Dôme à Beauval, bientôt des jardins à Chaumont : pas d’ennui en Loir-et-Cher !


 Les vacances scolaires sont arrivées et les sites touristiques ne mollissent pas pour proposer toujours plus d’opportunités d’évasion sans bouger du département. Une offre pour les petits mais aussi les grands.

Plus de 2 000 plantes, 200 espèces, une vingtaine de bassins, deux ans et demi de travaux, une forêt tropicale et surtout un dôme bioclimatique de 38m de haut qui aura accueilli plus d’un millier de visiteurs samedi 8 février pour son ouverture. En chiffres, le zoo de Beauval pèse une nouvelle fois lourd ! Et même si le ciel est parfois encore gris du fait d’une météo fluctuante, le mois de février fait rayonner la famille Delord : Delphine, la fille à la direction de la communication, Rodolphe, le fils, directeur du zoo bâtisseur ; Sophie, la belle-fille aux ressources humaines ; et pour le plus grand bonheur de ses fans, Françoise, la mère, créatrice du zoo de Saint-Aignan-sur-Cher il y a quarante ans (mais est-il besoin de le rappeler ?). À l’intérieur, la température flirtant avec les 28 degrés de manière constante, (les verres ayant été traités en conséquence, plus légèrement pour ceux au Sud par exemple, NDRL) donne des envies de vacances : cela tombe bien, il est possible de s’évader grâce à cette nouvelle installation qui permet de passer de l’Afrique à l’Amérique du Sud par exemple, sans bouger du Loir-et-Cher. Nous sommes bien loin de l’atmosphère angoissante du “Dôme” de Stephen King ! À Saint-Aignan, dans le dôme de Beauval, on entre par un tunnel un chouilla sombre mais pas de monstre vicieux tapi dans l’ombre. Ici, il fait chaud et tout le monde sourit. La famille Delord, encore une fois, en premier. “Nous avons souhaité faire rêver nos visiteurs,” confirme d’ailleurs Delphine Delord, pendant que des singes pointent leurs museaux dehors, derrière elle. “Comme notre mère qui sans un sou avait pourtant fait un pari fou il y a 40 ans, nous sommes nourris par les projets. Ce qui nous intéresse, c’est bâtir, construire, et faire participer le public à notre folie.” “Nous croyons beaucoup au tourisme intérieur,” complète Rodolphe Delord. “Lorsque l’on parle de 85 millions de touristes en France, je trouve ce chiffre faux car bien souvent, les touristes transitent juste d’aéroports en aéroports. La saison touristique s’étale en outre beaucoup plus désormais sur toute l’année. Nous avons aussi à cœur de faire appel à des entreprises locales. Sur le dôme, nous avons embauché des sociétés de Selles, Saint-Aignan, Noyers, Châtillon-sur-Cher, etc. De Nantes également. ” L’architecte est local en sus, un fidèle de tous les chantiers beauvaliens, le romorantinais Daniel Boitte. En parlant de travaux, fait du hasard, nous croisons justement Dimitri qui a quitté son habit de chantier pour une sortie en famille avec sa compagne et ses deux enfants souriants. “Je suis chef de chantier. Nous avons géré le gros œuvre. Le sol sur lequel vous marchez, c’est notre entreprise Viano BTP à Châtillon-sur-Indre (36) qui l’a fait !” Nous discutons de plus avec Léo, 18 ans, qui vient de faire une photo souvenir avec Françoise Delord. “Je suis un grand fan ! J’habite en région parisienne et je viens au zoo de Beauval une dizaine de fois dans l’année. Les espaces sont magnifiques.” Même son de cloche enthousiaste chez Françoise, une habitante, retraitée de 70 ans, de la vallée du Cher, fort sympathique et ayant le sens de l’humour. “Mon âge ? J’ai quitté mon année érotique ! (Rires) Sinon, cette ouverture le 8 février du dôme, je ne l’aurai manquée pour rien au monde. Je suis allée visiter le zoo de San Antonio aux États-Unis, ainsi que d’autres parcs animaliers ailleurs, et je peux vous certifier que Beauval est unique ! Je sais bien que Rodolphe a déjà d’autres idées en tête…” Sur ces échanges, nous poursuivons notre visite : dragons de Komodo, amphibiens, reptiles, poissons multicolores, chauves-souris, singes écureuils, loutres géantes… Nous retrouvons les lamantins ; nous avions vu arriver l’un d’eux de Berlin en décembre 2019. Nous nous en souvenons car le transporter du camion vers son bassin n’aura pas forcément été aisé étant donné le poids du mammifère (près d’une tonne). Ce dernier, porté par une équipe de soigneurs aguerris, aura réalisé par accident une petite glisse en splash sur le sol avant de pouvoir nager sans accrocs dans l’eau. Plus de peur que de mal. Oui, nous ne l’avions pas rapporté jusqu’ici simplement parce que comme nous l’avions écrit précédemment, toutefois, aucun animal, y compris celui-ci, n’aura été au final blessé dans le déménagement maîtrisé. Apercevant la sortie, nous nous remémorons un détail : seules les harpies féroces n’ont pas encore pris leurs quartiers dans ce dôme d’envergure. Ce nom vous interpelle ? C’est le plus grand et plus puissant rapace du monde vivant en Amérique Latine. En quittant le dôme, nous songeons alors que côté humain, chacun en connaît et les harpies humaines sont sans doute plus féroces que ces aigles !

