous serons toujours là l’année prochaine.»
Pierre Belsoeur
Before Darc, du 12 au 15 août
christophe Dutaut Festival DARC
Before Darc, Eric Bellet l’explique ci-contre, est le dernier né des enfants de Darc. Il a pour père Christophe Dutaut, limonadier place Monestier, qui avait la nostalgie de ses années berruyères. Après un premier essai en 2013, il avait pris tout les risques l’an dernier avec pas moins de huit concerts. Cette année il revient à un format économiquement plus raisonnable de quatre soirées qui accompagneront le démarrage du festival (ce qui n’empêchera pas de se retrouver entre amis pour boire un verre à la Dernière Séance avant les autres concerts).
On débutera donc le 12 août avec un rescapé du groupe célèbre « Mes souliers son rouge» qui a écumé le Berry voici une petite dizaine d’années, jusque sur la scène de la place Voltaire. Deny Lefrançois continue sa route tout seul et chante l’humour, la vie, l’amour avec une joie de vivre communicative.
Le 13 août, programme surprise, à ne pas manquer évidemment.
Le 14 place aux Flawers, un groupe de musique irlandaise originaire … de Tours, il y aura de la bourrée à gogo. Pas seulement à cause de la bière que l’on consommera évidemment avec modération !
Enfin le 15 août, Christophe Dutaut a repris la formule du bal trad, plébiscité l’an passé. Le Duo Absynthe sera à la baguette pour vous faire tourner sur le parquet temporaire de la place Monestier. Comme les autres soirs la fête débutera à 18h, place Monestier avec les cours de danse gratuits.
Les chiffres de Darc
COLLECTIF 13 Festival DARC
13 en jours durée du stage festival
17 en soirées de spectacles
35 le nombre d’artistes, fanfares ou compagnies
40 c’est la quarantième édition du stage de danse
100 les bénévoles mobilisés pendant au moins quinze jours
630 le nombre de stagiaires venus de tous les continents
2.000 nuitées enregistrées par les hôteliers
65.000 spectateurs ont assisté aux spectacles en 2014
1,3 M€ le budget de la manifestation
PROGRAMME FESTIVAL DARC
Bénabar, Black M,
Patrick Fiori et les autres
Huit belles soirées attendent ceux qui auront la curiosité de venir à Châteauroux entre le 11 et le 18 août. Comme chaque année quatre concerts seront payants et quatre gratuits.
Mardi 11 (36€) : C’est à Superets que reviendra l’honneur d’ouvrir le festival, en lever le rideau de Benabar. Cela ne devrait pas émouvoir ces jeunes insoumis qui viennent de sortir «Le sang et l’argent». Les quatre Rennais ont sûrement écouté Elmer Food Beat lorsqu’ils étaient jeunes. Leur pop est de la même veine.
Faut-il présenter Benabar qui met la vie quotidienne en musique. Il peut faire sourire, ou hérisser le poil mais il ne fait pas de concessions. «J’assume de plus en plus cette volonté : ni de plaire ni de déplaire mais celle de faire uniquement ce qui m’intéresse.»
Mercredi 12 (gratuit) Soirée Jazz et Soul avec Robyn Bennet et Faada Freddy. La première est américaine. Elle se produit sur scène en reprenant des standards du jazz réarrangés. Le second est un dandy sénégalais surdoué, star du rap africain, sa voix profonde et magnétique vient d’enflammer les Francofolies. C’est sans doute la pépite de l’édition 2015.
Jeudi 13  (gratuit)  La Jarry est un groupe de rock originaire d’Orléans avec les frères Pourtau pour leaders. La scène est le domaine où ils peuvent libérer leur énergie dans un rock français particulièrement inventif.
Le collectif 13, avec ses rappeurs chanteurs issus de No One is Innocent, La Rue Quetanou, Massilia Sound System, Tryo,  mettra le feu à Darc.
Avec La Jarry et le Collectif 13, ça devrait déménager sévère place Voltaire.
Vendredi 14 (33€) En première partie de BlackM  qu’attendra un public féminin en transe, le duo français Minou aura la lourde tâche  de conquérir un public qui n’est pas forcément le sien. Mais Pierre et Sabine sont en train de percer sur les antennes nationales. Ce n’est sans doute pas par hasard.
Quant au rappeur Black M, qui a appris la scène avec la Sexion d’Assaut il accueille la gloire avec détachement «Avant la célébrité je n’étais pas beau gosse. C’est la télé qui rend beau .»
Samedi 15 (gratuit) Entre Glasgow, un duo qui n’a rien d’écossais, accompagné de deux complices et Zachary Richard qui se partagent cette cinquième soirée le fil conducteur c’est la langue française. Sofi et Cris l’accommodent à la sauce rock. Originaire de Louisiane Zachary Richard est un francophone militant auquel on doit notamment « Travailler c’est trop dur»
Dimanche 16 (gratuit) FM Laeti, c’est le groupe pop qui accueillait les navigateurs à l’arrivée de la Route du Rhum. Evidemment, si vous n’étiez pas aux Antilles à cette époque, ce sera une découverte.  Laetitia Bourgeois et François-Marie Dru sont guadeloupéens et leur pop vibre au rythme de leur pays.
Et puisqu’il s’agit d’une soirée des découvertes Archimède pourrait être une des plus  belles de cette édition : un petit caillou français émergeant de la pop anglaise. Les frères Boisnard n’ont pas fini de vous surprendre.
Lundi 17 (15€) Soirée danse  avec la compagnie Indian Style qui  propose un spectacle dans lequel la danse indienne traditionnelle évolue vers un langage contemporain .
En deuxième partie le spectacle musical de la compagnie  Agati /Viti  est tout un programme résumé dans son titre  «Les élastiques ne sont plus ce qu’ils étaient» . Trois danseuses convoquent une dizaine de compositeurs, de Serge Gainsbourg à Anne Vanderlove pour une comédie gestuelle et musicale.
Mardi 18  (33€) On peut-être une «Fille de» et ne pas tomber pour autant dans la facilité. La preuve : Sophie Tapie, aperçue dans «The Voice» et qui a choisi le Quebec pour démarrer une carrière de country/folk en français.
Patrick Fiori aussi a un rapport, lointain avec les Québécois, souvenir de sa période Notre Dame de Paris. Actuellement ses complices sont plutôt JJ Goldman et Benabar . Tiens tiens, Bénabar. La boucle est bouclée
Vendredi 21  (16€) Comme  le veut la tradition la place Voltaire reprendra vie pour le spectacle final Darc avec la présence de tous les stagiaires. Son thème : «Désordre»
Tous les spectacles commencent à 20h45 place Voltaire
Renseignements : www.danses-darc.com