Emploi : offre et demande qui « matchent », une perle rare ?



La reprise, la croissance, tout le monde en parle. Les chiffres semblent confirmer une tendance positive côté emploi en tout cas. Des initiatives naissent et certains secteurs semblent plus porteurs que d’autres. Même si employeurs et candidats peinent toujours à se rencontrer.

Avec BMO, Pôle Emploi anticipe

Bonne nouvelle, l’économie française semble reprendre des couleurs. Du moins si l’on en croit les indicateurs sur lesquels on peut compter. L’enquête BMO que mène chaque année Pôle Emploi en est un. Les intentions d’embauche n’ont jamais été aussi haute : +17 % par rapport à l’année dernière, c’est près de 64 000 personnes qui pourraient ainsi trouver un emploi ou en changer.
Commençons par les chiffres qui fâchent. Le taux de chômage en Région Centre-Val de Loire s’élevait à 8,3 % au quatrième trimestre 2017. Certes, c’est un point de moins en un an, mais cela représente encore 219 000 personnes, dont 126 230 n’ont exercé aucune activité durant l’année ! Rappelons que la population de notre région tend à croitre, ce qui est une bonne nouvelle en soi, mais qui n’arrange pas les chiffres du chômage. « Pourtant, expliquent tous les spécialistes, et les chefs d’entreprises eux-mêmes, il est difficile de recruter, faute de compétences adaptées, dans un bassin d’emploi, trop pauvre dans certaines activités ».

Plus de 6 000 projets dans le Blésois
L’enquête dite BMO, Besoin en Main d’œuvre, fait la lumière sur les intentions des chefs d’entreprises pour l’année à venir. 63 842 ont été sollicités par courrier ou internet, 16 643 ont répondu, ce qui constitue un panel représentatif des entreprises de la Région Centre. Les intentions d’embauche sont clairement en hausse : +17 % par rapport à 2017, historique depuis 2002. C’est donc 68 000 offres d’emploi qui seront proposées cette année, 10 000 de plus que l’an passé. Un quart des entreprises de la Région envisagent un recrutement, dont 58 % dans les services aux particuliers et aux entreprises, 17 % dans l’agriculture et l’agro-alimentaire, 15 % dans l’industrie manufacturière et le commerce. Le Loir-et-Cher suit à peut près la ligne régionale. 9 800 offres seront à pourvoir cette année dans le département, principalement des postes de viticulteurs et arboriculteurs, des agents d’entretien et des ouvriers non qualifiés. A noter que dans le bassin d’emploi de Vendôme, on annonce 1 540 projets d’embauche, dont des professionnels de l’animation. Dans le Blésois, 6 500 projets, et 1 800 dans le Romorantinais, souvent de maraîchers.

