Bastien Kossek et Michel Sardou, les yeux dans les yeux


REGARDS À vingt-six ans, Bastien Kossek réalise son rêve d’enfant : un projet autour de Michel Sardou. Le chanteur, enthousiasmé par le travail réalisé, décide de préfacer le livre ! Un songe devenu réalité tangible : « Regards » est paru chez l’éditeur Ramsay en avril 2019.
Propos recueillis par Émilie Rencien
Né le 2 septembre 1991, Bastien Kossek est originaire d’Arras. Passionné de journalisme depuis toujours et fasciné par l’exercice de l’interview, il se lance dans le monde professionnel dès l’obtention de son baccalauréat, collaborant avec divers médias – en télévision, radio et presse écrite. Alors auteur de documentaires dans une société de production, il décide de tout quitter en 2017 pour écrire un livre sur son idole de toujours, Michel Sardou. Parmi les 33 témoins (Eddy Mitchell, Michel Fugain, Serge Lama, Patrick Bruel, Jacques Revaux, Pierre Billon, Romain Sardou, Davy Sardou, Laurent Luyat…) qui ont pris part à ce projet, on note la présence inattendue d’Alexis Corbière ! Le député France Insoumise, natif de Béziers, y révèle sa passion pour l’artiste.

Quelques jours avant sa dédicace samedi 22 juin à 14h30 à la Fnac d’Orléans, nous avons interrogé et échangé avec Bastien Kossek. Questions, réponses.
Bastien, vous avez 26 ans et vous aimez Michel Sardou. Association détonante de prime abord ! Une passion depuis votre plus jeune âge. Qu’aimez-vous donc tant chez cet artiste plus qu’un autre au point d’en écrire un livre ?
« Il suffit de regarder la photo en dernière page de mon livre, à savoir moi à 3 ans avec un lecteur K7, VHS de Bercy 93 ! Michel Sardou, c’est une histoire familiale, ma mère était fan du chanteur. Je l’ai à mon tour suivi, écouté, jusqu’à faire une overdose. Puis Michel a sorti un album en 2006 intitulé « Hors format ». Un album différent, un peu moins populaire; j’ai pris une claque. Et depuis, je le suis, je ne l’ai plus quitté ! Pourquoi j’aime ? J’apprécie l’homme, sa personnalité, ses mélodies, ses textes, ses chansons… C’est un tout. Michel Sardou a souvent une image qui n’attire pas, il ne fait rien pour qu’on l’aime mais c’est un masque car il ne veut pas être embêté outre mesure . Il faut creuser car c’est en vrai quelqu’un de gentil et de très généreux, il l’a été avec moi, et montrer cette autre facette de lui, c’est justement le but de mon livre « Regards ».

Un livre qui a failli ne pas voir le jour car l’artiste lui-même n’en voulait pas ?
« Michel Sardou le raconte très bien dans la préface qu’il a signée : « écrire la préface d’un livre… dont je ne voulais pas ! » Sa femme me l’a raconté par la suite, elle aura dû négocier trois heures avec lui notamment. Il dit souvent non d’emblée puis finalement prend le temps de réfléchir. »

Votre livre est né. Au fil des pages, 31 témoignages. Comment les avez-vous sélectionnés et combien de temps cela vous a-t-il pris ?
« J’ai tout simplement établi une liste, agencé mes chapitres. Au départ, j’avais prévu 33 noms avec des incontournables comme Eddy Mitchell, Serge Lama. Seules deux personnalités dont je tairai l’identité ont refusé de participer l’aventure. C’est la vie du monde du showbiz… J’ai démarré mon projet en mai 2017. En juin 2017, j’ai eu un contact avec l’agent Thierry Suck, un coup de fil qui va faire bouger les choses. J’ai pu rencontrer Michel Sardou dans sa loge lors d’un concert à Carcassonne mais pour mon livre, c’était non, non et re-non. Les autres qui parlent de lui, il n’aime pas ça. J’ai toutefois attendu six mois un accord, qui n’est pas venu. Je n’ai pas baissé les bras pour autant et j’ai alors décidé de prendre mon destin en main, de ne pas demeurer poli toute ma vie en patientant pour un hypothétique « oui. » J’ai passé un an à temps complet sur ce livre, pas du tout en dilettante. Et en février 2019, Michel Sardou m’a dit «tu l’as fait! ». Le bouquin a fini par sortir en avril 2019. Depuis la parution, Michel s’est plongé dedans. Il appelle les gens qui figurent dans les pages en grognant parfois, du style « mais pourquoi, tu as dit ça? » (Rires). J’ai pu interroger le très politique Alexis Corbière (France insoumise), par exemple; en fan de Sardou, on peut en douter, on l’imagine mal et pourtant ! C’est un mini conte de fées qui se réalise pour moi. La plupart des interviewés sont même venus à la soirée de lancement de ‘‘Regards’’.»

Vous avez eu du mal à trouver un éditeur ? C’était la crainte, confirmée ou non ?
« J’ai croisé 6 ou 7 éditeurs. Certains m’ont présenté des projets délirants, pas du tout en phase. Ils n’avaient pas du tout compris ce que je voulais ! J’ai retenu 3 éditeurs à la fin, dont une grande maison d’édition. Je suis aujourd’hui très fier d’être chez Ramsay. J’ai senti que son directeur général, Olivier Wright, avait saisi mon idée et qu’il ne me mentait pas. On a en effet bien travaillé! »

« Je ne me connais pas et personne ne me connaît, » a confié Michel Sardou. Votre livre permet-t-il de mieux connaître à la fois l’homme et l’artiste ?
« Oui, cela apporte au public un vrai éclairage. Comme je vous l’expliquais au début de notre conversation, on le découvre autrement. Son image publique n’est qu’une carapace. Il se révèle aux lecteurs plus ouvert d’esprit, moins réac’ et moins de droite (rires) ! Je reçois beaucoup de messages sur les réseaux sociaux, des mails aussi, et les gens me disent « merci ». Une dame de 86 ans m’a même confié avoir enfin découvert Michel Sardou. Des jeunes également ! Ils me racontent qu’on se moque d’eux à l’école, au lycée parce qu’ils écoutent Sardou au lieu de M.Pokora mais ils s’en moquent. »

Et l’après Sardou, ce sera quoi pour vous ?
« J’ai goûté à la liberté avec ce livre. J’ai justement plein de projets où je suis le maître d’oeuvre et il y en a un que je peux révéler : je prépare un nouveau livre, sur un autre personnage de 78 ans. Moins connu ou disons, plus dans l’ombre mais le coeur sur la main et un impressionnant carnet d’adresses. Il s’agit de Claude Pierre-Bloch, l’ancien attaché entre autres de Johnny Hallyday. On me dit que je suis dans le circuit, que je devrais écrire autre chose. Mais moi, j’ai envie de rendre ce que l’on m’a donné. »