Deux mille êtres vous manquent et l’Indre est dépeuplée


Les nouveaux chiffres de la population et la mise en place du nouveau recensement mettent les élus de l’Indre en ébullition. Et si ils étaient responsables de cette baisse.

Rien de nouveau sous le soleil de l’Indre. A chaque recensement la tendance est à l’érosion. Habituellement les maires se rassurent comme ils peuvent en comparant leur baisse à celle des voisins. On mélange allègrement le résultat sec et celui qui prend en compte les doubles comptes et on promet de faire mieux la prochaine fois. Et puis patatras, cette fois-ci l’Indre perd 2000 habitants… à peu près le chiffre de baisse de la population de Châteauroux. L’explication selon laquelle la population de Châteauroux vient grossir les communes suburbaines ne tient plus. L’agglo elle aussi perd de la population. Et Issoudun n’est pas mieux loti.

Face à la maladie il y a deux solutions : soit on s’ingénie à faire baisser la fièvre, soit on casse le thermomètre. C’est la posture qu’a pris André Laignel, maire d’Issoudun en refusant d’organiser le recensement dans sa commune. Acte provocateur, avec le sens de la communication qui le caractérise.

Le maire d’Issoudun estime que la méthode utilisée pour les villes de plus de 10.000 habitants (recensement chaque année de 8% des logements) a pour effet de sous estimer la réalité. Mais c’est le propre des statistiques de procéder à une extrapolation à partir de données. Simplement, et c’est aussi vrai pour les sondages d’opinion, ceux qui en contestent les résultats sont ceux pour qui ils sont les plus défavorables.

Jean-François Mayet ne s’est pas fait prier pour célébrer la remontée de la population en 2011 qui franchissait de nouveau la barre des 45.000 habitants. Une remontée attribuée, c’est logique, à la politique municipale en faveur de l’emploi, car l’emploi est le premier élément qui peut attirer une famille dans un territoire ( ce qui n’est pas une donnée constante quand on voit le nombre de cadres qui viennent en célibat géographique travailler dans l’Indre). Le projet de zone Haute Qualité environnementale d’Ozans appartient également à cette logique.

La faute aux militaires

Alors oui la fermeture d’une entreprise est un coup dur, d’abord pour les salariés qui perdent leur emploi, et ensuite pour la ville où ils habitent. Et Châteauroux n’a pas été épargné au cours des dix dernières années. En terme de mouvement de population cependant, cela n’entraine pas fatalement un départ, en particulier si le conjoint du nouveau chômeur reste salarié.

Et c’est là que le récent débat, lors du conseil départemental entre le président Descout et sa minorité, est intéressant. Au président qui défendait son budget primitif en se félicitant de la bonne gestion de son équipe qui réussissait à continuer d’investir sans augmenter les impôts, Jean-Claude Blin (conseiller socialiste) répliquait en mettant en avant la baisse régulière de la population de l’Indre, une baisse liée, à son avis au manque d’attractivité du département. Son collègue Michel Bourault enfonçait le clou en expliquant qu’accumuler les excédents budgétaires n’était pas une politique satisfaisante : « Si on n’a pas d’aides spécifiques pour les créations d’emplois on ne peut pas lutter avec Lyon, Nantes ou même Tours.»

Ce que n’osent pas dire les élus, qu’ils soient de droite ou de gauche, c’est que la baisse de la population de l’Indre a une cause supplémentaire : le départ des militaires du 517e régiment du train. Ce régiment, installé en 1998 sur la base de la Martinerie et qui faisait suite à plus de quarante ans de présence militaire – dont celle des américains de 1951 à 1967 qui allait sacrément booster l’économie de l’Indre- apportait à l’agglomération castelroussine mille cinq cents emplois militaires ou civils. Or, lorsque l’on ferme une base militaire, les militaires ne restent pas sur place en attendant de retrouver un emploi. Ils partent vers leur lieu de mutation et leurs familles les rejoignent.

Les élus se félicitent d’avoir retrouvé une utilité rapidement aux territoire et bâtiments libérés par l’armée. Mais combien ont-ils créé d’emplois en substitution des 1500 évaporés.

Avec le recul de l’analyse démographique on apprécie la catastrophe que constitue pour l’Indre la fermeture de la base militaire, la faiblesse de la mobilisation des élus pour empêcher cette fermeture… Et lorsque l’on écoute les candidats à l’élection présidentielle qui se proposent de rétablir une forme de service militaire, on se dit que l’on n’a même plus de caserne dans l’Indre pour accueillir les appelés.

Pierre Belsoeur