Châteauroux : L’aéroport Marcel Dassault voit très grand


Fin 2020, l’aéroport de Châteauroux-Déols disposera d’un hangar géant. Il n’en existe qu’une vingtaine dans le monde. La Région joue la carte de la plateforme aéroportuaire industrielle.
Au beau milieu de la dernière campagne des élections régionales, Guillaume Peltier n’avait pas de mots assez forts pour dénoncer les pauvres manoeuvres des socialistes. Il reprochait en particulier à François Bonneau sa promesse de création de hangar, sur l’aéroport. Promesse qui, selon lui, ne survivrait pas au temps de la campagne. Le président de région a eu la délicatesse de ne pas rappeler ces attaques politiques en présentant le calendrier du monument industriel qui va s’élever en douze mois sur l’aéroport Marcel Dassault. En fait, les socialistes ont été sensibles aux critiques de leurs adversaires et parlent désormais de «Cathédrale», pour ce hangar de 38m de haut, capable d’accueillir un A380 ou quatre A320 simultanément pour des opérations de maintenance. Défenseurs sourcilleux de la laïcité, ils ne sont pas allés jusqu’à baptiser campanile la nouvelle tour de contrôle, mais préfèrent parler de phare qui culminera, lui, à 42m.
François Bonneau a profité de l’énorme succès des championnats du monde de voltige aérienne pour annoncer la bonne nouvelle le 31 août. L’aéroport de la région Centre-Val de Loire avait été plébiscité après avoir accueilli ces championnats en 2015. En 2019 on est passé de 120 000 à plus de 150 000 spectateurs, démontrant, s’il en était encore besoin l’intérêt des habitants de la région pour l’aéronautique.

Une vocation industrielle
Le Centre-Val de Loire est la troisième région de France, après
l’Occitanie et la Nouvelle Aquitaine pour l’industrie aéronautique. La position géographique de Châteauroux rend illusoire toute implantation de lignes intérieures, les tentatives de liaisons vers Lyon, Nice ou Londres ont été abandonnées. Le trafic de voyageurs ne subsiste plus que ponctuellement vers la Corse et à partir de 2020 vers les iles Baléares. Le Fret, la formation des pilotes et le projet industriel sont donc les trois axes de développement possible pour l’aéroport Marcel Dassault.
La construction de ce hangar destinée à la maintenance aéronautique est donc un sacré coup d’accélérateur si l’on pense que les bâtiments actuels, utilisés notamment pour la déconstruction des avions et la peinture datent de l’époque de la présence américaine (au cours des années 50). L’investissement est à la taille de l’ambition régionale : 15M€ (en fonction du prix de l’acier ajoute prudemment le communiqué officiel). L’État prend à sa charge la reconstruction de la tour de contrôle pour 3M€.
La Région a gardé les rênes du projet de façon à impliquer le plus possible les entreprises locales dans cette construction que l’on doit à l’architecte toulousain Jaime Calvo. Des entreprises qui seront connues en décembre prochain. La pose de la première pierre interviendra au tout début du mois de janvier et le bâtiment devrait-être livré fin 2020.
«Ce sera le premier acte de notre démarche industrielle, a promis le président Bonneau ». La Région a constitué des réserves foncières pour construire d’autres bâtiments industriels afin d’offrir un service complet aux compagnies d’aviation. «1 200 avions sont construits chaque année, a rappelé Dominique Roulet, président de l’aéroport. Dans la plupart des cas ils sont loués pour une durée de 7 à 8 ans et doivent être totalement reconditionnés avant d’être remis en service. La marché est donc énorme.» L’intérêt suscité par le projet au dernier salon du Bourget démontre que la Cathédrale arrive au bon moment.
Les promoteurs du projet peuvent compter sur la vigilance de l’industriel castelroussin Jean-François Piaulet, fondateur d’Aérocentre, association destinée à pérenniser, développer et structurer l’industrie aéronautique en région Centre-Val de Loire. Ce dernier a interpellé le président Bonneau en fin de conférence de presse pour lui rappeler que ce hangar géant ne pouvait effectivement être que le premier acte de ce développement industriel. On connaît sa pugnacité et son talent de communiquant.
Pierre Belsoeur