Elections – La campagne des Législatives est partie


Dans le Cher, Emmanuel Macron assure en ville avant un « 3e tour » délicat

Comme partout ou presque dans l’Hexagone, le duel Macron-le Pen de ce deuxième tour a tourné en faveur du premier cité dans le Cher. Et, comme lors du premier tour, c’est encore dans la campagne, là où les incidents et autres incivilités sont les moins prégnantes, que le vote frontiste a été le plus important. La preuve en est avec plus de 200 communes en faveur du leader d’En marche contre moins de 80 pour la représentante de l’Extrême droite. Au premier tour, 201 communes avaient placé le FN en tête. Il semble que, même s’il s’est parfois avéré, discuté et discutable, une forme de front républicain a tout de même partiellement fonctionné.
Cependant, si les plus grandes villes ont plébiscité l’ancien ministre de l’Économie, leurs bassins de vie ont parfois laissé place à leurs rancœurs et autre sentiment d’abandon des politiques « classiques ». On retrouve ainsi des villages comme Saint-Georges-sur-la-Prée ou Saint-Hilare-de-Court, dont les maires sont ouvertement à gauche, qui placent Marine Le Pen en tête avec, respectivement, 53,14 % et 53,78 %. On notera cependant un cas d’égalité parfaite à Saint-Saturnin. Là, chacun a obtenu 117 voix pour un taux d’abstention qui atteint quasiment les 29 %. A Contres, là où le Front National avait réalisé l’un de ses plus petits scores, le capital voix a doublé et on réalise que, sur de petits nombres, le transfert des voix est efficace : au premier tour Le Pen et Dupont-Aignan avaient obtenu chacun une voix. Là, le FN en a deux pour un taux de 10 %  pour une participation à plus de 95 % (21 votants sur les 22 inscrits)…
Voilà qui augure d’une élection législative compliquée pour les députés sortants, ou leur remplaçant, puisque si Nicolas Sansu, dans la deuxième circonscription, et Yann Galut, dans la 3e, sont sur la ligne de départ d’une nouvelle élection, Yves Fromion a laissé sa place à  Wladimir d’Ormesson dans la 1ère circonscription.

Beaucoup de candidats déjà en campagne

Dans la 1ère circonscription, celle qui est résolument un bastion de la droite depuis des décennies, on est désormais certain d’assister à des duels fratricides entre gens de même sensibilité, arbitrés par un FN qui n’a pas besoin de faire campagne pour jouer les cartes du populisme et de la peur de l’autre. D’une part, pour le moment, on aurait Wladimir d’Ormesson, adoubé par Yves Fromion, chez les LR et Laurent Sorcelle pour l’UDI. D’autre part, Frédéric Renard, pour la France Insoumise, et Marie-Christine Baudouin pour le PCF.  Si on ajoute Céline Bezoui (PS), cela fait déjà trois candidats pour la gauche. Pour venir troubler le jeu, la candidature, au centre, de François Cormier-Bouligeon, sous le sigle de La République en marche peut pomper un peu de l’électorat hésitant à droite. On se retrouve avec, aussi, trois candidats sur le même créneau. Resterait alors, campé sur rien, mais seul, la candidature d’un représentant du FN.
On a su trouver des accords pour la deuxième circonscription. Accord entre LR et UDI, d’un côté pour privilégier la candidature de Sophie Bertrand (LR). Accord entre PCF et FI, pour permettre la candidature unique du député sortant Nicolas Sansu (PCF). Mais comme le PS a maintenu Agnès Sinsoulier-Bigot, comme la République en Marche jouera l’option opposition municipale à Vierzon avec Nadia Essayan et que le FN s’appuie sur une base étonnante à défaut de compétence, il faut être bien malin pour envisager le deuxième tour. Une quadrangulaire est même possible. C’est dire !
Yann Galut (PS) le sortant de la 3e circonscription est lui aussi dans une situation où il lui faut composer.  Face à lui on aura  un duo de droite, Olivier Béatrix (UDI) et Louis Cosyns (LR), une paire à gauche avec Jean Riffet (FI) et Magali Bessard (PCF), une paire aux deux extrêmes, Eric Bellet (LO) et Jordan le Goïc pour l’extrême droite ( pour l’heure, le portail internet du parti de Marine Le Pen n’indique qu’un seul candidat désigné). Une présence plus que logique puisque c’est dans ce secteur que le FN a réalisé d’excellents résultats à l’occasion des dernières  présidentielles. A ceux-là vient s’ajouter l’électron libre Samuel Vaison (SE)…
Les sortants vont avoir du pain sur la planche pour convaincre et les nouveaux arrivants pas mal de boulot pour montrer que, pour ces législatives, on est bel et bien dans un troisième tour de présidentielles.

Fabrice Simoes


Qui passera la barre des 12,5% dans l’Indre ?

