Les Bodin’s sans fard ni melon


Châteauroux

Avant leurs quatre dates en septembre au Mach 36 à Châteauroux, Vincent Dubois et Jean-Christian Fraiscinet ont ôté leurs costumes de Maria et Christian Bodin pour se confier dans nos colonnes. Le duo phénomène, toujours en campagne, dit tout, ou presque, sans détour.

Des kilomètres qui défilent sur le tableau de bord, mains sur le volant, bloc-notes dans le sac et appareil photo sur le siège. Un vendredi comme les autres. Enfin, pas tout à fait car nous avons rendez-vous cette journée ensoleillée de juin à l’Hôtel de la gare dans le centre-ville castelroussin avec les Bodin’s. Nous les avions déjà vus sur scène à Romorantin ainsi qu’à Vierzon il y a quelques années. Des sortes de retrouvailles en quelque sorte. Nous sommes en avance et à l’intérieur de l’établissement à proximité de la gare comme son nom le laisse pressentir, les responsables de ces lieux nous expriment leur joie de recevoir le fameux duo. Pendant qu’une petite salle à l’abri des regards est spécialement préparée pour nous, nous profitons des brûlants rayons du soleil. Le nez sur notre téléphone portable à vérifier nos e-mails et à lire les dernières actualités virtuelles de nos amis facebookiens, nous voyons arriver sur le trottoir en face, en toute simplicité, Vincent Dubois et Jean-Christian Fraiscinet, accompagnés du « boss » de Cheyenne Productions, Claude Cyndeki. Les deux hommes ont laissé la Maria et l’homme de sa vie, sa progéniture, Christian Bodin, à la maison ; ces derniers ne sont cependant jamais très loin. « Vous voulez un selfie ? Chez les Bodin’s, on appelle ça un salsifis ! Maria est sur Face de Bouc, oui évidemment ! » Le décor est planté autour d’un verre d’eau pétillante agrémentée d’une rondelle de citron, et nous rentrons rapidement dans le vif du sujet. Un spectacle dément « Grandeur Nature » et une tournée à succès dans les murs des Zénith de France. Châteauroux, 12 fois au moins ; Nantes, déjà plus de 20 passages ; Paris, Limoges, Orléans, Le Mans, Saint-Étienne, Angers, Angoulême, etc. La liste est longue. D’emblée, nous taquinons : uniquement des grandes salles et des grandes villes ; les Bodin’s auraient-ils pris la grosse tête ? « Nous avons achevé la deuxième saison de notre tournée fin avril, soit 140 Zénith. Du fait de la configuration requise, nous ne jouons plus que dans des Zénith en effet car nous reconstituons une ferme entière avec des animaux, lapins, chiens, cochons, ânes, chèvres, » explique les deux compères. « Grandeur Nature », c’est l’adaptation scénique d’un spectacle joué en plein air dans un corps de ferme à Descartes, en Indre-et-Loire. L’aventure a débuté il y a dix ans et un soir où nous refaisions le monde avec Jean-Christian, en déconnant, nous avons parlé d’emmener notre création sur les routes, en tournée, comme un cirque. C’était pour rire et c’est devenu réalité. Nous voyageons aujourd’hui avec dix semi-remorques ! Nous avons en plus six énormes diffuseurs d’odeurs pour que les gens qui sont à l’intérieur d’un Zénith se croient en plein air, un écran de 30 m x 15 m reconstitue le champ et l’arrière de la ferme dans un effet « mapping 3D ». Rien n’est laissé au hasard. Ce que les Bodin’s font est unique ; une telle logistique, c’est plutôt Johnny Hallyday ou Mylène Farmer d’ordinaire. » Nous insistons alors gentiment et avec le sourire : oui, donc, les Bodin’s sont désormais des stars ? « Je comprends ce que tu veux dire » répond du tac au tac Vincent Dubois, les yeux dans les yeux. « Tu es journaliste, c’est normal, et le grand public peut sans doute penser la même chose. C’est normal ; on se dit tout de suite qu’il y a forcément un chauffeur, une grosse voiture, des auteurs et tout ça. Pas chez les Bodin’s. Vu ce que nous prêchons sur scène, si nous faisions le contraire dans nos vies, nous ne serions pas crédibles ! Si l’un de nous deux aurait voulu être un star, nous n’existerions plus ! Non, nous avons la chance d’avoir une équipe de gens qui ont commencé comme nous, tout en bas. Si notre tournée marche à ce point, c’est aussi grâce à ces personnes ; c’est génial de vivre cette aventure avec elles. Nous faisons partie d’une famille qui nous ressemble, nous avançons dans le même sens. Nous avons été contactés par des producteurs qui voulaient transformer notre univers pour le rendre plus « bankable », nous avons entendu tout et n’importe quoi ! On ne peut pas plaire à tout le monde mais nous avons un univers que nous défendons. Pourquoi ressembler aux autres ? Nous prenons autant de plaisir à jouer qu’à écrire. »

