Dans le Cher, le canal de Berry a soif


Vannes coupées et poissons pris en otage. Pour économiser la ressource en eau face à la sècheresse installée, ce mois de juillet aura été marqué par la coupure de l’alimentation du canal de Berry depuis l’Yèvre. Le phénomène sera-t-il récurrent à l’avenir ? Les acteurs concernés réfléchissent déjà au jour d’après.

L’Europe et la France écrasées par la chaleur et les restrictions d’eau malgré les orages, on a tout dit ou presque, sur les actuels méfaits du climat. Presque mais pas tout à fait. On oublie souvent, dans la description du désastre, le canal de Berry (18 kilomètres dans le Cher, 42 km dans le Loir-et-Cher, sans oublier l’Allier, NDRL) qui s’assèche peu à peu. « Le seul qui n’a plus d’étang réservoir pour l’alimenter », précise André Barre, le président, inquiet, de l’Arécabe (association pour la réouverture du canal de Berry). Salué par la presse comme sauveteur du « Cher », le dernier bateau « berrichon », Monsieur Barre a, cette fois-ci, plus de mal à se faire entendre. Inquiets aussi, les pêcheurs vierzonnais qui viennent, avec l’aide des pouvoirs publics de sauver une partie des poissons, prélevés dans le canal et transportés dans les rivières. Il ne s’agit évidemment pas de protester devant les mesures prises dans l’urgence : « Nous sommes en période de sécheresse, il faut réduire nos consommation d’eau » commente Mireille Charby (Arécabe). Pour Véronique Fénoll, présidente du Syndicat du canal de Berry, il n’y a pas, dans l’immédiat, d’autre solution. Conséquence : le canal risque d’être à sec 48 h après l’interruption de l’alimentation. Mais paniquer ne sert à rien, c’est à l’avenir qu’il faut penser. Et pour cela rappeler l’importance patrimoniale du canal de Berry, ses rigoles et ses étangs, les chemins de halage partiellement arborés et aussi le souvenir de tous ces gens, nos ancêtres, qui ont creusé, construit le grand fossé puis transporté, dans des conditions que l’on jugerait aujourd’hui indignes, le minerai de fer, les produits pétroliers, le charbon, les matériaux de construction, les bois, les engrais et les produits alimentaires, etc. Le canal devrait être entretenu comme les châteaux et des églises, témoins du passé. Aujourd’hui « le canal à vélo » ouvre de nouveaux horizons touristiques. Ce n’est pas le moment de flancher. Asséché provisoirement pour préserver le niveau des rivières n’est pas la première fois, le fossé s’en remettra (voir : www.arecabe.org/la-navigation). Mais pour l’avenir, le débat est ouvert. Selon André Barre, il faudra prendre en compte, « le projet global de l’alimentation en eau et la continuité du canal, l’investissement serait de 110 millions d’euros ». Possible, sans doute, avec un plan de financement étalé sur plusieurs sources et plusieurs années. A revoir à l’automne.

Bernard Épailly