Blois : Laurent Garnier derrière les platines et aussi l’écran


Le document « Off the record »a été projeté le 18 novembre aux Lobis. Le portrait filmé du DJ satisfait autant les mélomanes initiés que les curieux novices.
Que vous aimiez Laurent Garnier, ou non, cela n’a guère d’importance. Idem si vous connaissez par cœur ou ignorez tout de ce DJ. Même si vous préférez David Guetta, ce n’est pas grave ! Car le documentaire « Laurent Garnier : Off the record » réalisé par Gabin Rivoire qui signe là son premier long métrage et documenté, est accessible à toutes les oreilles et même, tous les âges (à l’écran, un couple, un homme et une femme de 78 et 80 ans “kiffent” ce son branché!). Il ne s’agit en aucun cas d’une hagiographie. Le film retrace évidemment le parcours du disc-jockey depuis les années 80, mais il permet par la même occasion de découvrir au cinéma la naissance puis l’évolution de la musique électronique. Celui qui a débuté sa vie professionnelle à Londres comme valet à l’Ambassade de France est devenu pionnier de techno à la française ! Tous les chemins mènent aux platines : Détroit, Tokyo, Berlin, Paris, Manchester… Le film, qui s’ouvre sur une scène en tracteur, est aux antipodes du bling bling et du m’as-tu vu. Il est au contraire empli de générosité et d’humanité. Du début à la fin, jeunot puis mature, Laurent Garnier ne semble pas bouger d’un iota au fil des années; même bouille souriante, humilité intacte. L’artiste reconnaît lui-même qu’il mène hors des projecteurs une existence ordinaire entre courses, fils déposé à l’école, et épouse qui tolère sa gigantesque collection de vinyles. Qu’il n’est pas une star, même s’il ressent comme beaucoup d’autres la tristesse normale de l’après concert une fois l’euphorie et l’ambiance grisante retombées, seul dans sa chambre d’hôtel. Peut-être un regret, celui de ne pas voir de plus longues scènes de Laurent Garnier en train de mixer pour que les néophytes puissent en découvrir et écouter davantage. Une fois sortie de la salle obscure, il faudra poursuivre la mélodie sur un autre écran, celui de son ordinateur ou smartphone. Les images de foules à l’écran font en tout cas du bien dans une période pourtant encore entravée pour les clubs et autres lieux de vie depuis une pandémie qui a changé la mélodie.

É.R.