Le printemps en avance

Passée cette boutade griffue, direction une parenthèse apaisante, loin des tensions, c’est-à-dire une balade au jardin. Et quel lieu plus adéquat que Chaumont-sur-Loire pour se couper du monde tout en s’émouvant et s’emballant poétiquement ? Il faudra encore un peu patienter mais le domaine régional prend de l’avance en dévoilant en primeur un avant-goût de printemps. Son festival international des jardins permettra un retour aux sources ou plus précisément, à la terre mère. Vous l’aurez compris, c’est la thématique qui rythmera l’édition 2020 qui débutera le 23 … avril. Patience, nous le répétons, mais pour celles et ceux qui bouent et trépignent déjà en ce mois de février, la directrice du domaine de Chaumont, Chantal Colleu-Dumond a révélé, lundi 3 février à Orléans, les graines semées qui germeront dans deux mois. “Dans l’Antiquité grecque, la Terre Mère, Gaïa, Déesse mère personnifiant la terre fertile, donnant la vie, était, comme la Parvati hindoue, infiniment respectée. Dans la frénésie de la mondialisation et le développement exponentiel de sociétés tournées vers leur “croissance”, le lien humain se distend, le lien à la terre également, et devant le réchauffement climatique, il existe alors deux chemins possibles. Soit on tombe dans le catastrophisme et repli sur soi, soit au contraire, on recherche des solutions. À Chaumont, nous avons opté pour la deuxième route !” Soit au total une vingtaine de jardins pour réfléchir à l’avenir et autant de scénarios d’alternatives et d’espérances végétales originaires de France, de Belgique, du Mexique, de l’Inde, de Chine, d’Italie, du Brésil, etc. Des arbres au sol qui repoussent, des bâtons de graines emplis de promesses de vie, la tristesse du béton face à la puissance joyeuse du naturel, etc. Avant l’avènement des beaux jours, un soir de tempête orléanaise, Chantal Colleu-Dumond a annoncé également une nouvelle saison d’art (avec une quinzaine d’artistes et autant de styles : les cristaux d’eau signés Léa Barbazanges, les paysages de Philippe Cognée vus derrière la vitre d’un train, la bibliothèque de merveilles végétales de Makota Azuma, et caetera) qui débutera quant à elle le 28 mars. La directrice a ainsi conclu : “Chaumont-sur-Loire, c’est une expérience multi-sensorielle. C’est le bonheur donné de s’émerveiller, à qui sait le voir…”

Émilie Rencien