Chambord : Jean d’Haussonville, ou une page qui se tourne


Depuis un an au moins, il avait été annoncé que le directeur général du Domaine de Chambord, allait rendre son fauteuil. Sans acte concret, à tel point que tout le monde avait oublié que cela arriverait un jour. Ce mois de janvier 2023, c’est fait, l’homme est bien sur le départ. Il sera remplacé après le 20 janvier, par Pierre Dubreuil, actuel directeur général de l’Office français de la biodiversité (OFB).
Nous nous souviendrons de la déception de Jean d’Haussonville qui espérait être nommé au château de Versailles, prenant le relais de la présidente Catherine Pégard. Le poste, finalement, n’aurait pas été ouvert. Il n’empêche qu’à Chambord, depuis treize ans, son empreinte, positive, restera dans les mémoires. Son oeuvre est aussi longue que sa longévité à la tête de ce site d’exception du patrimoine français : création d’une grande promenade, ouverture des cuisines du château au public, inauguration d’une halle d’accueil de 500 mètres carrés, restitution de la place de village rénovée, fête des 500 ans et voyage de la pierre, événements pyrotechniques et concerts de stars internationales (Sting, Imagine Dragons), plantation de nouveaux pieds de vigne et du fameux Romorantin, création d’un chai royal, pour ne citer que quelques gros chantiers rondement menés qui ont permis grâce à M. d’Haussonville à Chambord de renouer avec son Histoire… La barre est haute pour son successeur, Pierre Dubreuil qui récupère les clés d’une maison (et même d’un château!) qui fonctionne avec succès. L’ancien élu, Patrice Martin-Lalande, par exemple, qui fut député de Chambord pendant presque 25 ans, longtemps membre du conseil d’administration et toujours membre du conseil d’orientation du Domaine national, a exprimé un « très monumental bravo et merci”, en ajoutant : “avec ses équipes, Jean a su imaginer de nouvelles traductions de l’éternel Chambord.” Et que va devenir M. d’Haussonville au passé de négociateur international et d’administrateur de biens culturels, 55 ans et père de quatre garçons ? Il pourrait reprendre sa carrière de diplomate, en Autriche, se murmurait-il. Il se raconte également, selon nos confrères du Figaro, que le Président de la République, Emmanuel Macron, aurait “une idée” pour l’ancien DG du pays de François Ier. Nul doute que Jean d’Haussonville, avec un tel CV, saura trouver nouvelle chaussure à son pied, dans un grand établissement culturel ou ailleurs ! Et pourquoi pas un ministère… ?

Avant de partir…
En attendant ces pages à écrire, concernant le Loir-et-Cher, Marc Fesneau, ministre de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire et Christophe Béchu, ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires ont décidé de lancer ensemble à Chambord une expérimentation sur l’évaluation de la conservation et la séquestration du carbone en forêt. Proposé par Jean d’Haussonville,le principe de cette dernière a été adopté par le conseil d’administration de l’établissement en décembre 2022, sous la présidence d’Augustin de Romanet, PDG du groupe Aéroports de Paris. Le caractère novateur de cette démarche tient à ce que l’évaluation et la valorisation du carbone se feront à l’échelle d’un massif forestier dans son entier en prenant en compte la préservation de la biodiversité, dans le but d’encourager une sylviculture mélangée à couvert continu. Le principe est d’amener les entreprises à rémunérer le service collectif rendu par une gestion plus vertueuse de la forêt. En juin 2022, Chambord avait en sus lancé un marché public pour « la mise en œuvre d’une méthode de génération de crédits carbone en forêt de Chambord et du grand parc de Rambouillet, afin de faire évoluer sa gestion forestière, de telle sorte que l’écosystème forestier dont il a la charge améliore durablement sa fonction de puits de carbone. » Il a été remporté par La Belle Forêt, une entreprise française co-fondée par Matthieu de Lesseux, ancien Président d’Havas France et de deux experts forestiers, Philippe Gourmain, ancien président des experts forestiers de France, et Aurélien Barthélémy. Un comité de suivi sera mis en place par le Domaine national de Chambord avec les ministères précités, l’Office National des Forêts et l’Office Français de la Biodiversité, pour examiner la mise en œuvre de cette méthode forestière.
É. Rencien