Couvreur mon amoouuur !
Si vous êtes couvreur et disponible, vous ne devriez pas le rester longtemps. Selon l’enquête BMO, c’est la qualification la plus convoitée. Si l’on regarde ensuite les volumes de demandes, ce sont les agents d’entretien de locaux, y compris les ATSEM pour l’enseignement, qui viennent en tête des recherches. Ils sont suivis des aides à domicile, des employés polyvalents de cuisine, des manutentionnaires, aides-soignants et attachés commerciaux. A bien y regarder, pas de grand changement par rapport à la précédente enquête. Pourtant, pour 48 % de ces projets de recrutement, les chefs d’entreprises savent que ce sera difficile, voire pour certains, mission impossible. « Et ce n’est pas qu’une question de formation », explique Virginie Coppens-Menager, la directrice territoriale de Pôle Emploi. Pénibilité, horaires, localisation, image de la profession (l’industrie par exemple peine encore à se forger une image attrayante malgré ses efforts de communication). Les facteurs de recrutement deviennent de plus en plus complexes. « Pôle Emploi met donc l’accent sur l’accompagnement des entreprises, poursuit Virginie Coppens-Menager, essentiellement les TPE et PME qui n’ont pas les services RH rompus à cet exercice. Ils sont 160 conseillers en Région Centre pour cela. L’idée n’est pas de trouver le diplôme, mais la compétence transférable d’un emploi à l’autre », dit-elle. Pour cela, l’embauche par simulation ou par immersion devient la règle. Tout essayer, tout faire pour que les chefs d’entreprises trouvent la perle qui devient trop rare. A cet exercice, Pôle Emploi s’affiche en expert du recrutement avec un taux de réussite de 90 % pour les offres qui lui sont confiées. Les recrutements se font généralement en moins de 38 jours ! Pourtant, les chefs d’entreprises pestent souvent, reprochant à l’agence nationale de ne pas les comprendre. Beaucoup cherchent alors de leur côté, par des sites privés comme Monster, Indeed et même Le Bon Coin ! Ce que l’on sait moins, c’est que ces sites d’offre convergent tous sur www.pôle-emploi.fr qui les administre ! Au total, pour la seule Région Centre-Val de Loire, 280 000 offres sont en ligne sur pôle-emploi.fr, dont 144 000 exclusives de l’agence publique. Seulement 4,7 % d’entre elles sont abandonnées, faute d’avoir trouvé chaussure à leurs pieds. « L’enquête BMO est un outil de projection et d’aide à la décision pour les achats de formation, explique encore Virginie Coppens-Ménager. On anticipe grâce à ces données, ce que seront les recrutements de l’année ». Un travail de fourmi qui mobilise une partie importante des effectifs pour tenter de satisfaire les demandeurs d’emploi et les entreprises.
Stéphane de Laage
Pour tout savoir de l’enquête : www.bmo.pole-emploi.org


La charte entreprises-quartiers, une chance pour les jeunes


Sept entreprises ont signé le document aux côtés de Julien Le Goff, secrétaire général de la préfecture de Loir-et-Cher, lundi 16 avril au Lab d’Agglopolys à Blois. Explications.
Cette charte a pour objectif de donner une chance aux jeunes de quartiers prioritaires en facilitant leur accès à l’emploi. Et cela à travers de trois leviers : l’orientation et l’éducation scolaire, la mise en place de dispositifs pour l’emploi et la formation, et l’aide au développement économique. « Les services de l’État espèrent que cette démarche développera la responsabilité sociétale des entreprises engagées », a rappelé Julien Le Goff. Auchan, SNCF, Delphi, Humanis, La Poste, Patàpain ou encore la Banque populaire comptent parmi les signataires de ces conventions. Agglopolys, la Ville de Blois et le Medef ont souhaité s’associer à la démarche, à travers la signature d’une charte des partenaires associés, qui a pour objet la promotion du dispositif. « Les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) à Blois connaissent des écarts socioéconomiques importants et persistants par rapport au reste de l’agglomération », a tenu à rappeler Marc Gricourt. Pour le maire de Blois, « c’est dans ces quartiers qu’il y a le plus à faire, et c’est pour cela que nous menons, avec les services de l’État, une politique volontariste en direction des publics situés dans ces secteurs, en ciblant particulièrement l’éducation et l’orientation, l’emploi et le développement économique. » En complément des moyens importants déployés par l’État dans ces quartiers, les entreprises sont également mobilisées. S’ils ne sont que sept à Blois, une soixantaine d’entreprises se sont engagées et ont signé des chartes « entreprises et quartiers » à l’échelon national.
ARP