Le nombre des finalistes dépendra de la mobilisation des électeurs. La recomposition du paysage politique change la donne. Gauche et droite ne passeront pas automatiquement le seuil de 12,5% des inscrits.

Avant c’était relativement simple. Au terme du premier tour les candidats de droite (souvent UMP) et de gauche (généralement socialistes) terminaient loin devant leurs adversaires. En 2012 au premier tour Chanteguet captait 46,95% des suffrages devant Jolivet à 30,20% dans la première circonscription, Bruneau 40,12% précédait Forissier 34,46 % dans la seconde. Des pourcentages par rapport aux suffrages exprimés, certes, mais qui dépassaient évidemment les 12,5% des inscrits nécessaires pour se présenter au second tour.

La variable FN base de l’équation

En 2012 onze candidats se présentaient aux suffrages des électeurs de la première circonscription. On retrouvera à peu près le même nombre de candidats le 11 juin et pourtant tout a changé. Le parti socialiste ne fait plus la course en tête devant l’UMP devenu Les Républicains. Le FN est plus que revenu sur leurs talons et passera vraisemblablement la barre des 12,5% même avec un candidat parfaitement inconnu. Derrière lui on trouve Les Républicains divisés entre Paulette Picard, candidate officielle, et François Jolivet beaucoup mieux implanté en zone rurale. Une situation idéale pour Jean-Paul Chanteguet ? Oui mais. Le PS n’a plus le vent en poupe, Michel Sapin n’est plus à ses côtés comme suppléant (il reconnaît avoir eu la crainte de présenter la candidature de trop, après des années de succès) et puis la présence d’une candidate « La République En Marche » parfaitement inconnue, le privera néanmoins d’électeurs de centre-gauche. Seule nouvelle positive pour le sortant dans cette analyse, la dynamique Mélenchon est cassée par le désaccord entre le Front de gauche et La France insoumise.
Le duel FN-Chanteguet serait donc inéluctable au second tour ? Oui si les électeurs qui ont voté pour l’extrême droite ne prennent pas en compte la personnalité et la proximité des candidats. La droite peut juste rêver d’imposer une triangulaire… qui changerait totalement la donne au second tour, mais l’irruption de l’incohérent Des Gachons risque de lui retirer ses dernières chances.
Tout dépend donc de la participation. Avec 80% de votants (le score de la présidentielle) il faut obtenir 15,6% des exprimés, mais en 2012 la première circonscription n’avait voté qu’à 59% et la barre de l’élimination était alors à 21,1% des suffrages exprimés.

Une revanche attendue

Dans la deuxième circonscription la situation est un peu moins compliquée pour les deux finalistes de 2012. Leurs candidats à la présidentielle ont été sèchement éliminés et le FN est arrivé en tête à Issoudun, mais la candidature de Yann Dubois de la Sablonnière risque d’être plus préjudiciable au FN qu’à Nicolas Forissier. Malgré la cristallisation du vote en faveur de l’extrême droite autour de Levroux et Valençay, la présence du FN au deuxième tour n’est pas inévitable.
Désignée par « La République en Marche », Sophie Guérin, chef d’entreprise et maire de Heugnes aura besoin de la dynamique du mouvement pour faire sa place au soleil, le Modem, dont elle est membre, avait recueilli moins de 2% des voix dans cette circonscription. Sa présence au deuxième tour serait une énorme surprise… tout comme l’élimination précoce d’Isabelle Bruneau, députée sortante. Mais leurs sorts sont liés.

Pierre Belsoeur


François Jolivet investi par La République en marche

Coup de théâtre à quelques jours de la clôture du dépôt des candidatures pour les élections législatives Elodie Farman a annoncé qu’elle renonçait à se présenter aux élections pour des raisons personnelles. Parfaitement inconnue du monde politique départemental, la jeune femme, ingénieur agricole qui s’occupait d’un centre hippique à Migné, faisait partie de la première liste des investitures de «La République En Marche» rendue publique le 11 mai pour la première circonscription de l’Indre.
François Jolivet, candidat de la droite face à Jean-Paul Chanteguet voici cinq ans, n’avait pas obtenu l’investiture du parti « Les Républicains » qui avait réservé cette circonscription  à une femme Paulette Picard.
Il se présentait donc en candidat libre. Sa jeunesse, 51 ans, son ouverture d’esprit, toutes les sensibilités sont représentées au conseil municipal de Saint-Maur, et la nomination d’un premier ministre issue des rangs du parti « Les Républicain s», en faisaient un candidat logique pour s’inscrire dans la majorité ouverte souhaitée par le président de la République. Il figurait lundi soir sur la liste officielle de « La République En Marche ».
Pas de changement du côté de la gauche. La dernière tentative du « Front de gauche », sous la forme d’une lettre ouverte envoyée aux candidats de « La France Insoumise » a reçu une fin de non recevoir. Les deux formations auront donc chacune leurs représentants dans les deux circonscriptions.

P.B.