Exercice attentats au Mach 36. Circulez y’a rien à voir !


Châteauroux

Les Miss peuvent défiler en paix, la police veille. Ou tout au moins, elle est capable de réagir le plus efficacement possible en cas d’intrusion armée au Mach 36.

« On apprend toujours de ses erreurs ». Il n’y a pas que les entraineurs de foot pour utiliser cette formule. La préfecture de l’Indre, tirant les leçons d’un exercice anti-terroristes sur lequel la communication avait été vacillante, avait invité la presse la semaine dernière pour suivre un exercice similaire au Mach 36.

Cette fois on n’avait pas fait appel à des gendarmes pour jouer les figurants à l’intérieur de la salle de spectacle, mais à de « vrais gens » qui avaient garé leurs véhicules sur le parking. Les forces de l’ordre devaient donc tenir compte de ces obstacles normaux caches possibles à terroristes. Le scénario débutait par l’attaque d’une patrouille de police à l’extérieur de la salle de spectacle par deux hommes encagoulés, mais les choses devenaient très vite dramatiques puisque les terroristes, sans doute plus nombreux que les deux identifiés au début de l’opération, allaient tuer 26 spectateurs, en blesser très gravement 20 autres, plus légèrement 25, 133 étant récupérées indemnes.

Face à un tel carnage il faut coordonner l’activité des forces de sécurité, police et gendarmerie, et des services de secours. Coordonner, mais d’abord acheminer les forces en question puisque des gendarmes d’Issoudun et des policiers de la Brigade de recherches et d’intervention d’Issoudun sont venus prêter main forte à leurs collègues castelroussins. Les problèmes de compatibilité des radios des uns et des autres ont été réglés depuis un premier exercice qui avait mis en évidence cette anomalie aux conséquences qui pourraient s’avérer dramatiques.

Mais ce qui était également essentiel dans cet exercice c’était de coordonner les secours. D’abord pour les pompiers d’utiliser les équipements de protection de façon à intervenir dans des zones non sécurisées. Ensuite utiliser les centres de soins, en l’occurrence l’hôpital de Châteauroux, la clinique Saint-François et l’hôpital du Blanc en organisant l’accueil des blessés en fonction de leur degré d’urgence. Des évacuations qui impliquent la sécurisation des itinéraires et une identification précise des personnes prises en charge.

Démarré à 17h30 l’exercice s’est achevé vers 23h, heure où le Mach 36 a pu fermer ses portes.

Et les journalistes dans tout ça ? Invités à se rassembler à 16h30 sur un lieu bien identifié, pour être pris en charge par un représentant des forces de l’ordre, ils ont patienté une heure avant d’aller, faute de voir arriver cet interlocuteur, rechercher des éléments d’information auprès des premiers acteurs de l’exercice. Tout cela pour s’entendre dire qu’ils devaient patienter hors de la zone d’exclusion. Cela, ils l’avaient déjà compris lors de l’exercice d’Issoudun. Courageux, mais pas téméraires, ils n’iront pas se jeter sous les balles des terroristes si par malheur un tel attentat devait se produire pour de vrai. Il y a d’ailleurs de fortes probabilités que des journalistes se trouvent dans la salle s’il s’agit d’un spectacle.

Alors à quoi bon faire comme si on souhaitait les associer à un exercice et les informer, tard dans la soirée d’une réunion de débriefing, le lendemain matin. Débriefing exclu par le préfet de l’Indre lors de son bref échange avec la presse sur le terrain, la veille au soir. Avec leur optimisme congénital, les journalistes osent espérer que les pouvoirs publics feront mieux la prochaine fois.

Pierre Belsoeur