Blois : Le Roblès 2024 parmi ces six-là


Depuis 1990 et la remise de la “Bourse du premier roman” à Blois par l’Académie Goncourt sur l’invitation à l’époque de Jack Lang, le prix Roblès, du nom de baptême emprunté à l’écrivain Emmanuel Roblès, personnalité disparue en 1995 qui aimait notamment venir en Loir-et-Cher découvrir de nouvelles plumes, récompense et met donc en avant les talents émergents. Cette année, six titres sont en compétition pour remporter ce Saint-Graal littéraire annuel.
La remise du prix Emmanuel-Roblès 2024 se déroulera le vendredi 7 juin à la Halle aux grains de Blois. En amont, le comité de veille composé de 27 lecteurs (14 veilleurs totalement impliqués et engagés (suivi de toutes les réunions, etc.), 13 sentinelles qui ont moins de temps mais ont souhaité participer) ainsi que de 5 bibliothécaires, s’est réuni 14 fois depuis septembre 2023 jusqu’à février 2024 pour lire et échanger sur les 258 premiers romans de l’année. Au final, six ouvrages ont été retenus, à savoir : “Bleu guitare” de Simon Baril (La Tengo), “À ceux qui ont tout perdu” d’Avril Bénard (Éditions des Instants), “Et par le pouvoir d’un mot” de Xavier Donzelli (Éditions Seghers), “Blackout” de Gabriel Henry (Les éditions du Panseur), “L’allègement des vernis” de Paul Saint Bris (Philippe Rey), et “Un simple dîner” de Cécile Tlili (Calmann Lévy). Deux femmes et trois hommes qui abordent des thématiques variées et font voyager leur auditoire en France, aux États-Unis, en Mongolie, au musée, dans un appartement à huis clos… Avec Paul Saint Bris et “l’allègement des vernis”, l’immersion livresque plonge ainsi la lectrice (et le lecteur) dans les coulisses du Louvre, à Paris. Le romancier, qui appartient à la famille tourangelle du défunt et regretté Gonzague Saint Bris, a imaginé une histoire mêlant restauration de la Joconde et visite VIP d’une star planétaire. Dans les murs de la bibliothèque Abbé-Grégoire à Blois, Pascale Lhomme, coordinatrice du prix Roblès et bibliothécaire responsable de la médiation culturelle des bibliothèques; le bibliothécaire, également, Romain Bouron et la lectrice “sentinelle”, Béatrice Chatrenet, ont décrit ce premier ouvrage comme “un roman léger, qui fait du bien, iconoclaste, très décalé, avec des personnages hauts en couleur, de l’humour et des rebondissements,” ajoutant : “après la lecture de ce livre, on ne se déplace plus dans un musée comme avant!”. Dans “un simple dîner”, Cécile Tjili invite à pénétrer dans une sphère intime aussi, celle d’un repas un soir dans un appartement entre deux couples. “Une soirée à enjeux qui va surtout permettre une émancipation des deux femmes, loin des routes tracées pour elles,” précise le trio blésois. “Ce huis clos pourrait très bien être adapté au théâtre.”

Au fil des pages, France, USA, Mongolie…
Moins insouciant, le style d’Avril Bénard et d’ “À ceux qui ont tout perdu”, invite à s’interroger sur l’urgence soudaine de partir. Et si vous aviez une heure seulement pour évacuer et abandonner votre foyer, qu’emporteriez-vous ? “L’intrigue se passe dans une ville en guerre qui n’est pas précisée, ce pourrait être en Europe de l’Est, même si la romancière a écrit avant l’offensive en Ukraine. Une belle écriture, très imagée, accessible à tous,” commentent encore Mme Lhomme et Chatrenet, M. Bouron. Le décor de “Et par le pouvoir d’un mot” de Xavier Donzelli est en sus celui d’un conflit, en France cette fois, pendant les Années dites noires, et d’une naissance, celui du fameux poème “Liberté, j’écris ton nom”, et hymne à la Résistance signé Paul Éluard. “C’est rocambolesque et on touche du doigt la vie quotidienne de ce moment-là,” expliquent-elles et il. Quant à “Bleu guitare” de Simon Baril, préparez-vous à un vol direct vers Los Angeles en compagnie d’un musicien abîmé. “Il a eu les mains brisées, on apprend pourquoi au fil de la lecture. C’est un roman d’ambiance et d’introspection écrit à la première personne,” souligne ce comité de lecteurs, avant de présenter le dernier dans cette sélection 2024, c’est-à-dire “Blackout” de Gabriel Henry”, qui offre un périple jusqu’en Mongolie. “Le personnage principal est amnésique, ce livre renferme à la fois un aspect contemplatif et de découverte d’une culture différente,” concluent-ils. Toutes ces descriptions auront donné aux journalistes l’envie d’en lire davantage et de tourner certaines de ces pages. Et à vous ?
É. Rencien

 

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Inscription pour voter avant mai
En mars, la sélection est annoncée. Les lecteurs qui participent font partie des jurés de l’année. Ils se regroupent en comités de lecture (3 membres minimum), lisent et échangent pendant trois mois autour des romans sélectionnés. Pour cela, les lecteurs s’inscrivent individuellement auprès des bibliothèques en leur retournant un bulletin de participation à télécharger (sur bibliotheques.agglopolys.fr/EXPLOITATION/ROBLES/devenez-jure.aspx ou par mail à bibliotheques@agglopolys.fr). Cette inscription est nécessaire pour participer au vote, et la date limite est fixée cette année au 2 mai. Le prix Emmanuel-Roblès est destiné aux adultes mais les lecteurs lycéens sont les bienvenus. Deux rencontres-débats sont organisées par les bibliothèques pour échanger autour de la sélection : vendredi 12 avril, Amphithéâtre n°1 de l’IUT, puis vendredi 31 mai, bibliothèque Abbé-Grégoire, auditorium Samuel-Paty. Et enfin, le grand jour : la remise du prix Roblès est ouverte à tous, le vendredi 7 juin à la Halle aux Grains. À 17h, une rencontre littéraire est prévue avec les six auteurs précités, animée par Matthieu Garrigou-Lagrange, producteur à France Culture; la remise du prix précèdera ensuite un temps de dédicaces qui se tiendra aux alentours de 19h.