Le numérique, riche gisement d’emploi


Impression 3D, réalité virtuelle, objets connectés… Les nouvelles technologies prennent une place de plus en plus importante dans notre quotidien. Pour permettre aux Loir-et-Chériens de comprendre leur fonctionnement et anticiper sur les métiers de demain, des ateliers thématiques ont été proposés lors de la première « Semaine du numérique » début avril sur notre territoire.
« C’est à une transformation de la société tout entière par le numérique que nous assistons depuis quelques années », assure Thomas Prigeant, directeur de la mission locale du Blaisois. Et celui-ci de détailler : « tous les métiers sont concernés, du public au privé, du tourisme au transport en passant par le commerce, la santé, même le plus traditionnel comme l’agriculture et l’industrie sont fortement impactées. » Pourtant, il est souvent difficile pour les collégiens, lycéens, étudiants ou demandeurs d’emploi de décerner les débouches proposés par le digital et d’orienter leur parcours dans cette direction. « C’est pourquoi cette semaine du numérique concrétise notre volonté et matérialise nos démarches pour sensibiliser ces publics aux enjeux et aux opportunités du numérique sur notre territoire », ajoute M. Prigeant.

En boîte…
Blois, Mer, Vineuil, Contres, Vendôme et Romorantin ont ainsi accueilli, du 9 au 14 avril, la « boîte à outils numérique ». « Il s’agit d’une approche unique d’accompagnement au changement imaginé pour engager un public composite dans la transformation numérique à travers des ateliers ludiques et interactifs pour découvrir et expérimenter les nouvelles technologies », rappelle Axelle Fierville, médiatrice numérique. Le concept se matérialise à travers un parcours de six ateliers pour comprendre comment fonctionne la réalité virtuelle, mixte ou augmentée, la stéréoscopie (photographie en relief), l’impression 3D, les drones, la robotique ou encore les objets connectés. Par petits groupes de 8 à 12 personnes, les participants plongeaient dans le monde digital lors de parcours ludiques de quarante-cinq minutes. Ils avaient également accès aux fiches métiers et formations existantes en région Centre-Val de Loire. Pour information, cette première semaine du numérique a été porté par le Service public régional d’orientation (SPRO) du Loir-et-Cher avec l’appui de la Région et d’Agglopolys et le concours de l’entreprise Delphi, dans le cadre d’un plan d’action sur l’activité des métiers et de la formation dans le numérique.
ARP

Le numérique en région Centre-Val de Loire
4 648 entreprises, principalement basées dans le Loiret et en Indre-et-Loire.
20 000 emplois.
3 grands secteurs : matériel, logiciel, services.
43 000 étudiants.
6 900 diplômés par an.


Teinte plus sombre pour l’industrie


Dans ce flot de bonnes nouvelles, quitte à paraître rabat-joie, il faut néanmoins citer les pertes d’emploi qui s’annoncent, notamment du côté de la société Carrier (équipements aérauliques et frigorifiques) à Romorantin. La direction du site solognot a annoncé mi-avril la fermeture du site d’ici cet été, laissant au moins 90 salariés sur le carreau. Après le séisme Matra en 2003 (et ici, d’autres travailleurs mis à la porte, toujours en lutte qui repasseront devant la cour d’appel de Bourges le 29 mars 2019), l’industrie montre sa préférence pour des terres plus à l’Est (République Tchèque et Hongrie dans le cas de Carrier). La CGT avait alerté sur cette imminente cessation d’activité il y a environ un mois et malheureusement, l’information devient réalité. Le 1er avril, notre poisson désopilant (toujours disponible à la lecture, en ligne sur
www.lepetitsolognot.fr et www.le-petit-blaisois.fr) titrant « l’entreprise Caillau va déménager en Pologne » n’était qu’une boutade qui, espérons-le, ne restera qu’un trait d’humour. Même si la CGT, là encore, nous a confirmés cette prédiction dans les 5 ans à venir, avec sérieux…
Une arrivée néanmoins réjouissante
Pour clore sur une note optimiste, le groupe Les Sources de Caudalie s’implante à Cheverny. « L’entreprise bordelaise, spécialisée dans les soins et cosmétiques, va en effet massivement investir dans le château du Breuil et promet une expérience touristique unique autour du bien-être et de l’œnotourisme, » a révélé le président du Conseil départemental, Nicolas Perruchot, en mars. A suivre….
E. Rencien