Emmaüs dans le Cher : « On continue pour ne pas subir mais agir »


Profitant d’un grand week-end de vente sur le site de La Chapelle Saint-Ursin près de Bourges, Philippe Salvetti, président du conseil d’administration de l’association Emmaüs du Cher fait un point sur ce qu’est Emmaüs aujourd’hui dans notre département.

«Je suis désolé mais avec ce week-end très agité et important je suis accaparé par des réunions et visites et je ne pourrai pas être avec vous très longtemps : vous avez néanmoins mon accord pour visiter et discuter avec nos compagnons et bénévoles puisque vous connaissez les lieux… ». Philippe Salvetti faisait référence à une visite précédente du « Petit Berrichon » voilà une bonne année où nous avions noué une cordiale amitié et avions été subjugué par le souci de proposer aux visiteurs de la qualité dans des lieux aménagés avec soin. Pas de fourre-tout chez Emmaüs, on trie, on range, on dispose, on répare mais dans un souci de rendre accessible à tous, meubles, vêtements, livres, jouets, électroménager, vaisselle, rétro… Se côtoient sur le site, bénévoles et compagnons ; tous fidèles à cet appel de leur fondateur l’Abbé Pierre pour la solidarité et aujourd’hui, le mouvement Emmaüs reste sur le terrain un acteur majeur de la lutte contre la précarité. C’est aussi parce qu’il préserve son indépendance financière, ce qui l’oblige néanmoins à rester performant économiquement, en particulier en renforçant le fonctionnement des groupes et en créant des synergies internes et des partenariats. L’objectif est de rendre leur dignité aux plus démunis en leur permettant de retrouver confiance en eux par l’expérience du collectif. Par leurs efforts, grâce à l’activité de récupération, de réemploi et de revente des objets, ils assurent ensemble, tous les besoins de la communauté : se nourrir, dormir, s’habiller, se laver et participer à la vie sociale. Emmaüs est un mouvement dans lequel forts et faibles s’unissent pour permettre à ceux qui, seuls n’ont plus la force de se remettre debout et qu’à leur tour, ils puissent en aider d’autres. Le décor institutionnel planté mais bien ancré dans l’esprit du fondateur, nous sommes allés à la rencontre de bénévoles et compagnons. Au détour de notre visite, nous avons poussé la porte de la menuiserie où la rencontre avec Marcel, compagnon depuis des années, nous a apporté comme un souffle vivifiant de ce qu’est un compagnon qui vit dans l’esprit,  en mettant ses compétences au service de l’intérêt collectif : «  je suis compagnon depuis onze ans et ici je répare, transforme le bois car c’est un matériau que j’aime. Vous savez, on dit souvent que le bois vit et respire et c’est vrai ; c’est une matière noble et j’adore ce que je fais. Rien n’est perdu, j’arrive toujours à  réparer… » L’atelier menuiserie ébénisterie de Marcel recèle bien des richesses. Des commodes remises à neuf en récupérant des tiroirs, montants ou autres sur de vieux meubles cassés ou usagés. Donner une seconde vie aux objets et aux produits voués à la destruction ; voilà bien un principe de développement durable qu’Emmaüs pratique depuis son origine et que notre société n’a redécouvert que depuis quelques années, alors comme le père fondateur d’Emmaüs osons dire : On continue.

J.F.