Controis / Romorantinais : Le réchauffement climatique, plus un gros mot en Loir-et-Cher ?


PCAET. Comprenez Plan Climat Air Énergie Territorial. La Communauté de communes du Val de Cher Controis ainsi que celle du Romorantinais et du Monestois (CCRM) se préparent. Les deux entités ont dressé début octobre, chacun leur tour, un premier bilan tout en lançant respectivement des consultations publiques.
Avant toute chose, il convient de planter le décor : le PCAET, révisé tous les six ans, se présente comme un projet territorial de développement durable, introduit par la loi de transition énergétique pour la croissance verte. Sa particularité est de s’appliquer à l’échelle d’un territoire intercommunal (de plus de 20 000 habitants), avec la mobilisation de tous les acteurs (entreprises, associations, citoyens…). En Loir-et-Cher, la Communauté de communes du Val de Cher Controis a débuté l’ouvrage PCAET il y a deux ans, en octobre 2018. Un séminaire des élus s’est tenu en novembre 2018; un club climat a vu le jour en février 2019 et un diagnostic carbone fut établi en mai 2019. “Il faut rendre notre territoire plus attractif, réfléchir, accompagner“ a souligné Jean-Luc Brault, maire de Contres et président de l’intercommunalité précitée, accompagné du vice-président communautaire Jean-François Marinier en charge du développement durable. “Il faut par exemple d’ici 2030 atteindre la neutralité carbone et réduire d’ici 2050 de 70% les gaz à effet de serre. Ce plan est de plus un vrai outil participatif pour l’éolien. C’est à la fois une obligation et une opportunité. Nous avons six ans pour développer ce projet. Il sera réussi grâce au concours de chacun, à l’instar de la fable du colibri…” Ce “beau bébé avec des papas, les élus, et des mamans, les citoyens”, selon la désignation indiquée lors d’une récente réunion publique – proposée en comité restreint (mais parfois véhément et pas toujours d’accord dans les rangs citoyens) lundi 5 octobre dans les murs de l’espace Beaumont de Chémery et également devant un ordinateur en session visio accessible à distance (coronavirus oblige) – s’épanouit autour de six axes d’action thématiques (bâtiment et habitat, mobilité et transports, économie locale, agriculture et consommation, nouvelles énergies renouvelables, gouvernance et animation) et 3 familles d’acteurs mobilisés via 27 actions (particuliers, communes et institutions, entreprises et monde économique). Une consultation du public est ouverte jusqu’au 30 octobre en ligne sur https://pcaet.val2c.fr/

Les citoyens inclus, l’éolien prisé
En Sologne, le travail a débuté dès 2017 et possède des trames d’accointances avec le Val de Cher Controis. Dès mars 2017, en effet, la CCRM a décidé d’engager l’élaboration de ce plan identifié PCAET. Un an plus tard, le bureau d’études AD3E Conseil aura été retenu. Puis entre mars 2018 et décembre 2019, élaboration, diagnostic, partage des constats, concertation et séminaire des élus, auront rythmé le cheminement. Le confinement de ce printemps 2020 aura retardé ces avancées, reportant le dépôt du dossier prévu en mai. Un chargé de mission a dans la foulée été recruté; un visage connu car il s’agit d’Alain Beignet, ex-maire PS de Lamotte-Beuvron et ancien conseiller régional, très à même des questions environnementales (sur son cv, il fut notamment président de la commission biodiversité, développement durable, environnement et Loire au Conseil régional). “Nous devons adapter le territoire de la CCRM aux enjeux climatiques et développer plus d’énergies renouvelables,” ont précisé mardi 6 octobre le maire de Romorantin, Jeanny Lorgeoux, président de la CCRM, et le vice-président de cette même CCRM en charge de l’environnement, des mobilités et de la transition écologique, Cédric Sabourdy (ce dernier est par ailleurs le nouveau président du syndicat mixte d’aménagement du bassin de la Sauldre, NDRL). “Nous accusons une forte dépendance aux énergies fossiles avec des gaz à effet de serre et des polluants atmosphériques principalement dûs aux transports et résidentiels, mais notre territoire affiche du potentiel pour l’éolien, en dépit du fait que les projets à Maray et Saint-Loup-sur-Cher se sont trouvés interdits par la préfecture du Cher puis du Loir-et-Cher. La filière bois énergie et la géothermie figurent aussi dans les pistes potentielles. Nous avons donc mis à jour des pistes de travail sérieuses (mobilité, hydrogène, géothermie, rénovation énergétique, prévention des déchets, patrimoine public, etc.); au total, cinq orientations stratégiques déclinées à travers 37 actions. Ce plan est à valider d’ici la fin de l’année.” Ainsi, afin de poser une dernière pierre à l‘édifice PCAET engagé pour 2021-2026, et éventuellement le faire évoluer, ici également, une consultation est ouverte jusqu’au 10 novembre; le public peut soit se connecter sur www/ccrm41.fr/pcaet pour accéder à l’ensemble des documents puis déposer ses propositions en envoyant un courriel à pcaet@ccrm41.fr. Pour celles et ceux qui préfèrent le papier, les avis peuvent en sus être déposés sur le cahier mis à disposition à l’accueil de la médiathèque Jacques-Thyraud de Romorantin aux heures habituelles d’ouverture. En résumé, la politique de l’autruche recule face au réchauffement climatique que certains évènements dramatiques (les crues et inondations d’octobre dans le Sud-Est de la France, entre autres catastrophes) rendent sans doute plus tangibles, et dans le même temps, le colibri déploie ses ailes… Du nom de la légende amérindienne, racontée par l’agriculteur et essayiste Pierre Rahbi, qui narre qu’ “un jour, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu !  » Et le colibri lui répondit : « Je le sais, mais je fais ma part. » ¨Parce qu’on ne change pas le monde seul et surtout, que les petis ruisseaux nourrissent les grandes rivières …

É. Rencien