Rendez-vous sur les planches …

Nous avons par conséquent percé le secret de la longévité des Bodin’s. Une authenticité sans failles et une patte bien particulière qui séduit toutes les générations et les publics. « Les personnages peuvent paraître un peu désuets, ringards mais ils sont très au fait de l’actualité. De nos jours, tout le monde est connecté à Internet, même au fin fond de la campagne. Chacun possède un avis sur le monde qui l’entoure dont Maria ! » confie Jean-Christian Fraiscinet. « Maria d’ailleurs plaît aux petits et aux grands parce qu’elle est très rock’n’roll ! » ajoute Vincent Dubois. « Notre spectacle est très populaire, nous l’actualisons beaucoup et là, avec les élections qui ont eu lieu, nous avons du boulot ; Maria a changé tout le cheptel ! Et puis, il y a les expressions qui sont la spécialité des Bodin’s et que le public adore. Par exemple, « le jour où les cons auront du flair, tu vas trouver des truffes » ou « à force de voir le pays prendre l’eau, les Français vont finir s’engager dans la marine ». Brigitte Macron ? Maria l’adore, c’est une copine à elle, elle a à peu près le même âge ! (Rires) Nous ne sommes jamais méchants, nous parlons de tout ce qui se passe avec bon sens, du style brèves de comptoir tu vois. C’est du théâtre, c’est burlesque, comique, avec des moments d’émotions. Et nous racontons toujours une histoire. Les gens, à la fin, viennent nous voir et nous disent « merci, ça fait du bien. »

… Ainsi que sur le petit écran

Le sympathique et décontracté entretien de trente minutes à Châteauroux touche à sa fin. Les Bodin’s vont se plier au jeu de questions-réponses d’un autre journaliste, prennent le temps de poser pour une photo souvenir réclamée par une admiratrice. Avant que nous traversions la frontière de l’Indre pour rentrer dans le Loir-et-Cher, nous grapillons quelques minutes supplémentaires pour connaître leurs futurs projets. Pour la suite, à quoi faut-il s’attendre ? « Nous serons en tournée jusqu’en avril 2019 et après, nous allons nous remettre à l’écriture d’un tout nouveau spectacle avec la mère et le fils. Nous avons également de plus en plus de projets TV qui se dessinent. Nous avons participé en mai sur France 2 au grand show de Laurent Gerra qui est un bon copain fan des Bodin’s et dont les Bodin’s sont fans ! On décline en fait les Bodin’s dans plein de formats différents, on a fait 2 films et à la rentrée, nous allons être présents dans l’émission de Michel Drucker tous les dimanches sur la 2. Les Bodin’s seront chez eux devant leur tv et commenteront ce qu’ils voient. » Nous n’avons pas envie de partir mais il faut déjà se quitter. Nous abusons une dernière fois : une anecdote croustillante pour conclure, les gars ? « Nous en avons des tonnes ! Attendez, ah si ! À Strasbourg, nous avons joué le lendemain d’un meeting de François Fillon. La veille, Fillon s’était fait enfariner, nous ne pouvions quand même pas manquer ça. Sur scène, Maria a enfariné à son tour un contrôleur sanitaire qui s’intéressait d’un peu trop près à ses fromages de chèvre. Les spectateurs ont immédiatement compris, pas la peine de mots ! » Inutile également d’en écrire davantage ; il suffit de se déplacer sur les quatre dates prévues au Mach 36 à Châteauroux du vendredi 15 au 17 septembre pour plonger dans ce monde « grandeur nature ».

Émilie Rencien

Outre la tournée, Vincent Dubois et Jean-Christian Fraiscinet seront présents le 22 juin à Saint-Michel-en-Brenne pour une séance de cinéma en plein air à la tombée de la nuit ; le site ouvre ses portes à partir de 19 h 30 ; concert à 20 h puis projection du film « Amélie au pays des Bodin’s ». Plus d’informations au 02.54.38.18.60 et aussi sur www.cœurdebrenne.fr

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