Quelle angoisse, quelle montée d’adrénaline, quel choc visuel violent en entrant dans ce grand magasin de produits frais et autres victuailles de Blois en constatant l’une des promotions (?) du jour, bien mise en valeur colorée, en hauteur. Les deux kilogrammes d’oranges à 150 euros! Il est bien loin de là, de cet étal, le panier anti-inflation tant vanté par le gouvernement pour lutter contre la vie chère, ladite inflation aussi rampante que sournoise et le pouvoir d’achat qui va plus diminuant que grimpant. Une seule virgule manque à l’appel et tout est perturbé. Heureusement qu’en petit, il est bien précisé «soit 0,75 euro le kg». Mais l’âge étant là et la vue baissant aussi vite que la retraite a sonné depuis plus de 15 ans, le doute s’installe dans l’esprit du consommateur lambda qui comprend qu’une partie de sa pension mensuelle va être sacrément amputée s’il veut se payer une orange ou, au plus, un jus. De plus, quel aurait été le chiffre de vente de ce produit ensoleillé s’il n’y avait pas eu promotion? Et à ce prix fort, pas question d’en apporter un filet à une connaissance en séjour à la maison d’arrêt du secteur…Ça ferait chère la visite. Toujours est-il qu’aussitôt interpellée, la responsable du magasin a vite compris la situation ubuesque. Un coup de gros feutre a, de suite, appliqué une virgule de taille au bon endroit, entre le 1 et le 5, ce qui a remis, de suite, les informations en place, les pendules à l’heure et les euros dans le porte-monnaie du client. Maintenant, on est prêts à accepter, toutefois, ce prix de vente, dès que la réforme prônée par le gouvernement fera bondir le cours des retraites, ou même des salaires, sans virgules, aussi! Le pari vaudrait la peine d’être tenté.
Jules Zerizer
