Blois : L’Hôtel-Dieu compte désormais des amis, officiels


AINSI SOIT-IL Une association vigie vient de voir le jour. Tenants et aboutissements de l’ « affaire » patrimoniale en cours, abordée plusieurs fois en conseil munIcipal. Et de surcroît, électorale.

Emilie Rencien

Replantons le décor. Nous sommes au mois de mars 2019. Lors d’un conseil municipal, Marc Gricourt, le maire de Blois, met sur la table des délibérations le sujet de l’Hôtel-Dieu, propriété de la Ville, anciennement hôpital de Blois et Abbaye de Saint-Laumer. Dans le détail, ledit ensemble immobilier s’étend actuellement sur environ 12 500 m2 sur le quai Abbé-Grégoire, au numéro 17. Le départ des lieux, annoncé pour le 31 décembre 2020, de la Direction Départementale des Territoires (DDT), qui sera relocalisée mail Pierre-Charlot, près du centre hospitalier, permet d’envisager de le vendre et ainsi d’imaginer un nouvel emploi du site idéalement sis dans le coeur de ville. Marc Gricourt aura insisté sur le fait que « la Ville souhaite être particulièrement vigilante et attentive à son devenir. » Parmi les orientations listées : programme de logements de qualité en accession à la propriété, surfaces d’activités pour le tertiaire, espaces culturels. Une consultation pour appel à projets a suivi jusqu’à la fin du mois d’avril. Quant à la promesse de vente, sa signature était annoncée pour octobre. En opposition, une page Facebook « sauvons l’Hôtel Dieu » avait été lancée en ligne, ainsi qu’un site web du même nom (http://sauvonslhoteldieu.fr), initiés par le candidat Les Républicains (LR) au scrutin municipal 2020 de Blois, Malik Benakcha. Par ce biais dissonant, 700 signataires avaient été enregistrés à la pétition de “sauvetage” associée.

Amis, ennemis

Après le replay, une poignée de semaines plus tard, où en est-on sur cet Hôtel-Dieu ? Eh bien, elle est née la divine association associée, fin septembre 2019. « L’objectif sera d’assurer une vigilance citoyenne concernant les projets à venir sur ce patrimoine hautement symbolique et affectif pour les Blésois, » expliquent ses membres. «L’Hôtel-Dieu est un site unique, qui est à la fois un atout pour la Ville une charge. Il faut se creuser la tête pour faire découvrir cet espace et l’ouvrir à la population blésoise. Non à des logements sociaux dans ces murs ! Le cloître peut-être un lieu d’exposition fantastique ! Selon nous, cette vente est réalisée dans la précipitation. Avec notre association, nous voulons juste peser sur les décisions futures, donner notre avis. Sans confrontation ni passage en force. Nous sommes dans la conciliation et le dialogue.» Derrière “membres”, l’association amie est composée de personnes concernées par le patrimoine blésois, dont des noms de férus de vieilles pierres bien connus : Jean-Paul Sauvage et Michel Géant (coprésidents), mais aussi Xavier Anquetin, Solèn Croiset, Yann Dubois, Jacques Hallais. Sans oublier, dans cette liste… Malik Benakcha. La boucle est bouclée. Le candidat LR pour les municipales 2020 à Blois ne s’en cache pas d’ailleurs mais précise et tempère. « Je ne préside pas cette nouvelle entité associative. Car de cette façon, l’association pourra continuer son bonhomme de chemin, sans incidences, quelque soit le résultat des urnes en mars 2020. » Le petit groupe ainsi réuni conclut. « Une association, c’est un poids, une force. Dans une période pré-électorale, aucun maire ne peut refuser de nous écouter. » Certes, mais de là, à entendre… ? De même, l’association se présentant dans l’apaisement, lâche tout de même le mot “recours”, seulement au cas où…

Opérateur désigné, piques d’amitié

Dialogue de sourds ou issue positive à venir ? Cela a le mérite d’exister. L’édile de Blois, Marc Gricourt, répond même ”amen” à cette création d’amis. Enfin… On sentait un brin d’ironie. « Nous pourrions tous adhérer à cette nouvelle association !” aura-t-il gaiement suggéré en conseil municipal de Blois lundi 30 septembre. « Nous sommes tous attentifs à notre patrimoine, c’est notre priorité. » Boutade ou sincérité, quoiqu’il en soit, après appel à projets et analyse de quatre candidatures au printemps avant audition en juillet devant un jury d’élus, c’est acté, l’opérateur auquel sera incessamment cédé l’hôtel-Dieu a été révélé, à savoir le groupe Histoire et Patrimoine dont le siège est implanté Boulogne-Billancourt, en région parisienne. Sur le site Web de ce dernier, il est indiqué en guise de présentations que « depuis plus de 15 ans, le groupe Histoire & Patrimoine a développé un savoir-faire unique dans la réhabilitation et la restauration de biens immobiliers anciens d’exception. Aujourd’hui, (nos) 100 collaborateurs vous proposent une solution globale, à travers ses activités de conception, de promotion, de commercialisation et d’administration de biens neufs et anciens, que ce soit à des fins de défiscalisation ou de constitution d’un patrimoine. » Côté calendrier à Blois, la phase opérationnelle du chantier est prévue pour 2021 dans l’objectif d’une livraison début 2023. Dans l’opposition municipale, le Rassemblement National, qui faisait partie du jury de sélection, aura déploré le « trop de place au logement dans une société qui doit permettre la revitalisation des centres-villes », ainsi qu’une décision « à la va-vite », dixit Michel Chassier et Mathilde Paris. Louis Buteau (ex-PS, ex-LREM) a à son tour déploré «un dossier traité avec trop de précipitation». Jacques Chauvin (LR) aura tempéré en déclarant qu’ « il n’y a plus lieu à polémiquer. La meilleure façon de sauvegarder le patrimoine, c’est de la valoriser. Les défenseurs du patrimoine, je veux bien. Mais, depuis 30 ans, je ne les ai pas trop entendu sur l’Hôtel-Dieu, notamment concernant la prestigieuse salle St-Paul qui sert d’archives. » Il conclut en en remettant une couche, lundi 30 septembre. «Il y a eu cette polémique sur « sauver » l’Hôtel-Dieu mais je ne sais pas de quoi! Les combats d’arrière-garde, ça ne sert rien. A nous de travailler dans la sérénité, même dans un contexte d’élections municipales.» Suivez son regard… En parlant, donc, de Malik Benakcha, celui-ci réagit ainsi par voie de communiqué de presse, mardi 1er octobre. «Sans mettre en cause le sérieux et la qualité des réalisations du promoteur parisien Histoire et Patrimoine, nous affirmons notre volonté de porter ce projet par la collectivité publique. (…) Si les Blésois nous accordent leur confiance en 2020, nous assumerons de bloquer la vente du site de l’Hôtel-Dieu.» Spéciales dédicaces, amicales…

Pour l’association, pour plus d’informations : anquetin.xavier@wanadoo.fr