Choussy : Une nouvelle association pour contrer un hypothétique méthaniseur


L’entité associative “Bien vivre à Choussy et ses environs” est toute jeune, puisqu’elle est officiellement née le 24 mars 2023. Son premier combat ? Anticiper et bloquer une installation de production de biogaz en ruralité. Aucun projet n’est pourtant déposé, selon le Smieeom Val de Cher Controis, syndicat mixte intercommunal d’enlèvement et d’élimination des ordures ménagères.
L’époque est à la contestation, d’autant plus dans les campagnes qui ne souhaitent pas toujours voir leurs clochers bouger. À Choussy, ce n’est pas une histoire de plateforme logistique, d’éolienne, ou de panneaux photovoltaïques ,qui angoisse. À Choussy, près de Contres et de Couddes, c’est la possible implantation d’un potentiel méthaniseur qui agace. L’association “Bien vivre à Choussy et ses environs”, présidée par Jean-Claude Dumez, aux côtés du vice-président, Jean-Louis Veiluva, qui se présente comme “pour la protection de l’environnement, des paysages et des infrastructures des communes de Choussy, Couddes, Saint-Romain-sur-Cher, Thésée, Le Controis-en-Sologne/Contres, Monthou-sur-Cher, Thenay, Oisly, ” et “contre les atteintes et nuisances qui pourraient leur être portés” (*), créée depuis fin mars, a souhaité d’emblée alerter ce printemps la population sur ce dossier qu’elle juge “aberrant et industriel”. Ce projet, qui planerait sur la commune de Choussy, serait celui de la sortie de terre d’un méthaniseur porté et financé par la société CVE Biogaz, sise à Marseille. Il pèserait 12 M€ et serait calibré à 26 000 tonnes d’intrants qui seraient déversés dans la structure, annuellement. Pour rappel, la méthanisation est une technologie d’énergie dite verte, basée sur la dégradation de matières organiques par des micro-organismes, en conditions contrôlées et en l’absence d’oxygène, selon la définition de la Dreal Centre-Val de Loire, direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement. Suite à ce processus de dégradation de déchets organiques, résidus agricoles, et / ou effluents d’élevage, sont obtenus du biogaz revendu, ainsi qu’un digestat qui peut être valorisé et épandu sur des terres agricoles en remplacement d’engrais chimiques.

«On n’en veut pas» versus « rien n’est acté »
“On n’en veut pas à Choussy! Nous ne voulons pas devenir la poubelle du département”, a-t-il été martelé par l’auditoire assez garni lors d’une réunion publique organisée dans la salle communale de ce village le 4 avril. Samuel et Hubert Marseault, agriculteurs sur Couddes, à la tête d’une exploitation de 130 vaches laitières et qui ont installé sur leur ferme un méthaniseur depuis déjà douze ans, ont tenté de tempérer le propos de l’association jugé parfois militant. “Il faut dédramatiser. Il n’y a pas de risque d’explosion ni d’incendie. Pas de nuisances olfactives, et quand on vit à la campagne…Les digestats ne polluent pas; c’est contrôlé, analysé au mètre carré.” Ce à quoi le président Dumez a rétorqué avec passion, répétant : “Oui, mais pour Choussy, le projet sera industriel, loin de l’économie circulaire ! Il y aura beaucoup de va-et-vient de poids-lourds ! Pourquoi Choussy ? Parce qu’on pense qu’un petit village va moins protester ? Nous ne sommes pas contre la méthanisation mais contre la localisation, près d’une forêt. Nous défendons notre cadre de vie!” Précisons qu’aucun dossier n’a encore été déposé, aucune enquête publique n’est en cours ; signalons aussi qu’une délibération votée en conseil municipal de Choussy s’est positionnée fin 2022 contre un méthaniseur sur ses terres. Éric Martellière, le président du Smieeom Val de Cher Controis, confirme. «Il n’y a rien de fait ! Il n’y a pas d’engagement signé. La commune n’est pas encore choisie, » indique l’élu qui précise. «CVE Biogaz est une société qui possède 100 millions d’euros de fonds propres, qui a les reins solides, et qui s’intéresse au Loir-et-Cher depuis 1998. Le projet de méthanisation de nature privée, s’il existe un jour, partirait sur 18 000 tonnes de matières ainsi traitées par an, on peut aller jusqu’à 26 000 T. Depuis septembre 2022, en toute transparence, cela a été présenté aux élus. Oui, ces derniers ont visité un site CVE à Fontainebleau, le maire de Choussy était du voyage. Oui, le Smieeom mettra un site à disposition si cela est conclu, contre un loyer payé au syndicat par CVE. Cela peut être très intéressant pour le Smieeom qui, demain, va devoir gérer le traitement supplémentaire des biodéchets, pour répondre aux obligations qui nous sont fixées par l’État. Encore une fois, le lieu n’est pas arrêté, Choussy fait partie des pistes, c’est tout. Je peux comprendre les gens qui ne sont pas pour et je veux bien reconnaître que le point noir peut être le trafic de camions supplémentaires; CVE nous paierait un loyer donc et s’engagerait à l’entretien des voiries. La communauté de communes du Val de Cher Controis a certes inscrit dans son PCAET (plan d’actions climat-air-énergie territorial), un méthaniseur, mais nous n’avons pas encore dit oui, rien n’est acté ni signé ni décidé ! » En somme, s’affoler pour rien ? Quoiqu’il advienne, l’association “Bien vivre à Choussy” maintient le fait qu’elle “souhaite anticiper” pour éventuellement mieux contrer, et connaît déjà le chemin des recours possibles le cas échéant.
É. Rencien
(*) Elle soutient de manière solidaire une autre association, A2PCS (pour la protection et de mise en valeur du patrimoine de Sassay et des communes impactées), qui lutte actuellement contre trois éoliennes qui pourraient s’installer sur une parcelle privée sur le Controis-en-Sologne. Contact association “ Bien vivre à Choussy” : bvce@laposte.net.