Buzançais donne l’exemple de la réhabilitation d’un centre-bourg


Régis Blanchet et Michèle Yvernault-Trotignon en pleine réunion de chantier rue Grande.

Deux ans avant le plan Mézard, Buzançais a commencé sa mue. Les travaux sont spectaculaires et la boîte à bonnes idées est ouverte. Avis aux Issoldunois, Castelroussins, Berruyers, Vierzonnais, ou Romorantinais.
Jacques Mézard, ministre de la Cohésion de Territoires, était à Châtellerault le 27 mars dernier pour présenter le plan national « Action Cœur de Ville » qui allait concerner 222 villes, parmi lesquelles Châteauroux, Issoudun pour l’Indre, Bourges et Vierzon pour le Cher ou encore Romorantin. Ces communes allaient se partager 5 milliards d’euros sur cinq ans afin de revitaliser leur centre ville en matière notamment de logement et de commerce.

Les commerçants devront s’armer de patience. Il faudra encore deux mois de travaux avant la livraison d’une rue Grande digne de ce nom.

C’est une opération du même type qui se met en place depuis deux ans à Buzançais. Le chef-lieu a bénéficié de 4 m€ de crédits sur six ans, mis à sa disposition par l’Agence Nationale pour l’amélioration de l’habitat (ANAH).
« Il s’agissait d’une opération pilote, rappelle Régis Blanchet, maire de Buzançais. C’est en 2014 que nous avons répondu à l’appel de manifestation d’intérêt. 500 dossiers ont été déposés, 350 considérés comme valables et 53 retenus. Le budget qui nous a été alloué nous a permis d’opérer un constat très fin de l’urbanisme et du logement de notre centre-ville, avec des cabinets spécialisés, afin de prendre les bonnes décisions. »
Buzançais, du fait de la destruction de son château à la fin de la Deuxième Guerre mondiale présente deux espaces parallèles : l’un très aéré, successions de places qui descendent vers la mairie l’autre un goulot correspondant à l’ancienne route nationale qui traversait les bras de l’Indre. Redonner du souffle à cette rue commerçante, enfin débarrassée de ses camions grâce à la création de deux rocades, nécessitait de faire se rejoindre ces deux espaces. C’est presque fait, grâce à la disparition de deux maisons, et bientôt trois lorsque le boucher sera installé dans son nouveau local, près de la place du marché aux légumes. La disparition des trois maisons ouvre non seulement la perspective mais crée un espace chaleureux pour des animations et manifestations devant la mairie et une place de marché à taille humaine.

Parallèlement au plan de rénovation Buzançais avait entrepris de reconstruire sa salle des fêtes. Elle pourra accueillir cinq cents personnes.

Une étude cadastrale très fine
Deuxième gros chantier, actuellement en cours, la réfection totale de la rue Grande dont les trottoirs avaient fondu au mythe du tout automobile et qui va redevenir un territoire pour piétons puisque la circulation s’y effectuera en sens unique montant dans sa partie la plus commerçante. Un plan façade est également lancé afin d’aider les propriétaires à rénover les façades de leurs immeubles au dessus des commerces.
Deux nouveaux commerces ont donné le coup d’envoi de la revitalisation. Pour Michèle Yvernault-Trotignon, maire adjoint qui a pris fermement en mains ce dossier « Nous faisons du sur-mesure, si chaque année nous parvenons à réinvestir trois commerces, cela fera quinze au terme du plan et le centre-ville sera sauvé. »
Pour les élus, réhabilitation des logements et réinstallation des commerces vont évidemment de pair. C’est l’accroissement de la population du centre-bourg qui permettra aux commerces de fonctionner.
Pierre Belsoeur


Des consignes froides pour les bons produits du marché

« A Buzançais, rappelle Michèle Yvernault-Trotignon, le marché a toujours eu lieu le vendredi. Pourtant avec le temps, les modes de vie ont changé, la plupart des femmes travaillent. Notre marché a donc perdu de son attractivité. Le déplacer ne constitue pas la bonne solution. Le samedi il se trouverait en concurrence avec Châteauroux et les commerçants choisiraient le marché de la préfecture de l’Indre. Mais nous avons eu une idée qui a séduit le ministère de l’innovation. Nous allons utiliser une cellule commerciale vide pour y installer une consigne froide. »
Une consigne froide comment ça marche ? Ça ressemble à une consigne de gare, mais techniquement elle est régulée à une température qui permet de conserver les produits frais. Pratiquement la ménagère qui n’a pas la possibilité de venir au marché se connecte sur un site dédié où elle peut passer commandes à ses commerçants habituels. Le paiement s’effectue par carte bancaire. Le commerçant prépare la commande, la place dans un sac au nom de la cliente. L’employé municipal qui joue le rôle de placier rassemble toutes les commandes et va les placer dans les fameux casiers. La cliente reçoit le numéro de son casier et le code permettant de le déverrouiller ce qu’elle peut faire le jour même, le lendemain ou même le dimanche.
L’installation d’une vingtaine de casiers de ce « drive rural » coûterait 40 000 € qui pourraient être subventionnés à hauteur de 60%.


Des logements pour les apprentis et stagiaires

Buzançais est sans doute une des rares communes de l’Indre à offrir plus d’emplois qu’il n’existe de salariés dans la commune. On vient donc de l’extérieur pour travailler à Buzançais, faut d’offre de logements suffisante, ou tout simplement parce que l’on ne souhaite pas habiter la commune. Les élus négocient des aménagements du PLU pour obtenir des terrains à bâtir, mais l’opération de rénovation du cœur de bourg doit aussi permettre d’offrir des logements confortables à ceux qui sont tentés par une installation à Buzançais.
Mais là encore où l’opération est intéressante c’est dans une offre de logements tout à fait particulière que présente Michèle Yvernault-Trotignon. « L’importance de la zone d’activité pose des problèmes d’accueil aux entreprises. Où loger les apprentis, les stagiaires, les étudiants en alternance qui pourrait être accueillis dans des entreprises locales ? Nous avons dans le cœur du bourg de grosses maisons, souvent inoccupées par des dizaines d’années car les héritiers vivent loin d’ici, que de générations en générations leur nombre s’est multiplié. Elles ne sont plus entretenues, invendables à un particulier. En revanche, avec nos financements et l’aide de l’UNHAJ (l’union nationale pour l’habitat des jeunes qui gère les foyers de jeunes travailleurs) nous pouvons créer dans ces maisons anciennes des logements modernes, bien équipés, meublés qui pourront accueillir les jeunes à des tarifs très modérés grâce aux aides au logement dont ils peuvent bénéficier.»